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BI : Tableau profite des efforts de rationalisation des entreprises
Si les dirigeants de Tableau partagent l’analyse de Gartner en matière de BI et d’analytique, ils observent également une rationalisation du nombre d’outils chez les clients.
Dans son dernier rapport consacré à l’informatique décisionnel, le cabinet de recherche Gartner met surtout en avant deux tendances majeures : les nouvelles fonctionnalités d’analytique augmentée et de BI embarquée.
Tableau suit de près ces tendances, y participe même selon François Ajenstat, Chief Product Officer de l’entreprise rachetée par Salesforce.
« Tableau fait partie des acteurs qui ont changé le marché, mais il y a toujours des problèmes d’adoption dans le domaine de la BI », constate-t-il.
Pour améliorer la compréhension des visualisations de données, l’éditeur entend renforcer ses capacités de data storytelling. Pour cela, elle a fait l’acquisition de Narrative Science, un spécialiste du NLG (Natural Language Processing) dont le rôle est de générer automatiquement des explications textuelles sur les visualisations à partir des données. L’éditeur pourrait aller encore plus loin.
« À l'avenir, l’obtention d’indicateurs à la voix avec des technologies comme Alexa ou Google Assistant permettra d’augmenter le niveau d’adoption de la BI », prédit François Ajenstat.
Si Einstein Voice Assistant a été tué dans l’œuf en juillet 2020, l’éditeur poursuit ses travaux pour proposer de produits exploitant la technologie speech to text.
La BI embarquée est-elle synonyme d’enfermement propriétaire ? Non, dit Tableau
D’autre part, Le CPO estime que « les métiers ne doivent plus aller à la BI, mais la BI doit venir à eux ». « La BI doit devenir plus proactive et intégrée dans les applications. Notre présence dans l’écosystème Salesforce nous permet de nous intégrer à des outils utilisés quotidiennement par les métiers ». Pour l’instant, ces intégrations concernent majoritairement Slack, mais Tableau et Salesforce poursuivent depuis deux ans les intrications de leurs produits respectifs.
Une inquiétude point à l’horizon : est-ce que Tableau continuera à exister en dehors de l’écosystème Salesforce ? « A 100 % », répond tout de go François Ajenstat. « Tableau continuera d’exister à l’extérieur de Salesforce parce qu’il y a des données partout. Cela ne change pas ».
D’ailleurs, le responsable évoque le cas d’une assurance qui embarque des tableaux de bord en marque blanche créés avec Tableau dans les outils des agents.
« Mais quand vous avez Salesforce, nous débloquons des fonctionnalités spécifiques parce que nous connaissons les applications et les domaines », ajoute-t-il.
Les autres priorités de Tableau ? L’intégration des services d’IA Einstein dans Tableau, et améliorer encore et toujours les capacités de data management.
Il ne s’agit pas de remplacer les data catalog et autres MDM en place de longue date dans les entreprises. « La majorité de ces produits ciblent des responsables techniques. Nous, nous voulons proposer des fonctionnalités similaires pour les métiers et les analystes, intégrées dans leurs outils décisionnels », avance François Ajenstat.
« Nous pouvons intégrer par API les données des data catalogs dans Tableau et pousser les données de Tableau dans ces outils », précise-t-il.
Comment Tableau profite de la consolidation des plateformes BI
Un autre phénomène occupe les équipes commerciales de Tableau. Outre la passage accéléré vers le cloud des solutions BI, François Ajenstat observe une rationalisation en cours pour privilégier un plus petit nombre de logiciels au sein des organisations.
« Pendant longtemps, la majorité des grands groupes internationaux ont eu 12 à 20 logiciels BI différents. C’est typique », estime-t-il. « Ces deux dernières années, nous avons observé une consolidation : au lieu d’avoir 12 applications BI, certaines entreprises en ont entre trois et cinq ».
Cette consolidation passe souvent par le choix d’une plateforme principale, puis de solutions complémentaires pour des usages spécifiques, selon le Chief Product Officer.
« C’est un grand défi pour les entreprises. La pandémie a provoqué une accélération de ce phénomène, pour répondre à des besoins de transformation numérique et de réduction des coûts », continue-t-il.
« Cela a été déterminant pour notre activité. Plus de transformation numérique veut dire plus de données et donc plus d’utilisateurs », remarque le dirigeant.
Cela tombe bien, l’éditeur facture sa solution au nombre de sièges occupés par les utilisateurs de ses différents produits.
Au premier trimestre fiscal 2019, clôturé à la fin du mois de mars de cette même année, Tableau avait généré 282,5 millions de dollars. En juin 2019, Salesforce annonçait l’acquisition du spécialiste de la BI. Si le géant du CRM n’a pas dévoilé les résultats de Tableau en 2020, il l’a fait pour le Q1 2022, clôturé le 30 avril 2021. Résultat, le chiffre d’affaires de l’entité s’élevait à 394 millions de dollars sur cette période, en augmentation de 38 % par rapport au Q1 2020. L’éditeur de solutions BI a généré 3 milliards de dollars sur l’année fiscale 2021, contre 3,8 milliards de dollars au cours de l’exercice financier 2022 sur un total de 26,5 milliards de dollars pour le groupe Salesforce.
Cette croissance n’est pas sans contrepartie. C’est aussi pour cette raison que les dernières mises à jour en date de Tableau vise à apporter davantage d’outils et de capacités pour les équipes IT amenées à administrer des parcs de déploiement de Tableau de plus en plus importants.
Un phénomène qui concerne tous les acteurs du marché
Tableau n’est pas le seul à profiter de ce phénomène de consolidation.
Tracy Daugherty, Directeur de Quicksight chez AWS, a observé à peu de choses près le même phénomène en lien avec la migration des applications vers le cloud. Baptiste Jourdan, Chief Revenue Officer chez le Français Toucan Toco, remarquait en février 2022 auprès du MagIT que bon nombre des déploiements de la technologie de « Guided Analytics » se font en complément ou en remplacement des solutions BI tels Power BI, Tableau, Qlik ou encore Microstrategy.
Mais à ce jeu de la consolidation, le grand gagnant serait Microsoft, selon Gartner. C’est l’éditeur qui rassemble le plus grand nombre d’utilisateurs.
« La croissance massive du service cloud Microsoft Power BI s'est poursuivie [en 2021], alimentée en grande partie par l'offre groupée de ce produit avec Office 365 (via la licence E5) dont le prix a fortement baissé », écrivent les auteurs du Magic Quadrant 2022 de Gartner.
Et s’il y a toujours de la place pour les offres spécifiques et les startups, les analystes observent que la concentration des fonctionnalités d’analytique, de traitement de données, de visualisation ou encore d’intelligence artificielle risquent de provoquer des « collisions ».