Dataiku : ses partenaires et le cloud, des leviers de croissance essentiels
L’éditeur américain d’origine française a su se faire une place de choix sur le marché de la data science. Il lui reste toutefois une marge de progression importante. Selon l’entreprise, la stratégie consiste à se faire connaître des clients, à maintenir les bonnes relations avec les fournisseurs de cloud et faire des intégrateurs des ambassadeurs auprès des grands groupes.
« Nous avons plusieurs catégories de partenaires, plus ou moins poreuses », affirme Frank Baudet, Vice-président partenariats et alliances EMEA chez Dataiku. « Nous avons beaucoup travaillé avec les GSI ces dernières années tels Capgemini et Deloitte, Tata Consulting Services ou bien Wipro », poursuit-il. « Nous œuvrons avec les cabinets de conseil et les revendeurs, comme Keyrus avec qui nous avons des relations importantes en France, en Espagne, en Israël, au Royaume-Uni, à Singapour et aux Etats-Unis ». Puis, il y a les partenaires technologies, AWS bien évidemment, ou encore Snowflake.
Avec chacun de ces « types » de partenaires, Dataiku développe une stratégie commerciale distincte. Certains de ces partenaires sont également clients de l’éditeur, d’autres offrent DSS, la plateforme de data science de Dataiku, à la revente. « Ce que nous proposons principalement, c’est la dimension “sell with” ou la vente en collaboration. Nos partenaires peuvent avoir des intérêts différents des nôtres, mais ces intérêts s’alimentent les uns les autres », précise le vice-président des partenariats. Souvent, une combinaison de partenaires est engagée autour du projet d’un client.
L’un de ces intérêts n’est autre que le cloud. « Selon Gartner, les entreprises effectueront plus de la moitié de leurs dépenses IT dans le cloud d’ici 2025. Nous voulons faciliter la vie de nos clients et les accompagner dans leurs évolutions vers le cloud », assure Frank Baudet.
Accélérer les déploiements sur AWS
C’est dans ce contexte que Dataiku a annoncé en mars la disponibilité de No Code Cloud Stack Accelerator, une offre censée accélérer le déploiement de Dataiku DSS sur les instances AWS de ses clients. L’objectif ? Réduire le temps de déploiement se comptant habituellement en jour, voire en semaine à quelques heures. Pour les entreprises qui feraient le choix du cloud au lieu des instances on-premise, cela leur épargnerait plusieurs mois d’attente avant de recevoir les serveurs.
Pour installer la solution, les administrateurs doivent d’abord configurer les permissions nécessaires à travers les services IAM et VPC d’AWS. Ensuite, les administrateurs peuvent charger le template de Fleet Manager depuis la console de CloudFormation. Fleet Manager est l’outil de déploiement, de mise à jour, de configuration, de gestion des backups et des restaurations développé par Dataiku, embarqué dans la console AWS. Puis, l’administrateur définit les options de la stack cloud, c’est-à-dire les ressources allouées aux futures instances Dataiku.
Couplé au système de « blue prints » d’AWS, Fleet Manager inclut quatre templates de déploiement. Le premier sert à déployer un nœud unique de design et ne nécessite pas la licence de la plateforme, il permet de la tester dans le cadre d’un essai gratuit. Le deuxième supporte également un nœud unique de design, mais permet la montée à l’échelle offerte par Kubernetes. Il réclame la licence Dataiku Cloud Stacks.
En sus de l’élasticité, le troisième template inclut le déploiement des trois nœuds nécessaires au fonctionnement en production de la plateforme (nœud design, nœud de déploiement et nœud d’exécution). Dans ce cas, les licences Cloud Stacks Business et Enterprise sont requises. Enfin, le quatrième template ajoute un nœud consacré à la collecte de logs et à l’administration de l’audit. Ce déploiement « Full Fleet » nécessite la licence Cloud Stacks Enterprise.
Une fois le déploiement initial réalisé, Fleet Manager permet d’ajouter de nouveaux rôles en appelant les modules du IAM et du VPC d’AWS, d’installer de nouvelles instances en choisissant la version de la plateforme souhaitée, d’opter pour le chiffrement des données ou non, ou encore d’administrer les points de restaurations. L’éditeur considère que la gestion des rôles et des déploiements supplémentaires peut être menée par les administrateurs de la plateforme. La promesse est de libérer les admins cloud des tâches les moins essentielles, tandis que les data scientists peuvent créer des pipelines ML impliquant les services d’AWS. « Une fois que Dataiku est sur AWS, l’intérêt c’est qu’il est possible de construire et de déployer des modèles avec SageMaker, par exemple… mais depuis Dataiku », indique Frank Baudet.
Dataiku compte sur son écosystème de partenaires
Si l’éditeur dispose d’une offre SaaS managée depuis peu (Dataiku Online), cette solution tend à prouver que la majorité de son activité repose sur la vente de licences. Même s’il recule d’année en année, ce modèle économique est pleinement supporté par les fournisseurs de cloud, les intégrateurs et les cabinets de conseils. D’autant que les clients peuvent acheter les licences depuis la marketplace d’AWS avec les crédits correspondant à leur contrat annuel ou tri annuel avec géant du cloud. En l’occurrence, Dataiku propose une licence à partir de 80 000 dollars par an sur les places de marché des trois fournisseurs cloud. Ce coût est prévisible : pas de surprise de ce côté-là. Ce que doit apporter un outil comme Fleet Manager, c’est une meilleure maîtrise des coûts relatifs à la consommation de ressources IT depuis les services cloud d’AWS, selon Frank Baudet.
Pour l’instant, No Code Cloud Stack accelerator est exclusif à AWS, puisque Fleet Manager repose en grande partie sur les services du fournisseur de cloud. Dataiku n’a pas encore annoncé d’équivalent pour Google Cloud Platform ou Microsoft Azure. « Nous ne pouvons pas exclure qu’une solution similaire soit proposée sur les autres hyperscalers au vu de l’intérêt que No Code Cloud Stack accelerator représente pour les clients », avance Frank Baudet.
Pourrait-on voir une offre similaire débarquer sur un cloud européen comme OVHcloud, Scaleway, T-Systems ou 3DS Outscale ? « Nous travaillons avec eux, certains sont clients. Et l’on pourrait se poser la même question concernant les fournisseurs de cloud asiatique tels Alibaba », indique le vice-président des partenariats et des alliances. « Mais nous nous concentrons nos efforts sur les trois acteurs principaux, sans forcément exclure les autres acteurs ».
Frank BaudetVice-président, partenariats et alliances, chez Dataiku
Et si ce type de solution peut être proposé par les partenaires, Dataiku maintient son activité de vente directe. « Il faut à la fois travailler avec les partenaires et aller voir les clients directement », estime Frank Baudet. Pour autant, ces acteurs bien installés génèrent un « effet de levier indéniable ». « Dataiku demeure relativement “petit” : il y a encore beaucoup de projets de data science dans lesquels nous ne sommes pas impliqués. Nos partenaires, bien implantés auprès des clients, nous permettent de remonter des besoins. Ils sont aussi des influenceurs importants et les architectes des déploiements », indique-t-il.
L’année dernière, cette stratégie a porté ses fruits. L’éditeur a vu son chiffre d’affaires grimper de 60 % en 2021. Dataiku revendique désormais un revenu annuel récurrent de 150 millions de dollars. Pour rappel, la société était valorisée 4,6 milliards de dollars lors de sa levée de fonds en série E, en août 2021. Le nombre de collaborateurs a doublé en un an, pour dépasser la barre symbolique des 1 000 salariés. En mars 2022, l’entreprise a recruté un Chief Financial Officer, Adam Towns, ex-CFO de Sisense (un spécialiste de la BI). Elle liste plus de 450 clients, 45 000 utilisateurs, un millier par compte en moyenne.