Le Core RH tire aussi la croissance du SIRH (Workday)
Les DRH regardent vers le Talent Management. Mais d’après Workday, ils reviennent aussi au Core RH et à la paie. Ces fondations indispensables à la gestion des talents ne seraient en effet pas aussi solides que cela dans les entreprises.
La croissance du marché du SIRH dans les prochaines années devrait être tirée par le Talent Management. C’est ce qui ressort en tout cas de plusieurs rapports d’experts. Mais la réalité du terrain n’est peut-être pas aussi tranchée si l’on en croit les retours de Hubert Cotté, nouveau Country Manager de Workday en France.
Côté études, le cabinet britannique Technavio prévoit par exemple que le marché des solutions RH pour la gestion de talent devrait croître de 11 % en moyenne par an entre 2020 et 2024.
Ce taux était de 8 % sur la période 2018-2022 et de 9 % de 2019-2023. Formulé autrement, année après année, Technavio revoit à la hausse ses estimations de croissance pour le Talent Management.
En France, le constat a poussé le Lyonnais Cegid à racheter la pépite parisienne Talentsoft en avril 2021. L’acquisition lui a permis de compléter son Core RH, avec comme idée ouvertement formulée de pouvoir surfer sur cette vague de croissance.
Si le Talent Management a incontestablement le vent en poupe, le géant du SIRH Workday – qui domine le marché avec Oracle, SAP et UKG – constate pour sa part qu’un des piliers de sa propre croissance en Europe et en France vient des applications RH plus classiques.
Plus précisément, l’activité de Workday (gestion RH, mais aussi gestion financière) en France est tirée par cinq moteurs.
Le premier est la planification continue (finance et RH) pour « adapter le modèle opérationnel et financier de manière agile », dixit Hubert Cotté.
Hubert CottéWorkday
Le deuxième est « l’explosion de la demande des clients pour des plateformes de feed-back », notamment pour aider à la rétention des talents ou affiner le management quotidien des ressources humaines.
Le troisième est le frémissement de l’activité finance.
Le quatrième est une forte demande pour l’analytique (tableaux de bord RH et finance).
Et le cinquième donc – et curieusement pourrait-on penser – est « le retour [des clients] vers le Core RH et la modernisation de la paie », confie Hubert Cotté.
Ce mouvement n’est pas incompatible avec l’attrait des décideurs RH pour les outils qui permettent, pêle-mêle, d’optimiser les recrutements (analyse sémantique des CV et des compétences, etc.), de gérer l’accueil des nouveaux employés (onbaording), d’améliorer la rétention des talents, de faciliter la mobilité interne et de diffuser les formations (LMS), ou encore d’accroître l’engagement des employés (par exemple par les canaux de feed-back évoqués ci-dessus) et de dépoussiérer l’expérience employés (comme avec des portails RH en libre-service).
Mais toutes ces solutions – qui relèvent pour la plupart du champ du Talent Management – ont un prérequis.
« Il y a une vraie préoccupation des RH pour la gestion des talents », confirme le Country Manager. « Mais là où cela tire, sur le terrain, c’est au niveau des fondations ». C’est-à-dire des données RH et de la visibilité sur ces processus RH.
En résumé, l’appétence des DRH pour les solutions les plus avancées leur ferait prendre conscience que leurs Core RH sont vieillissants (ou pas assez efficaces) pour passer à l’étape suivante de leurs transformations digitales. Et qu’il faudra donc, dans un premier temps, moderniser les bases du SIRH. Voire en changer.
Ces constats devraient alimenter encore la dynamique positive du secteur. Et une opportunité pour Workday de « consolider [ses positions] sur le marché du SIRH », ce qui reste une priorité pour Hubert Cotté et ses équipes en France.