Réseau : AMD rachète Pensando pour se lancer dans les DPUs
L’acquisition d’un montant de 1,9 milliard de dollars doit permettre au constructeur de se positionner sur le marché des smartNICs, des cartes qui accélèrent et enrichissent les traitements réseau.
AMD a annoncé cette semaine son intention d’acquérir Pensando pour un montant de 1,9 milliard de dollars. Pensando est un fabricant de puces accélératrices pour encoder, formater, filtrer et plus globalement manipuler les données qui partent sur le réseau Ethernet ou en arrivent. Par ce rachat, AMD entend se positionner face à Intel et Nvidia dans le secteur émergent des DPUs, à savoir des petites puces qui se placent sur les cartes réseau pour soulager les serveurs de tout un tas d’opérations purement techniques.
L’enjeu des DPU est de libérer de la puissance sur les serveurs sans investir dans des processeurs plus puissants, ce qui, dans un contexte de pénurie des puces haut de gamme, est opportun. Dans la foulée, les DPU portent la perspective de rendre les traitements du flux réseau un peu plus intéressants.
Goldman Sachs, par exemple, se sert de cartes réseau à base de processeurs Pensando pour exécuter des fonctions de monitoring, de sécurité et de stockage qui améliorent sa productivité, sans pénaliser la vitesse d’exécution de ses applications.
Automatiser les traitements réseau
Les cartes réseau rendues plus intelligentes grâce à la greffe de DPUs sont appelées des smartNICs. Les analystes pronostiquent que leurs ventes vont exploser auprès des grandes entreprises, soucieuses d’imiter dans leurs datacenters les automatismes des géants du cloud public.
Bob LaliberteAnalyste, ESG
« Un point intéressant des smartNICs est qu’elles apportent de nouvelles fonctions de maintenance qui constituent des services à part entière. Ces services enrichissent les consoles d’administration avec des automatismes inédits et vont permettre aux prestataires de commercialiser de nouveaux accompagnements », observe l’analyste Bob Laliberte, du cabinet de conseil ESG.
En matière de possibilités applicatives, le DPU de Pensando repose sur un cœur ARM, pour lequel il existe un grand nombre de bibliothèques fonctionnelles. Et il se programme avec le langage P4, un standard dans l’écriture de règles réseau. Ce langage P4 permet notamment de personnaliser toute une gamme de priorités parmi les flux de données, de sorte que le trafic réseau corresponde le plus aux besoins d’une entreprise.
Se positionner face à Intel et Nvidia
Avant AMD, Intel s’est intéressé aux DPU dès 2019 en rachetant Barefoot Networks, un fabricant de puces dédiées au routage réseau et qui se destinaient initialement à équiper les switches Ethernet. L’idée d’Intel a été de les décliner sur des smarNICs à insérer dans des serveurs. C’est exactement le modèle suivi par AMD, dans le sens où le processeur de Pensando se trouve aujourd’hui essentiellement dans les switches Ethernet.
De son côté, Nvidia, un spécialiste des puces accélératrices pour le calcul (les GPUs), a décidé de développer lui-même des DPUs ; il s’agit en l’occurrence de sa gamme de processeurs BlueField. Nvidia a noué un partenariat avec VMware pour implémenter les fonctions de son réseau virtuel NSX au sein de BlueField.
Pensando, Intel et Nvidia positionnent chacun leur DPU dans une optique différente. Pensando accélère les fonctions réseau. Nvidia analyse le trafic avec de l’intelligence artificielle pour optimiser sa fluidité. Intel sonde les données pour circonscrire en temps réel tout risque d’incident.
Selon Silvano Gai, l’un des responsables de Pensando, les entreprises achètent pour l’heure des SmartNICs pour collecter des informations sur leur trafic, sans le ralentir. Avant l’arrivée des smartNICs, collecter ces informations signifiait soit poser des sondes entre les câbles, ce qui était rédhibitoire pour le débit, soit déployer des Taps, des équipements très coûteux qui dédoublent le trafic pour en envoyer une copie à un serveur d’analyse.