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Low-code : OutSystems poursuit son développement en France

Malgré ses vingt ans d’âge, ce n’est que depuis l’année dernière que le spécialiste du low-code s’est véritablement installé en France. Alors qu’il laissait venir à lui les grands groupes, l’éditeur entend aussi convaincre les ETI françaises.

L’entreprise d’origine portugaise aux 1 700 employés compte moins d’une quinzaine de salariés en France, mais espère doubler ses effectifs d’ici à la fin de l’année. Le groupe compte fortement sur ses partenaires intégrateurs et les cabinets de conseil : au total, il affiche ses relations avec 400 partenaires. Dans l’Hexagone, OutSystems a évidemment des relations privilégiées avec les grands du secteur, dont Deloitte, KPMG et Capgemini, mais il continue d’étendre son rayon d’action auprès d’acteurs comme Fujitsu, Inetum (ex GFI), DevoTeam, Rokodo, ou encore OBS.

« Nous avons 13 ou 14 grands partenaires en France. Ensuite, nous avons de petits partenaires qui ont monté leur activité sur OutSystems pendant la crise sanitaire, comme Rokodo », commente Fabien Pétiau, directeur France chez OutSystems.

De passage à Paris, Rui Pereira, cofondateur et membre du conseil d’administration d’OutSystems, estime que l’activité de l’éditeur est portée par l’amélioration de l’expérience client, le développement d’outils pour les collaborateurs, l’automatisation des processus et la modernisation des SI. « La modernisation d’une application Java, cela peut vous prendre cinq ans. Avec OutSystems, vous pouvez le faire en un an ou moins », illustre le responsable.

C’est tout l’objet du partenariat avec Fujitsu France qui, dans le cadre de la modernisation et du passage en cloud des ERP de ses clients, entend proposer des applications développées en low-code.

Le poids des partenaires intégrateurs en France

« Aujourd’hui, les banques et les assurances sont préoccupées par le time-to-market », affirme Fabien Pétiau. « Le low-code une alternative au développement traditionnel pour accélérer le temps de livraison des projets. Un de nos clients bancaires français expliquait récemment que le temps de développement pour une petite application était de 18 mois. Une plateforme comme la nôtre permet de le faire en six mois », assure-t-il.

Comme ses concurrents, OutSystems assure que sa plateforme supporte des usages critiques. Le responsable français cite le cas d’usage de Nexter, un fabricant français d’équipements militaires. Rui Pereira évoque Western Union dont l’application bâtie sur OutSystems est utilisée par des milliers d’utilisateurs.

Cette rapidité de déploiement ne semble pas liée à l’émergence des développeurs citoyens, selon OutSystems. Le cofondateur est clair : les plateformes low-code ciblent en premier lieu les développeurs. « Aujourd’hui, l’utilisation du low-code est utile pour accroître la production d’un professionnel IT par dix », affirme-t-il.

« Nous pensons que le marché est encore trop immature pour le no-code. Il n’y a pas vraiment beaucoup de demandes. Les métiers utilisent encore Excel ».
Rui PereiraCofondateur, Outsystems

« Nous pensons que le marché est encore trop immature pour le no-code. Il n’y a pas vraiment beaucoup de demandes. Les métiers utilisent encore Excel », lance Rui Pereira. D’autant que les collaborateurs n’auraient ni la volonté ni le temps pour développer des applications, même à l’échelle d’une ligne d’activité.

A contrario, il est possible de former des anciens développeurs ou des métiers qui ont une affinité avec la programmation. Cette reconversion permettrait de renflouer les rangs des équipes IT, souvent parsemés.

Selon Rui Pereira, avec la plateforme d’OutSystems, les programmeurs peuvent créer leur première application après une semaine de formation. « La courbe d’apprentissage est très rapide. Ensuite, comme toute autre technologie, il faut continuer à l’utiliser pour gagner en expérience ».

Alors, pourquoi amplifier la relation avec les partenaires ? Aujourd’hui, en France, les professionnels de l’IT qui maîtrisent OutSystems sont principalement chez les intégrateurs.

« Nous vendons la plateforme dont le déploiement est très automatisé. Les intégrateurs la configurent et créent des applications », explique Fabien Pétiau. Dans un premier temps, l’externalisation des développements semble de mise.

« Nos partenaires peuvent concevoir des composants et les partager avec notre communauté (500 000 membres dans le monde) pour accélérer les déploiements », complète Rui Pereira.

Attirer les ETI et les PME

Outre sa présence dans les grands groupes comme Schneider Electric, OutSystems cherche à convaincre les ETI d’adopter sa plateforme. C’est justement parce que les DSI sont moins bien dotées dans ces entreprises que l’éditeur estime que sa solution portée par les intégrateurs répond aux attentes en matière de modernisation des systèmes d’information.

Ainsi, OutSystems assure que sa plateforme est sécurisée, que les clients peuvent faire confiance à l’optimisation automatique des performances lors de la génération du code depuis ses outils de programmation visuelle. En outre, l’éditeur met fortement en avant l’automatisation des processus de développement, à l’aide du machine learning. Ces outils permettent de suggérer la prochaine étape d’un flux applicatif en fonction du contexte, et d’analyser les modèles afin de détecter les potentielles erreurs de conception. L’entreprise compte également développer des fonctions de tests unitaires basées sur l’IA qu’elle ajoutera dans sa chaîne d’outils CI/CD.

Quant à l’automatisation des processus métiers, l’éditeur croit en l’IA et en partie en la RPA, beaucoup moins en l’exploration des processus, contrairement à ses concurrents Appian, TIBCO et PegaSystems.

« Sur le terrain, le process mining est une solution de niche ».
Rui PereiraCofondateur, OutSystems

« Sur le terrain, le process mining est une solution de niche », affirme Rui Pereira. « Les éditeurs tels Celonis sont-ils des compétiteurs ? Non. Sont-ils des partenaires sur certains projets ? Très rarement. Mais avec les acteurs de la RPA, c’est une autre histoire ».

Toujours, selon le cofondateur d’OutSystems, la RPA est « complémentaire » à la plateforme low-code, malgré le fait que cette technologie ne réponde pas à tous les cas d’usage. « Des acteurs comme UIPath sont des partenaires d’Outsystems et résolvent des problèmes spécifiques ou automatisent des bouts de processus ici et là. À long terme [les bots] RPA ne feront pas le travail d’automatisation », anticipe-t-il.

Dans la pratique, l’éditeur s’appuie davantage sur un moteur de règles pour permettre aux développeurs d’automatiser certains flux depuis les applications conçues avec la plateforme. Toutefois, selon le Magic Quadrant 2021 de Gartner, OutSystems est un peu retard en matière de gestion de documents et de modélisation de processus complexes.

L’autre problème signalé par certains clients d’OutSystems auprès de Gartner avant septembre 2021 concerne la complexité de la tarification, ce malgré les efforts de l’éditeur. Sur le cloud, le coût est fonction du nombre d’environnements déployés, des ressources consommées, ainsi que du nombre d’utilisateurs internes et externes.

Disponible plus tard cette année, la nouvelle plateforme Neo hébergée sur AWS porte l’espoir d’une simplification de cet aspect pour les nouveaux utilisateurs, même si aucune information n’a filtré concernant son modèle économique. « Cette solution cloud native repose sur Kubernetes et sur une architecture de microservices. Elle supporte les déploiements multicloud, même pour des applications critiques », indique Rui Pereira. Dans sa documentation, l’éditeur précise également qu’elle prend en charge l’auto-scaling et les mises à jour automatiques. Selon le site Web d’OutSystems, elle réduirait les coûts de développement.

Neo n’a toutefois pas vocation (en tout cas, pas pour le moment) à remplacer la plateforme existante (OutSystems 11) qui peut être hébergée dans le cloud et sur site.

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