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Du MDM à une plateforme de données unifiée : les ambitions de Semarchy
En juillet 2021, Semarchy annonçait l’acquisition de Stambia, un éditeur lyonnais d’un ELT. En février, le plus français des Américains, basé à Phoenix, a lancé Semarchy xDI, pour compléter sa plateforme de Data Hub.
Stambia et Semarchy se connaissaient déjà. Très bien même. Le premier est basé à Lyon. Le second y est né et y a encore ses équipes R&D. « Évidemment, la proximité géographique joue [dans ce rapprochement] », déclare François Xavier Nicolas, Chief Product Officer chez Semarchy.
Il faut dire aussi que les deux éditeurs avaient des clients communs en France, une vingtaine de grands comptes selon Hervé Chapron, directeur général EMEA chez Semarchy. Adéo est l’un d’entre eux. « Nous connaissions très bien la société Stambia, nous savions ce que le produit valait techniquement », assure François-Xavier Nicolas.
Selon le Chief Product Officer et Hervé Chapron, Semarchy ne veut plus se limiter à proposer un outil de Master Data Management, mais souhaite lancer une « plateforme de données unifiée », capable de supporter les usages de découvertes, de qualité, de catalogage et de gouvernance des données. « Nous avons constaté une grosse fragmentation sur le marché », affirme François-Xavier Nicolas. « Les entreprises adoptent tous ces produits chez des éditeurs différents ou chez un même fournisseur, mais ce sont toujours des solutions disjointes ».
« Les initiatives critiques liées au traitement des données souffrent de la friction entre ces produits. Pour générer de la valeur avec les données de leurs clients, les organisations se retrouvent à manipuler différents outils », ajoute-t-il.
Il manquait la « colle » entre les applications pouvant être développées avec la plateforme de Semarchy : l’intégration de données. Jusqu’alors, les clients déployaient leur propre ETL ou ELT, diverses API en sus des connecteurs déjà proposés par Semarchy.
« Historiquement, nous nous interfacions avec la couche d’intégration du client. Le problème qui se pose, c’est qu’on crée de facto une dépendance entre ce projet de data management et l’équipe en charge de l’intégration de données, qui n’est pas forcément disponible », indique le CPO.
xDI, une « fonction clé d’intégration »
Aussi, cette approche n’était plus raccord avec la vision unifiée portée par Semarchy. « Devoir déléguer cette fonction clé d’intégration à un produit tiers, c’est effectivement quelque chose qu’on ne veut plus forcément faire », concède-t-il.
François-Xavier NicolasChief Product Officer, Semarchy
Semarchy a donc « saisi l’opportunité » d’acquérir l’éditeur d’un ETL/ELT, Stambia. Six mois plus tard, la plateforme d’intégration de données Stambia DI se nomme xDI. « Dans cette première version sous l’ère Semarchy, nous avons ajouté les intégrations avec les composants de notre plateforme. Cela permet d’attaquer le marché américain, ce que Stambia ne faisait pas ».
L’équipe originelle de Stambia n’a pas seulement adapté le produit au Data Hub de Semarchy. Elle a voulu simplifier et améliorer l’UX, renforcer la gestion des secrets, le support des données au format XML, JSON et des métadonnées de Google BigQuery, entre autres.
Selon François Xavier-Nicolas, la différence entre xDI et les autres ELT du marché, c’est la possibilité de concevoir de manière unifiée des flux de données, peu importe la source, grâce un système de « mapping universel » depuis une interface graphique. En revanche, « techniquement, et c’est ça la grosse valeur ajoutée de l’outil, c’est que l’on peut générer des jobs ELT spécifiques et optimisés pour Apache Spark, Snowflake, Apache Kafka, etc. », vante-t-il.
Dès lors, ce ne serait plus un problème purement technique pour celui qui bâtit les flux, mais une réflexion fonctionnelle sur la manière d’amener une donnée d’un point A à un point B, puis de la transformer, d’après le Chief Product Officer.
« Nos clients adorent ça. En 2021, nous avons gagné de gros projets de remplacement d’outils d’intégration de données », soutient Hervé Chapron. « Cette notion de templates permet aux développeurs des flux d’accélérer la mise en œuvre et d’améliorer la flexibilité de déploiement ».
En ce sens, le mapping universel permettrait de conserver une forme de cohérence entre différents designers de flux qui pourrait se succéder, interne ou externe. « Si demain dans une entreprise le contrat relatif à la mise à disposition de designers de flux passe d’une ESN à une autre, nous fournissons un cadre avec ces templates permettant une vraie cohérence, la garantie de meilleures pratiques et de la lisibilité dans le passage de relais », affirme le directeur général EMEA.
Semarchy fournit des templates pour plus de 80 technologies différentes. Ce ne serait pas suffisant selon les retours des clients, note François-Xavier Nicolas : l’augmentation du nombre de connecteurs et leur optimisation sont en tête des priorités sur la feuille de route.
Aussi, l’éditeur comble un manque technique pointé du doigt par Gartner. S’il proposait un système de Change Data Capture pour propager les changements intervenant dans le Data Hub (Data Notifications), il ne disposait pas de cette technologie pour le faire depuis les sources de données. « Le support du CDC afin d’envoyer une donnée en provenance d’une base de données vers le Data Hub ou une autre plateforme est bâti nativement dans xDI », confirme François-Xavier Nicolas.
C’est typiquement l’une des capacités qui permet de répondre aux projets actuels des clients en matière d’intégration de données, à savoir le « move to cloud progressif » de solutions existantes vers les data warehouses et les data lake dans le cloud. Aussi, Semarchy entend proposer xDi comme un outil de remplacement aux solutions ETL vieillissantes ou en fin de vie.
Le « best of breed » en question
Et si xDI est intégré à la plateforme Semarchy, il demeure commercialement une « companion app » pour les clients. Il est également possible d’adopter l’outil d’intégration de données seul, sans la plateforme unifiée, ce qui selon François-Xavier Nicolas est un autre moyen pour Semarchy d’étendre son empreinte chez les clients. « Le client a toujours besoin d’étendre le périmètre à la plateforme. De notre expérience, des besoins émergent chez les clients : la découverte de données, la gestion de données de référence, etc. ».
D’autant que la notion de « best of breed » ne serait pas autant appréciée par tous les clients de Semarchy, selon Hervé Chapron.
« J’ai eu un certain nombre de discussions depuis le début d’année avec certains de nos grands clients et on sent qu’il y a deux besoins qui émanent de façon évidente. Le premier, c’est de transformer les équipes IT non pas en des gens qui gèrent de la plomberie, qui font de la technique, mais en de véritables “business partners” qui apportent de la valeur ajoutée au métier », indique-t-il. « Ensuite, il y a une vraie volonté de baisser tous ces coûts liés à la maintenance technique des solutions et il y a une volonté de réduire le nombre de partenaires avec lesquels nos clients passent des contrats pour essayer de tirer le maximum de relations avec chacun des éditeurs et intégrateurs en compagnie desquels ils travaillent ».
Il ne s’agit pas d’adopter tous les services d’un seul éditeur. « Une CDO d’un de mes clients disait qu’il y a un juste équilibre à trouver, entre le fait de mettre tous ses œufs dans le même panier de fournisseurs qui vont tout vous vendre, de la cave au grenier, et le fait de choisir celui qui est le meilleur dans son domaine », rapporte Hervé Chapron.
Quel que soit le parti pris des clients, il faut pouvoir les convaincre.
« À travers notre plateforme de données unifiée, nous voulons simplifier la vie de nos clients et leur permettre de se concentrer beaucoup plus sur la valeur ajoutée apportée au métier, que le développement des processus à travers des API pour aller chercher des informations dans des applications, les amener dans notre MDM et puis faire le chemin inverse », déclare Hervé Chapron. « C’est notre défi aussi de démontrer au quotidien qu’on apporte de la valeur à travers notre vision et la rapidité avec laquelle on va assurer cette intégration ».
François-Xavier NicolasChief Product Officer, Semarchy
François-Xavier Nicolas défend le fait que les données restent la propriété des clients. « Depuis le début, nous nous sommes efforcés de ne pas utiliser des techniques de stockage propriétaire, de donner l’accès aux données golden en laissant la possibilité aux clients de les récupérer s’ils ne veulent plus utiliser Semarchy », affirme-t-il. « Aussi, nous n’avons pas vocation à tout faire. Par exemple, nous n’avons pas notre propre service de géolocalisation ou d’enrichissement de données : nous laissons la possibilité d’appeler et d’être appelé par API ou autres. Là aussi l’intégration est fondamentale ».
Cette notion serait importante pour des clients qui utilisent Semarchy comme leur « back-end de gestion de données » en lien avec leurs propres interfaces. « La plateforme est “générique” : la manière d’agencer les composants permet de s’adapter aux besoins soulevés par différents cas d’usage », assure le Chief Product Officer.
Chantiers en cours
Là encore, la migration du MDM vers le cloud est un grand sujet pour les clients de l’éditeur. « Nous conservons l’offre on-premise, mais un bon nombre de clients veulent migrer sur le cloud, sur Google Cloud, Azure ou AWS », indique-t-il.
Reste encore à standardiser la configuration de l’authentification et l’unification des interfaces pour les designers, toujours dans le but d’obtenir cette plateforme de données unifiée. Dans la même veine, Semarchy souhaite développer des data-driven workflows, qui mêlent gestion des données et processus métier. Cela permet par exemple d’automatiser une partie du travail nécessaire à l’ajout d’un produit dans un catalogue d’un e-commerçant.
À l’avenir, d’autres fonctionnalités pourraient débarquer dans la plateforme à travers des acquisitions, notamment en matière de data cataloging, de gouvernance de données et de qualité de données. « Avec notre partenaire Providence Stragegy Growth, nous sommes dans une démarche active d’acquisitions de solutions cohérentes avec ce que nous avons déjà », souligne Hervé Chapron.