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Stockage : Quantum propose une bibliothèque de bandes pour… le cloud
Alors que la bande est considérée comme une solution antique pour stocker des archives à demeure, Quantum développe un concept qui entre dans les datacenters aussi facilement qu’une baie de SSDs.
La bande n’est toujours pas morte. Quantum lance ces jours-ci sa nouvelle bibliothèque Scalar i6H. Surprise, celle-ci est plus particulièrement conçue pour les grands hébergeurs de cloud, des acteurs dont la modernité est habituellement diamétralement opposée aux technologies aussi anciennes que l’archivage sur cassettes.
Le Scalar i6H prend la forme d’une unité rack pour datacenter standard, ce qui n’est pas souvent le cas des bibliothèques de bandes. Le produit est une déclinaison du Scalar i6 précédemment lancé par Quantum ; ici, le H signifie hyperscaler, à savoir le nom donné aux fournisseurs de cloud public comme AWS, Azure ou GCP. Il utilise des cassettes LTO et l’architecture RAIL (Redundant Array of Independent Libraries) mise au point par Quantum pour un déploiement élastique des unités de stockage sur bandes.
Selon Vinny Choinski, analyste pour le cabinet ESG, les hyperscalers et les grandes entreprises verraient dans la bande des avantages qui dépassent les usages traditionnels comme l’archivage, le stockage de données froides ou la sauvegarde de données : « Il y a la possibilité pour les hyperscalers de l’utiliser pour les données actives. Quand un site web rappelle des données stockées sur bandes, l’hyperscaler les déplace sur des SSD pour autoriser des traitements rapides et l’utilisateur du site web ne saura probablement jamais qu’elles étaient sur bande », dit-il, en suggérant que la bande représente un stockage bien meilleur marché pour les données des sites web qui sont peu consultées.
« Si vous utilisez les bandes pour lire de manière continue des pans entiers de données, elles s’avèrent aussi efficaces que des SSD », assure l’analyste.
L’expansion de la bande chez les hébergeurs de cloud
En réalité, Quantum fournit depuis quelques années des bibliothèques de bandes à trois des cinq principaux hyperscalers, dont l’un utilise déjà la Scalar i6H en production, selon Eric Bassier, directeur produit chez Quantum.
« Nous avons plus de 35 Eo [exaoctets] de capacité déployés dans des centaines de centres de données. Cela équivaut à un peu plus de 3 millions de bandes LTO gérées dans les systèmes que nous avons déployés. »
Quantum n’a pas publié les spécifications du Scalar i6H ni sa capacité par rack. Il a toutefois précisé que le i6H est livré entièrement assemblé dans une baie rack de 48U. Le système i6 original avait une capacité maximale de 800 cassettes LTO par baie ; Quantum n’a pas précisé la capacité maximale de bandes LTO par rack pour le i6H. On sait toutefois que les cassettes LTO-9 ont une capacité individuelle de 45 To avec compression.
Autre particularité du produit, presque toutes ses pièces sont remplaçables par le client, de sorte que les techniciens peuvent assurer la maintenance du Scalar i6H sans jamais faire appel à Quantum. Le remplacement de certains éléments se ferait sans nécessiter aucun outil.
L’élasticité de la bande
La Scalar i6H dispose d’une méthode de déploiement modulaire, élastique, ce qui est unique parmi les bibliothèques de bandes. La technologie sur laquelle repose cette méthode, Quantum RAIL, a été annoncée en octobre 2021. L’architecture permet de déployer une baie rack à la fois, et d’en ajouter d’autres si nécessaire. Chaque extension sera considérée comme faisant partie de la première bibliothèque ; les administrateurs n’auront pas de manipulation à faire pour router les données vers les nouvelles unités.
Mieux, les baies n’ont même pas besoin d’être contiguës ; Quantum assure qu’elles peuvent être placées partout où il y a de l’espace libre dans un datacenter. Vinny Choinski salue cette souplesse qui, dit-il, va contribuer à gommer l’aspect « boulonnage » habituel des bibliothèques de bandes dans les datacenters.
Quantum RAIL assure par ailleurs une redondance des données, avec une technique similaire à l’Erasure Coding que l’on trouve sur les clusters de NAS. Ce système décompose les données en fragments redondants. Il s’agit a priori du même système d’Erasure Coding que l’on trouve dans ActiveScale, le système de stockage objet de Quantum.
« Ainsi, si l’une des bibliothèques est indisponible pour une raison quelconque, nous pouvons toujours lire et écrire les mêmes données sur les autres », indique Eric Bassier. Il fait remarquer que les bibliothèques de bandes sont robotisées, des bras insérant les cassettes dans les lecteurs, et que cette partie purement mécanique peut momentanément être occupée par une manipulation.