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Face à Amazon, Elastic enterre la hache de guerre
Le 16 février, Elastic a annoncé officiellement la résolution de son différend légal avec Amazon et sa filiale AWS qu’il accusait de violation de marque déposée. Une sortie de crise logique… et nécessaire pour les affaires.
Officiellement en conflit ouvert avec Amazon, Elastic a indiqué avoir « résolu son différend » légal avec le géant du cloud. Pour rappel, Elastic avait porté plainte pour violation de marque déposée et de propriété intellectuelle en 2019. L’éditeur dénonçait depuis 2015 l’utilisation du terme Elasticsearch par Amazon.
L’argument principal de l’éditeur d’origine hollandaise portait sur la « confusion » générée par le produit ElasticSearch Service et les noms de projets open source d’AWS par rapport à sa propre solution d’indexation et de recherche de données.
Considérant que le géant du cloud et d’autres profitaient qu’Elasticsearch et Kibana étaient disponibles sous licence Apache 2.0, Elastic a mis en place un mécanisme de double licence, l’une exclusivement propriétaire, l’autre (SSPL – une création de MongoDB) ouverte, mais interdisant la commercialisation de distributions dérivées. Cette décision avait provoqué des remous dans la communauté open source.
En réponse, AWS a tué le projet open source Open Distro for Elasticsearch pour le renommer et l’améliorer en grande pompe sous le nom d’OpenSearch. La communauté autour de cette solution alternative commence à se faire entendre. Par exemple, OVHCloud propose déjà une version managée de ce service de recherche doublé d’une base de données.
Shay BanonFondateur et directeur technique, Elastic
« Nous considérons cela comme une étape importante dans la suppression de la confusion sur le marché, car il n’y a qu’un seul Elasticsearch, et il ne vient que d’Elastic », déclare Shay Banon, fondateur et directeur technique d’Elastic dans un communiqué de presse.
Shay Banon, encore PDG d’Elastic, avait déjà exprimé son satisfecit auprès du MagIT en octobre 2021 après le renommage d’ElasticSearch Service en OpenSearch Service. Il pensait alors que c’était le changement de licence, non souhaité, mais nécessaire, qui avait permis de faire plier Amazon et qui l’avait obligé à changer les noms de ses produits.
« Nous avons estimé qu’il était important que nous soyons l’une des entreprises qui s’opposent à Amazon pour s’assurer qu’à long terme Amazon commence à traiter les éditeurs open source et les autres plus justement. Nous étions assez gros et notre succès était assez important pour faire ce choix », déclarait-il. Durant l’année fiscale 2019, Elastic a réalisé un chiffre d’affaires de 271,7 millions de dollars et a compté plus de 8 100 clients-souscripteurs.
Un dénouement logique
Outre la suppression des mentions d’Elasticsearch sur les sites Web et dans le nommage des services d’AWS, Elastic ne dit pas s’il a obtenu d’autres compensations de la part du géant du cloud.
Dans un même temps, Elastic ne peut pas faire sans Amazon, sa plateforme cloud AWS et sa force de vente colossale. Le conflit n’était pas bon pour les affaires, d’autant qu’une bonne partie des clients d’Elastic utilisent les services Amazon Web Services. Dès 2019, Holger Mueller, analyste chez Constellation Research, affirmait que cette résolution à l’amiable était dans l’intérêt des deux parties.
« Cette affaire judiciaire étant derrière nous, nous continuerons à nous concentrer sur la collaboration avec Amazon au profit de nos clients communs qui utilisent Elastic Cloud sur AWS », avance le PDG d’Elastic, Ashutosh Kulkarni dans le communiqué. « Nous constatons une forte dynamique dans notre partenariat : des flux d’ingestion de données sans couture et une expérience d’abonnement rationalisée sur la place de marché AWS, aux programmes communs de go-to-market et d’activation ».