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Le monde de la visio veut recréer du « réel » dans les échanges virtuels
Zoom lance un outil pour recréer des espaces en 2D dans sa plateforme d’évènements virtuels. BlueJeans va faire de même pour modéliser des bureaux. Ces fonctionnalités sont dans la continuité des interfaces d’« immersion virtuelle » des applications de visioconférences pour susciter un sentiment de proximité sociale, même à distance.
Zoom vient de lancer une nouvelle fonctionnalité, baptisée Expo, dont le but est de créer un espace virtuel (proche d’une carte physique de l’évènement) dans lequel les participants peuvent se déplacer, rejoindre des stands, et entamer des discussions avec les exposants.
Expo est inclus dans les licences Zoom Events. Elle vise à recréer la familiarité des déplacements et des échanges qui ont lieu lors d’évènements physiques. Cette fonctionnalité est dans l’air du temps, car même si certaines conférences reprennent, les analystes s’attendent à ce que les évènements hybrides (voire totalement virtuels) soient la norme pour encore un certain temps.
« Nous avons créé Expo pour offrir aux participants les expériences d’évènements qu’ils connaissent et qu’ils aiment, tout en gardant la facilité des évènements virtuels qu’ils attendent aussi désormais » justifie Wei Lei, responsable de Zoom Events.
Expo, qui peut accueillir jusqu’à 1 000 participants, représente les conférenciers, les visiteurs et les exposants sous forme d’icônes qui se déplacent dans une salle. Les participants peuvent signaler qu’ils sont ouverts au réseautage, ce qui permet à tout un chacun dans l’enceinte de l’exposition d’entamer une discussion avec eux.
Expo modélise également des stands virtuels où les visiteurs peuvent rencontrer les exposants et/ou visionner des contenus (vidéos, PDF sur l’entreprise, etc.). Les équipes sur les stands peuvent organiser des allocutions pendant les heures de l’évènement, répondre à des groupes de visiteurs, ou proposer des discussions privées dans des salles de réunion à part.
Le virtuel, la nouvelle réalité des événements et des salons
Même si la vie reprend petit à petit et que le monde rouvre ses portes, rendre un évènement virtuel le plus ergonomique possible reste un objectif majeur pour les organisateurs de salon. Certaines conférences, comme le Consumer Electronics Show ou le NRF en ce début d’année, ont de nouveau lieu « en personne ». Mais la grande majorité des évènements devrait continuer à être, au moins en partie, en ligne.
Un signe parmi d’autres : le nombre de voyages d’affaires s’est effondré avec la pandémie. L’arrivée des variantes du COVID et le maintien de restrictions ont ralenti leur reprise. Selon une étude de Deloitte, à peine 54 % des dirigeants pensent que les budgets pour ces déplacements retrouveront leur niveau de 2019 d’ici à la fin de 2022 – ce qui signifie que les professionnels sont moins susceptibles d’assister physiquement à des salons.
Inversement, les analystes s’attendent à ce que la demande pour les plateformes d’évènements virtuels augmente. Selon Grand View Research, ce marché devrait progresser de manière quasi exponentielle pour passer d’un poids de 114 milliards $ en 2021 à plus de 500 milliards $ en 2028.
Dans la visio, les espaces virtuels prennent plusieurs formes
Les leaders du collaboratifs Zoom, Cisco et Microsoft ont tous musclé leurs fonctionnalités pour organiser ce type d’évènements. Ce qui les positionne de facto en concurrents des spécialistes comme Hopin, Cvent, 6connex, le français Livestorm ou encore de startups comme les Normands de hopopp – utilisé par la Foire internationale de Caen – dont une des spécificités est justement de créer des cartes et des plans de salon virtuel, comme pour un évènement physique.
En 2021, Cisco avait racheté Socio Labs pour permettre à Webex d’accueillir des conférences à grande échelle, tandis que Microsoft a augmenté le nombre de personnes pouvant participer à des webinaires avec Teams.
Avec Expo, Zoom suit un courant profond du marché qui cherche « l’immersion » pour susciter un sentiment social de proximité, malgré l’éloignement réel. Avec la même idée générale, BlueJeans – aujourd’hui sous pavillon Verizon – lancera cette année un « espace de travail virtuel », là encore en s’appuyant sur une modélisation 2D d’un bureau.
On voit même apparaître de jeunes éditeurs sur cette fonctionnalité spécifique, comme l’américain Teamflow qui propose une visualisation où les collaborateurs, représentés par des vignettes rondes, se déplacent et échangent les uns avec les autres.
Ces deux derniers outils simulent certes des bureaux, et non des conférences, mais ils relèvent de la même logique. Tout comme les environnements immersifs pour les réunions avec le Together Mode de Teams, la Immersive View de Zoom, l’open space virtuel du français Tixeo (TixeoFusion), ou (avec une finalité légèrement différente) les hologrammes dans WebEx.
Toutes ces évolutions ont le même objectif : recréer des repères, donner une impression de réel et rendre plus physiques des environnements virtuels.