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Stockage en cloud : les évolutions de 2022
Les analystes prédisent que les services de stockage en ligne seront encore plus intégrés aux équipements sur site, qu’ils seront déclinés pour mieux répondre aux besoins et que la compatibilité Kubernetes sera d’office.
En 2022, les administrateurs du stockage devront continuer à trouver comment concrétiser le télétravail de leurs utilisateurs et combiner toujours plus les infrastructures en cloud avec celles sur site. De leur côté, les fournisseurs tenteront de répondre à ces besoins en développant des solutions toujours plus hybrides.
« Il y a cette hésitation entre tout mettre dans le cloud ou tout conserver sur site. Déplacer des données de l’un à l’autre coûte cher. Déployer une informatique hybride qui réponde à cette problématique a du sens », commente l’analyse Ray Lucchesi, du cabinet Silverton Consulting.
Autre défi, il faudra scrupuleusement surveiller les finances pour trouver un équilibre entre les dépenses que veulent faire les équipes DevOps dans des solutions Kubernetes et les coûts cachés du stockage en cloud.
LeMagIT s’est entretenu avec Ray Lucchesi et d’autres experts du stockage pour savoir quelles tendances ils voient se développer en 2022.
Le cloud va se développer dans les offres de stockage sur site
Le contexte actuel est que de plus en plus d’entreprises envisagent une infrastructure à cheval entre des ressources sur site et d’autres en cloud pour le stockage. L’une des raisons nouvelles qu’elles évoquent, pour ne plus dépendre à 100 % d’un datacenter sur site, est la crainte d’une pénurie de composants qui les empêcheraient d’acheter la baie de stockage qu’elles souhaitent.
En 2022, les fournisseurs vont tenter de séduire ces entreprises avec des services de stockage en cloud qu’ils administrent eux-mêmes pour simplifier la transition. Ces fournisseurs comprennent des hyperscalers comme AWS, Microsoft Azure et Google Cloud Platform, mais aussi des fabricants d’infrastructure qui proposent des services en ligne payables à l’usage, dont Dell et HPE.
Dave RaffoAnalyste, Evaluator Group
« Avec le cloud, les fournisseurs n’ont plus besoin de vous vendre des équipements et les entreprises n’ont plus besoin d’acheter des baies de stockage. En revanche, le cloud n’est pas vraiment moins cher si vous avez beaucoup de données. C’est juste le processus d’achat et la gestion qui sont tellement plus faciles », indique l’analyste Dave Raffo, du cabinet de conseil Evaluator Group.
Les fournisseurs de stockage en cloud s’efforcent de rendre leurs services en ligne plus attrayants. L’année dernière, AWS a lancé des services de fichiers qu’il administrait lui-même et qui étaient compatibles avec des technologies habituelles sur site, à savoir OpenZFS et Netapp OnTap. Ces nouveaux services permettent de se rapprocher des systèmes de fichiers sur site pour déplacer les charges de travail existantes vers le cloud et, de là, se connecter à d’autres services AWS.
Selon Dave Raffo, l’étape qui va succéder à de tels services de stockage en ligne est, chez les grands du cloud public, la fourniture de services gérés de reprise après sinistre, c’est-à-dire des PRA (Plan de Reprise d’Activité) clés en main. AWS a amorcé la tendance en lançant en 2021 le service AWS Elastic Disaster Recovery. Son rival GCP (Google Cloud Platform) a vanté les services d’Actifio, une société de PRA acquise par GCP en 2020.
« Les éditeurs traditionnels de solutions de sauvegarde proposaient déjà une console SaaS, ou utilisent le cloud comme une ressource cible pour héberger les sauvegardes. Désormais, les gens du cloud vont eux-mêmes proposer de faire cette sauvegarde », analyse Dave Raffo.
Dave Raffo entrevoit un autre levier pour des services de stockage en ligne qui soient administrés par le fournisseur de cloud lui-même : le stockage en mode bloc, ou SAN. De tels services devraient cibler les projets de bases de données.
Des services déclinés pour adresser les besoins intermédiaires
Le problème des offres de stockage en ligne serait que leurs caractéristiques très prononcées limitent les cas d’usage. Par exemple, soit on stocke des données dans S3 Glacier au meilleur tarif, mais avec la contrainte d’attendre longtemps quand on souhaite les récupérer, soit on stocke ces mêmes données dans S3 tout court qui n’a pas cette contrainte, mais coûte plus cher.
L’analyste Andrew Smith, d’IDC, estime que ces offres vont se décliner en offres adjacentes, apportant plus d’intermédiaires. Il cite Amazon le tout récent service S3 Glacier Instant Retrieval, une version secondaire du service de stockage sur une longue durée S3 Glacier qui permet de récupérer des données en une fraction de seconde contre plusieurs minutes normalement. Le tarif est en revanche supérieur. De la même façon, S3 Glacier s’est aussi décliné en S3 Glacier Deep Archive qui, lui, met 12 heures à retrouver des données, mais coûte encore moins cher que le service de base.
« Il s’agit de proposer plus d’options aux entreprises. Des options qui, du point de vue du tarif, ne vont varier que de quelques dixièmes de centimes au Go stocké. Mais quand vous savez que les entreprises sont susceptibles de stocker davantage de données pendant de plus longues périodes, vous comprenez que ces quelques dixièmes de centime peuvent avoir finalement des conséquences très importantes sur le coût global selon votre usage », dit-il.
Selon lui, les concurrents d’AWS vont imiter ses déclinaisons. Il pense aussi que les offres freemium – gratuites dans une certaine mesure – vont se développer pour couvrir un éventail plus précis de besoins.
Kubernetes désormais omniprésent
Selon Dave Raffo, davantage de fournisseurs proposeront du stockage compatible Kubernetes, qui préserve les données des containers une fois ceux-ci éteints. Les containers et leur orchestrateur Kubernetes sont nécessaires au fonctionnement des nouvelles applications dites cloud-natives. Ces applications sont l’affaire des DevOps, lesquels pressent les DSI de leur fournir des solutions de stockage adaptées, ce que ne sont pas les baies de stockage SAN/NAS historiques.
« Par ailleurs, les développeurs qui travaillent sur Kubernetes travaillent souvent dans le cloud. Tous les fournisseurs de stockage font donc de leur mieux pour prendre en charge Kubernetes sur site, mais aussi dans le cloud », estime-t-il.
Ray Lucchesi ajoute que l’aspect Open source de Kubernetes et sa portabilité font que ce système est désormais un standard des infrastructures hybrides. Il est donc persuadé que son usage va encore augmenter dans les années à venir, tout comme le besoin des administrateurs de stockage pour héberger les données de ces conteneurs.