Ordinateur quantique : IBM et la Corée du Sud planchent sur l’hybridation
IBM fait entrer les géants coréens de l’électronique dans son consortium, manifestement pour trouver comment interconnecter ordinateurs classiques et quantiques. Une idée déjà portée par la France.
La Corée du Sud entre à son tour dans la course à l’informatique quantique. L’un de ses champions industriels, LG Electronics, vient encore d’annoncer rejoindre l’IBM Quantum Network, dans le but de mettre au point des applications d’intelligence artificielle pour les voitures et les équipements connectés. Il y a quelques semaines à peine, Samsung Electronics, un autre géant sud-coréen, entrait lui aussi dans le consortium bâti par IBM.
« Jusqu’ici, la Corée n’était pas très portée sur l’informatique quantique. Mais elle s’y intéresse de plus en plus, que ce soit via ses acteurs privés, comme au sein de ses universités de recherche. Il semble qu’elle ait finalement décidé de se mettre en ordre de bataille pour devenir une puissance mondiale dans le domaine de l’informatique quantique », commente Jay Gambetta, en charge de la division informatique quantique d’IBM.
Le fournisseur serait par ailleurs en train de travailler à l’entrée de l’université sud-coréenne Yonsei dans l’IBM Quantum Network.
Manifestement, il s’agirait de concrétiser en 2022 un plan quantique en élaboration depuis 2018. C’est cette année-là que LG aurait commencé à mettre en place une division dédiée au développement d’applications quantiques. On sait aujourd’hui que celle-ci est dirigée par l’Américain Brad Kim, un ancien cadre dirigeant d’Intel et d’AMD.
En 2019, le ministère sud-coréen des Sciences avait élaboré un plan d’investissement sur cinq ans et à hauteur de 40 millions de dollars, pour développer des technologies quantiques. Parmi elles, un processeur à 5 qubits, prévu pour la fin de cette année, et des systèmes logiciels.
Vers du quantique hybride, comme en France
Selon les observateurs, IBM pourrait chercher à s’appuyer sur les compétences des géants électroniques sud-coréens afin de poursuivre une stratégie similaire à celle développée tout récemment en France : bâtir des systèmes quantiques hybrides. En clair, s’assurer que l’ordinateur quantique, quand il existera, sera bien capable de communiquer avec des supercalculateurs classiques.
Jay GambettaVice Président division informatique quantique d'IBM
Après une première période de recherche intensive sur la manière de bâtir un système quantique, les laboratoires de recherche impliqués se sont en effet rendu compte que mettre en relation les mondes informatiques d’hier et de demain posait des défis électroniques.
Et le sujet est d’autant plus préoccupant que, pour des raisons économiques et de compétences, plus personne n’envisage de remplacer du jour au lendemain les supercalculateurs par des ordinateurs quantiques. L’enjeu est plutôt d’utiliser des processeurs quantiques comme des accélérateurs accolés aux supercalculateurs… à condition qu’ils sachent s’échanger les bonnes données, à la bonne température et à la bonne fréquence.
« Ce que nous espérons réaliser, c’est une synergie entre des algorithmes quantiques et des algorithmes classiques, afin d’aboutir à un résultat meilleur que celui obtenu indépendamment par un type ou l’autre d’algorithme », dit Jay Gambetta. « Cela n’a pas encore été fait, mais je vois LG et de nombreux autres membres du réseau Q participer à cet effort. »
LG Electronics, comme les 170 autres membres de l’IBM Quantum Network, aura accès aux ordinateurs quantiques d’IBM répartis sur plusieurs sites dans le monde, ainsi qu’aux experts techniques internes du fournisseur et au kit de développement d’applications Open source Qiskit.