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Opendatasoft réaffirme ses ambitions à l’international
Masquée par les deux grosses levées de fonds qui ont marqué l’actualité cette semaine (celles de Qonto, 486 millions d’euros, et de Back Market, 450 millions d’euros), celle d’Opendatasoft doit pourtant propulser son activité à l’international.
Le 10 janvier, Opendatasoft, un spécialiste français de publication et d’exposition de données, a annoncé la collecte de 21 millions d’euros auprès de Demeter et son fonds Paris Vert, Odyssée Ventures, Eiffel Investment Group ainsi que des investisseurs existants dont la Banque des Territoires. Au total, le fournisseur a levé 31 millions d’euros et a par le passé bénéficié de la participation de Salesforce Ventures.
Installé à Nantes, Paris, et Boston, Opendatasoft revendique plus de 300 clients en provenance des secteurs privés et publics – dont l’Acoss-Urssaf, Véolia, Kering, BPCE, ou SNCF Réseau – dans 25 pays différents.
Opendatasoft commencera par l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie
Ce renforcement de la présence à l’international passera dans un premier temps par une accélération de l’activité au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie, selon Jean-Marc Lazard, son cofondateur et PDG.
« Jusqu’à présent, les clients en provenance de certains pays, y compris en Europe, sont venus vers nous. Dans les pays où nous avons une petite dizaine de clients, l’objectif est d’en convaincre plusieurs dizaines comme c’est le cas en France », affirme-t-il auprès du MagIT. « Cela concerne l’Allemagne, le Royaume-Uni, mais aussi l’Italie où nous avons signé nos premiers clients au cours des douze derniers mois ».
Opendatasoft compte démarcher directement les clients au Royaume-Uni et en Allemagne, tandis qu’elle espère nouer des relations partenariales avec l’écosystème du logiciel italien. « Nous allons mettre en place une approche différente d’un pays à l’autre ».
L’entreprise ciblera les acteurs des secteurs publics avant de tenter de reproduire les modèles qui ont fonctionné en France auprès des organisations du secteur privé. « En Allemagne par exemple, nous allons cibler les acteurs publics locaux, les municipalités, les opérateurs de services publics (eau, énergie, transport) impliqués dans des projets de villes intelligentes. C’est que nous avons également commencé à faire au Royaume-Uni ».
Pour remplir cet objectif, Opendatasoft espère passer de 80 à 100 collaborateurs d’ici à la fin de l’année 2022. « À court et moyen terme, nous allons étoffer nos équipes en France et aux États-Unis. En revanche, cela réclame d’engager des profils un peu différents, pluriculturels ou internationaux, qui vont nous amener une expérience et des compétences par rapport aux pays où nous souhaitons nous développer », précise le PDG.
En France, il s’agit de renforcer les offres commerciales en direction des entreprises de secteurs spécifiques. « Depuis 18 mois en France, nous attirons des clients en provenance des mondes de la banque, de l’assurance, des services, des opérateurs télécoms. Nous devons ajouter des compétences commerciales, marketing, produits pour nous aider à ajuster notre proposition en fonction des besoins de ces secteurs », affirme Jean-Marc Lazard. Un communiqué de presse indique qu’ODS s’intéresse également à de « nouveaux secteurs » dont « le retail, la santé, les services, etc. »
Car il faut préciser une chose. S’il s’est illustré par le partage de données ouvertes, ODS se voit désormais comme un acteur de la valorisation d’informations, peu importe la licence ou le contrat commercial auquel elles sont liées. Les projets peuvent être profondément ancrés dans une approche open data, tout comme ils peuvent être à usage interne d’une entreprise.
Des connecteurs natifs pour les SI des entreprises
Les besoins des acteurs du privé ne semblent pas différents sur le papier de ceux des acteurs publics, tout du moins en façade. Mais cibler davantage les entreprises demande à Opendatasoft de s’accorder avec leurs sous-jacents techniques.
Jean-Marc LazardCofondateur et CEO, Opendatasoft
« Nous devons être toujours plus interopérables avec l’écosystème de la donnée, ce que nous avons déjà commencé à faire, mais il faut que l’on accélère. Il s’agit de connecter nativement notre solution avec des plateformes Big Data, de stockage en masse, des data lakes à l’instar de ceux que proposés par Google Cloud Platform, Snowflake, AWS, etc. Finalement, ce sont dans ces environnements que nos clients stockent ou produisent leurs données. À nous de renforcer nos partenariats et de co-construire avec ces acteurs », déclare le PDG.
En sus d’AWS, la plateforme SaaS d’Opendatasoft peut être déployée sur 3DS Outscale, mais les grands groupes ont davantage adopté les services des fournisseurs cloud américains.
En outre, la documentation associée à la plateforme SaaS démontre qu’Opendatasoft prend en charge peu de connecteurs vers des services distants utilisés par les entreprises. Une liste mentionne Sharepoint, Salesforce, ArcGis, Google Drive ou encore Airtable, entre autres. Cependant, l’équipe de support d’Opendatasoft peut aider les clients à ouvrir des accès ou à développer des API spécifiques. De fait, les interfaces de programmation du fournisseur supportent le protocole ODATA, un standard pour bon nombre d’acteurs de l’industrie dont Microsoft, Salesforce, SAP, IBM ou encore Red Hat.
Une expérience utilisateur sur des rails
Il s’agit aussi de poursuivre les efforts en matière d’UX. « Depuis 10 ans, nous faisons beaucoup d’efforts en matière d’expérience utilisateur pour rendre autonomes n’importe quels professionnels ou particuliers dans la conception, la publication et la diffusion de ses propres visualisations de données sur Web ou mobile », vante Jean-Marc Lazard.
« Nous voulons également ajouter un maximum d’intelligence, de suggestions automatiques », souligne le dirigeant. « Quand un producteur de données instancie des coordonnées géographiques sur notre plateforme, l’enjeu est de développer un assistant capable de reconnaître ce type de données, de les enrichir avec des jeux de données ouverts (des prévisions météo, des informations sociodémographiques) présents sur la plateforme », poursuit-il.
Au fil des ans, l’équipe technique d’Opendatasoft a développé une cinquantaine de processeurs afin de préparer des données géographiques, des dates, et du texte. Ces processeurs sont disponibles depuis l’interface de publication des jeux de données et permettent de pseudonymiser des informations personnelles, de normaliser des champs, de transformer des colonnes en lignes, etc.
Un assistant pourrait également suggérer ces modifications ou les appliquer automatiquement après validation de l’utilisateur. En revanche, le fournisseur ne cherche pas forcément à développer de solutions d’analytique ou des modules de prévisions avancées, ses clients ayant déjà adopté des solutions du marché pour ce faire, d’après le PDG.
Une fois les jeux de données enrichis et publiés, l’interface no code d’ODS doit permettre de créer des visualisations et des pages Web responsives. Là encore, l’entreprise le fait évoluer pour en faciliter la prise en main et la publication des informations. En matière de dataviz embarquée, Opendatasoft propose plusieurs possibilités simples d’accès (iFrame, Widgets, liens URL). Ces douze derniers mois, les développeurs d’ODS se sont concentrés sur la V2 de l’API Explore, utilisée pour explorer les catalogues et les jeux de données avec le langage de requêtes ODSQL agrémentées d’expressions arithmétiques et de fonctions, selon la documentation.
Voir enfin « la couleur de la donnée »
Si la plateforme remplace parfois plusieurs outils (API Manager, intranet, outils BI, etc.) dans des projets de diffusions de l’information des administrations, les entreprises la perçoivent plutôt comme une « brique de leur architecture de données », selon le dirigeant.
Jean-Marc LazardCofondateur et CEO, Opendatasoft
« Dans les entreprises ou dans tout type d’organisation, vous avez des gens à qui l’on a raconté pendant quatre, cinq ans que l’on allait leur stocker et leur traiter de la donnée en masse », rappelle-t-il. « Vous êtes collaborateur, votre métier ce n’est pas d’être data scientist, c’est de prendre des décisions commerciales, marketing ou industrielles… et vous ne voyez toujours pas la couleur de la donnée ! Ou alors on vous en donne l’accès via un intranet vieillissant, vous cliquez sur un lien, puis il faut demander l’accès à la base de données à un administrateur. », illustre-t-il. « L’enjeu c’est la transversalité, la collaboration dans les entreprises, la démocratisation de la donnée et l’émergence de nouveaux services ».
Bien que commune à bon nombre d’éditeurs dont Tableau ou Toucan Toco, cette volonté de démocratisation est le terreau de l’ambition commerciale d’Opendatasoft. « Nous voulons que notre solution ait une empreinte mondiale. Tous les secteurs d’activités ont des données à valoriser auprès des citoyens, de leurs écosystèmes, de leurs clients ou de leurs collaborateurs. Il n’y a pas un secteur en particulier que nous ne puissions pas viser à un moment donné dans notre histoire », avance Jean-Marc Lazard.