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Forum économique mondial : le risque cyber reste en bonne place dans le Top 5
Les risques informatiques figurent parmi les cinq principaux risques menaçants organisations et pays pour les deux à cinq années à venir. Les inégalités numériques et la sur-occupation de l’espace avec les satellites de télécommunications n’aident pas.
Les risques informatiques figurent parmi les principaux risques auxquels le monde est confronté, alors que les gouvernements doivent faire face au changement climatique, à l’accroissement des inégalités sociales et à la reprise après la pandémie, avertit le Forum économique mondial (WEF, World Economic Forum).
La vulnérabilité croissante des gouvernements et des entreprises aux cyberattaques sera l’un des principaux risques débattus lorsque chefs d’entreprise, responsables politiques, universitaires et organisations non gouvernementales se réuniront dans le cadre d’une série de discussions virtuelles, du 17 au 21 janvier, en remplacement des discussions en personne à Davos.
Les cyberattaques transfrontalières, la désinformation et l’inégalité croissante entre ceux qui ont accès aux services numériques et ceux qui n’y ont pas accès figurent parmi les risques les plus graves à moyen et à court terme auxquels sont confrontés les gouvernements et les entreprises, selon le rapport 2022 du WEF sur les risques mondiaux.
Le Forum économique mondial cite l’échec de la cybersécurité comme l’un des principaux risques pour les deux à cinq prochaines années, alors que des menaces telles que les ransomwares et les attaques soutenues par des États-nations prolifèrent et que les organisations sont toujours plus dépendantes de la technologie.
Selon Carolina Klint, responsable de la gestion des risques pour l’Europe continentale chez Marsh, courtier d’assurances et spécialiste des risques, les risques technologiques vont accroître la pression sur les entreprises et les gouvernements, qui devront trouver de meilleurs moyens d’atténuer les cybermenaces.
« Alors que les entreprises se remettent de la pandémie, elles se concentrent à juste titre sur la résilience organisationnelle et les références environnementales, sociales et de gouvernance », relève Carolina Klint.
Pour elle, « les cybermenaces augmentent désormais plus vite que notre capacité à les éradiquer définitivement, et il est clair que ni la résilience ni la gouvernance ne sont possibles sans plans de gestion des cyber-risques crédibles et sophistiqués ».
La pandémie a accru le risque cyber
La pandémie a accru la dépendance des sociétés aux systèmes numériques, augmentant ainsi l’exposition des organisations aux cyberattaques.
Au cours des 18 derniers mois, les entreprises ont rapidement investi dans la numérisation de leurs systèmes et ont déplacé leur personnel vers le travail à domicile, augmentant ainsi leur exposition aux attaques informatiques.
Dans le même temps, les cyberattaques ont augmenté à un rythme qui dépasse la capacité des sociétés à les prévenir ou à y répondre, indique le rapport du WEF.
Selon ce rapport, « la diminution des barrières à l’entrée pour les acteurs de la cybermenace, les méthodes d’attaque plus agressives, la pénurie de professionnels de la cybersécurité et le caractère disparate des mécanismes de gouvernance » exacerbent le risque pour les infrastructures numériques.
Les rançongiciels constituent une menace particulièrement dangereuse qui représente une préoccupation majeure pour la sécurité publique, selon les responsables de la cybersécurité qui ont contribué au rapport.
Même dans les meilleurs scénarios, le coût de la défense contre les menaces numériques va augmenter, prédit le WEF.
Ce sera particulièrement difficile pour les petites et moyennes entreprises qui consacrent généralement 4 % ou plus de leur budget opérationnel à la sécurité, contre 1 à 2 % pour les grandes entreprises.
L’échec de la cybersécurité est le risque numéro un en Grande-Bretagne, en Australie, en Irlande et en Nouvelle-Zélande, et figure parmi les cinq principaux risques dans l’Est asiatique et dans le Pacifique ainsi qu’en Europe.
Les tensions entre les nations vont s’accroître, car les cyberattaques commanditées par des États deviennent plus graves, transformant la cybersécurité en un « coin de divergence » au lieu d’une coopération entre les États.
La désinformation, la fraude et le manque de sécurité numérique sont susceptibles de réduire encore la confiance du public dans les systèmes numériques, prédit le WEF.
L’inégalité numérique
La Covid-19 a entraîné d’importants investissements dans le numérique dans certains pays, mais les pays pauvres pourraient se retrouver coincés dans une « économie analogique » prépandémique.
L’inégalité numérique – l’accès inégal des populations aux services numériques – constitue un risque important à court terme en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, deux régions qui devraient connaître la croissance la plus lente en 2022, ainsi que dans d’autres pays à faible PIB.
Environ 40 % de la population mondiale n’est pas encore connectée à l’internet.
Les économies en développement auront des ressources limitées pour défendre leurs infrastructures critiques contre les cybermenaces, ou pour élaborer des réglementations visant à protéger les données et la vie privée.
« Il existe un risque que les préoccupations relatives à la cybersécurité entravent davantage les tentatives de promotion d’une numérisation rapide et inclusive », souligne le rapport du WEF.
Des bouchons dans l’espace
L’expansion rapide des opérateurs commerciaux de satellites, stimulée par le développement des communications sur Internet, pourrait générer des tensions entre les pays qui ne disposent pas d’accords internationaux sur la manière de régir l’exploitation de l’espace.
L’augmentation du nombre de satellites en orbite autour de la Terre pourrait enfin entraîner une « prolifération des débris spatiaux », avec un risque accru de collisions.
Cela pourrait rendre plus difficile l’utilisation des trajectoires orbitales nécessaires à l’hébergement d’infrastructures dans l’espace pour supporter des systèmes sur Terre, tels que la navigation GPS.
La perte d’un satellite à la suite d’une collision avec des débris pourrait susciter des tensions entre les pays, qui pourraient être exacerbées par des essais d’armes dans l’espace.
Une activité accrue dans l’espace peut également avoir des répercussions sur l’environnement, en augmentant potentiellement le coût de la surveillance météorologique et du changement climatique.
Gérer les risques futurs
L’absence de collaboration mondiale sur Covid-19 donne à réfléchir sur les perspectives de gestion des risques mondiaux futurs, tels que le durcissement des mesures relatives au changement climatique et aux phénomènes météorologiques extrêmes.
Deux ans après le début de la pandémie, les actions et le comportement de toutes les parties impliquées détermineront la rapidité avec laquelle le monde se remettra et développera la résilience nécessaire pour se préparer au prochain choc majeur, indique le rapport.
Le Forum économique mondial appelle à la collaboration entre les pays pour élaborer des règles de comportement dans le cyberespace, et pour développer les meilleures pratiques en matière de sécurité qui peuvent être partagées entre les industries et les économies.
Les initiatives devraient se concentrer sur la blockchain, l’informatique quantique et l’intelligence artificielle, soutient le WEF.
« Si nous n’agissons pas pour améliorer la confiance numérique par des initiatives intentionnelles et persistantes de renforcement de la confiance, le monde numérique continuera de dériver vers la fragmentation, et la promesse de l’une des ères les plus dynamiques du progrès humain pourrait être perdue », indique le rapport du WEF.
Le rapport s’appuie sur les réflexions d’experts en risques du monde entier, étayées par une enquête sur la perception des risques menée auprès de 1 000 experts et dirigeants mondiaux, et sur les réflexions de 12 000 personnes qui ont identifié des risques critiques à court terme dans 124 pays.