Visio : WebEx « tient ses parts de marché » en France (Cisco)
En 2020, Cisco n’a pas surfé autant que ses concurrents sur la vague collaborative. Son CA aurait même reculé dans la communication unifiée. Mais en 2021, WebEx résiste, assure Cisco France. Et l’offre se réinvente pour mieux partir à l’abordage de Teams.
C’est peu dire qu’en 2020, le marché de la visioconférence et des outils de communications a bondi sous l’effet de la pandémie. Les chiffres d’IDC sont frappants. Le cabinet d’analystes estime que la communication unifiée (UC) – qui regroupe visio, chat, VoIP, et collaboration d’équipe – aurait connu une croissance « exponentielle » de +45 % en un an pour atteindre les 22 milliards $ de chiffre d’affaires.
Comme souvent, la segmentation est sophistiquée. IDC considère un marché plus large – le « UC&C » (Unified Communications & Collaboration) qui a crû de 30 % (+21 % en Europe à 14,3 milliards $) – qu’il décompose en sous-segments, dont le UC. Mais le constat global reste simple : tous ces segments ont très fortement progressé en 2020, à l’exception notable des téléphones IP.
Des éditeurs portés par la vague UC, sauf Cisco
Même les équipements des salles de conférences ont profité de la vague (+26 % à 2,6 milliards $), ce qui est plus surprenant, souligne IDC, au regard des confinements de 2020.
Le bond de la communication unifiée est en tout cas une aubaine pour tous les acteurs du secteur. Le chiffre d’affaires UC&C de Microsoft – porté par Teams – a atteint 16,1 milliards $, en hausse de 46 % sur un an, soit une part de marché de 34,2 %. Les revenus de Zoom ont augmenté de 333 % pour atteindre 2,6 milliards $, avec une part de marché de 5,5 %. Même les historiques Avaya et Ring Central ont progressé respectivement de 15 % et de 32 %.
Bref, tous les éditeurs de la communication unifiée ont le sourire. Tous sauf un : Cisco.
Avec WebEx, Cisco est pourtant un acteur majeur du UC. Il est par exemple Leader dans le « MarketScape 2020 » d’IDC (le plus récent à date) sur l’« Enterprise Videoconferencing ». Il surclasse même légèrement Microsoft, et largement Zoom et Google.
Oui, mais voilà. Malgré sa technologie très robuste, mais perçue – à tort ou à raison – comme vieillissante, Cisco est le seul du Top 5 d’IDC à avoir reculé (-4 % sur l’année), pour un CA en repli à 5 milliards $ (10,5 % de part de marché).
Une mue technologie pour repartir à l’abordage
Le constat est dur pour Cisco. Mais il a été entendu.
Jeetu PatelCisco
L’éditeur a, depuis, redoublé d’efforts pour revoir son offre WebEx en profondeur, pour gagner en ergonomie et en simplicité, pour souligner ses différences (dont la principale reste que Cisco fait aussi des équipements réseaux pour optimiser et sécuriser les communications WebEx jusqu’au domicile des collaborateurs), voire pour explorer de nouvelles terres (comme avec l’Intelligence artificielle ou les hologrammes).
Toutes ces évolutions mises en avant lors du WebexOne ont fait dire à Jeetu Patel, Vice-Président exécutif et Directeur général, Sécurité et Collaboration chez Cisco : « nos clients ne nous demandent plus ce que nous faisons pour rattraper notre retard, mais ce que nous allons faire pour rester en avance ».
Le prochain rapport d’IDC dira si l’optimisme de Jeetu Patel se traduit par un retour à la croissance de WebEx. Et donc si les acheteurs seront sensibles à la mue technologique que réalise WebEx pour mieux repartir à l’abordage de ses concurrents.
En France, Bruno Caille, Directeur technique (CTO) de la filiale locale de Cisco, assure en tout cas que WebEx résiste bien face à la montée en puissance de Zoom, et surtout de Teams.
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Pour lui, Zoom aurait surtout progressé en local sur le « bas du marché » (TPE, petites PMEs, B2C). À l’inverse ; « Cisco s’est toujours positionné sur le haut du marché, les grandes entreprises, les grands comptes et les ETI. Sur ce segment, nous sommes plutôt en compétition avec Microsoft » resitue Bruno Caille.
Bruno CailleCisco
Teams n’aurait par ailleurs pas véritablement fait reculer WebEx. « Microsoft est très présent sur le poste de travail avec Teams pour le messaging. [Mais] nous avons conservé des parts de marché importantes sur la partie meeting, parce que nous proposons justement une plateforme qui intègre la partie software, mais aussi la partie hardware », explique au MagIT Bruno Caille, qui souligne que, en parallèle, Cisco a « beaucoup travaillé l’intégration pour les univers des grands comptes qui sont très souvent du Microsoft ou du Google ».
En d’autres termes, WebEx a tangué en 2020, mais il est loin d’avoir coulé. « Ce que l’on voit sur le marché national français, c’est que l’on tient nos parts de marché plutôt qu’une décroissance », insiste le CTO. « Nous avons renouvelé de gros clients sur des Enterprise Agreements […] notamment dans les domaines finance et bancaire où nous gardons des parts de marché très importantes ».
L’atout chiffrement de bout en bout
En plus de pouvoir proposer un duo logiciel matériel, WebEx dispose d’un autre atout historique qui serait particulièrement apprécié par le marché français : la sécurité.
« La sécurité est un de nos grands différenciateurs », avance Bruno Caille. « Nous proposons par exemple le chiffrement de bout en bout, et le chiffrement pour des meetings, qu’ils soient uniquement software ou software et hardware, ce que ne sait pas faire Microsoft ».
Les grands comptes seraient, de surcroît, de plus en plus sensibles à cette dimension.
Bruno CailleCisco
« Le chiffrement de bout en bout – et non par segment – prend de l’importance. Nous avons de l’écoute sur cet enjeu [de sécurité] parce que les entreprises craignent pour leurs communications critiques », constate le CTO. « Tous les meetings n’ont pas la même valeur. Mais quand vous faites une réunion préparatoire avant une publication sur vos résultats, les données [partagées] sont extrêmement sensibles. Vous préférez qu’elles soient sécurisées de bout en bout », illustre-t-il.
Conséquence de la diversité des « valeurs » de réunions, les entreprises ont aussi une diversité d’outils de visio. « Dans le travail hybride, on a beaucoup parlé de la mixité des lieux et des appareils, mais on voit aussi une mixité des outils de communication. Avant, une entreprise faisait le choix d’un seul outil et l’imposait à tous ses collaborateurs. Aujourd’hui, les collaborateurs ont l’habitude de manipuler différents outils pour rejoindre des réunions, que ce soit du WebEx, du Teams, du Zoom ou du Google. [Mais] beaucoup favorisent, voire imposent WebEx sur les réunions critiques pour s’assurer d’une sécurité optimum ».
En résumé : en capitalisant sur ses atouts historiques, Cisco a résisté à Teams et à Zoom en 2020. En multipliant les nouveautés en 2021, il a modernisé son vaisseau amiral pour reprendre l’initiative. 2022 dira si ces chantiers auront donné suffisamment de voilures à WebEx pour le relancer dans la course, et – pour reprendre l’expression de Jeetu Patel – être « en avance » aussi dans les ventes de licences.
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