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IPaaS : avec webMethods.io, Software AG joue la stratégie du coup d’avance

Après une refonte de sa plateforme d’intégration lancée il y a deux ans, Software AG anticipe les besoins futurs de ses clients actuellement préoccupés par l’hybridation de leurs systèmes informatiques et l’adoption apparemment inévitable des API.

Ce n’est sûrement pas le sujet le plus attirant. Et pourtant, l’intégration de données apparaît nécessaire, d’autant que volontairement ou de manière transitoire les entreprises adoptent des architectures hybrides, selon Forrester. Pour que les systèmes existants puissent communiquer avec les nouvelles applications – souvent cloud natives –, il est requis d’employer plusieurs méthodes d’intégration. En clair, les API représenteraient l’arbre qui cache la forêt composée de connecteurs, de flux B2B (EAI et EDI), de transferts de fichiers, etc.

C’est en tout cas ce qu’assurent les acteurs du marché de l’iPaaS, dont TIBCO, Boomi, Informatica, MuleSoft, IBM, Microsoft et bien évidemment Software AG.

Depuis deux ans, l’éditeur allemand mène une transformation centrée sur l’iPaaS webMethods.io. Issue du rachat de Build.io, cette plateforme d’intégration low-code adossée à une architecture de microservices est pensée comme le pendant dans le cloud de la traditionnelle plateforme webMethods, enrichie au fil des ans, l’accumulation de plus « de 50 ans de savoir-faire » comme aime à le rappeler Software AG.

En ce sens, au mois d’octobre dernier, l’entreprise a ajouté une fonctionnalité MFT au sein de webMethods.io. « Avec cette brique de transfert de fichiers, nous venons d’achever un effort long de deux ans afin de proposer les mêmes capacités sur site et dans le cloud », assure Fabrice Hugues, directeur innovations et solutions, chez Software AG. « C’était la dernière brique d’intégration à mettre au niveau du cloud ».

Webmethods.io a aussi le droit à un programme nommé Connector Ecosystem, pour encourager les éditeurs tiers, les OEM et les clients à partager des « recettes » de connecteurs sur une place de marché.

De son côté, WebMethods, est désormais pensée comme une suite d’intégration hybride capable de réunir des capacités d’intégration applicative, d’API Management, de gestion de flux BtoB, de MFT, de messagerie, de cache in memory et de construction de microservices. Rien que cela. « 100 % de nos nouveaux clients déploient des architectures hybrides et une faible majorité des clients existants sont uniquement sur site », assure le directeur.

Selon Fabrice Hugues, les clients ne sont pas obligés d’adopter tous ces éléments, d’autant qu’ils utilisent souvent d’autres solutions du marché. « Le fait que nous ayons la capacité de séparer les couches nous apporte beaucoup d’avantages », déclare-t-il. « Nous n’imposons pas aux clients d’embarquer toutes nos briques d’intégrations. Certains clients ont déjà des moyens pour contrôler les règles métiers ou opérer certaines intégrations. Nous devons avoir une forme d’agilité ».

Cela n’empêche pas l’éditeur d’ajouter de nouvelles solutions en préversion, comme webMethods DataHub.

« La majorité de nos clients ont mis en place ou sont en train de déployer des lacs de données », commente Fabrice Hugues. Ils cherchent à alimenter ces data lakes avec les données en provenance de différents systèmes et API, selon le responsable.

Accélérer les processus de rapport BI depuis les lacs de données

Pour cela DataHub s’appuie sur le cœur de l’ESB de l’éditeur allemand, Integration Server (IS), qui permet d’extraire des données. Un ou plusieurs clusters IS sont associés à la couche de cache in memory Terracotta afin de charger les données et d’opérer des transformations, avant de les envoyer vers un lac de données. Les informations chargées dans le data lake (ici, des instances Amazon S3, Azure Storage ou HDFS) peuvent être interrogées avec le moteur de requêtes SQL de Dremio (un concurrent de Databricks et de Snowflake), déployé sur ce même data lake.

L’interface du DataHub permet de créer des vues matérialisées de données – des jeux de données – qui seront ensuite stockées dans le data lake, et cela sans écrire une ligne de code, promet l’éditeur. L’outil comprend également des fonctionnalités de supervision afin de vérifier si les chargements de données s’exécutent normalement. Si les responsables marketing de l’éditeur évoquent le DataHub comme une solution en presque temps réel, les ingénieurs évoquent plutôt la possibilité de réduire le temps du processus de reporting de « 8 heures à 8 minutes ». In fine, les métiers doivent pouvoir traiter les données depuis Power BI, Tableau ou encore Qlik. À noter que WebMethods DataHub est aussi disponible dans Cumulocity, la plateforme IoT de Software AG.

Mais Software AG ne veut pas seulement accélérer l’intégration de données. L’éditeur allemand entend aussi proposer une solution pour favoriser les échanges entre les microservices. « Historiquement, notre solution ESB était un monolithe parce que les architectures étaient centralisées », déclare Fabrice Hugues. « Nous avons complètement éclaté cette architecture pour que nos modules puissent être compatibles avec la conteneurisation, mais aussi avec les architectures de microservices, ce qui est beaucoup plus compliqué à élaborer ».

En ce sens, Software AG propose AppMesh, couplée à une « micro-gateway » API.

Combiner API et Service Mesh

« Notre passerelle API a été pensée pour qu’elle soit exposée sous forme de micro-gateway », avance Fabrice Hugues.

Cette passerelle miniaturisée doit en réalité faciliter l’adoption des maillages de services (service mesh), une technologie fortement liée aux applications reposant sur Kubernetes. Le service mesh doit orchestrer le routage des communications et des données entre les différents composants d’une architecture de microservices.

« Le service mesh facilite la tâche d’orchestration, mais ajoute beaucoup de complexités en matière d’administration », considère Fabrice Hugues. « Au-dessus, de ce service mesh, nous avons développé une couche fonctionnelle visant à simplifier la gestion de la communication entre microservices ».

« Au-dessus, de ce service mesh, nous avons développé une couche fonctionnelle visant à simplifier la gestion de la communication entre microservices ».
Fabrice HuguesDirecteur innovations et solutions, Software AG

Concrètement, AppMesh doit abstraire les capacités du service Mesh Istio et de son proxy Envoy. La promesse est de « comprendre, contrôler et améliorer » les architectures de microservices. Ici, Software AG propose une interface pour établir des politiques – des règles – sans écrire de code. À l’origine, AppMesh a été pensé comme un moyen « d’étendre le maillage de services par l’APIsation ». Donc, AppMesh se connecte à un service mesh Istio déjà déployé par les ingénieurs logiciels d’une entreprise via une passerelle (API Gateway).

Ensuite, les développeurs peuvent créer des « micro API » qui reprennent les fonctionnalités d’API existantes et les exposer comme des side-cars compatibles avec Istio. En clair, cela permet d’intégrer des données en provenance d’un monolithe vers des microservices, mais aussi de réguler les échanges des nouveaux composants grâce aux politiques établies. La dernière version en date d’AppMesh permet d’exposer publiquement les API miniaturisées via l’API Gateway de webMethods.

Toutefois, l’usage des service mesh demeure limité en entreprise. « Nous voulons être en avance sur les besoins de nos clients afin d’être prêts quand ils se lanceront dans ce type de projets », répond le responsable.

L’heure est à la gestion des API. Avant que MuleSoft ne le propose, Software AG a présenté une nouvelle version de son portail développeur. WebMethods Developer Portal est désormais personnalisable afin de créer des places de marché d’API ou des espaces collaboratifs au nom de l’entreprise. De même, l’éditeur commence à prendre en charge les API GraphQL via son API Gateway et offre une option pour suivre la provenance des interfaces de programmation.

 « L’intégration entre les différents systèmes est beaucoup plus simple qu’auparavant, mais cela reste chronophage ».
Fabrice HuguesDirecteur innovations et solutions, Software AG

 « L’intégration entre les différents systèmes est beaucoup plus simple qu’auparavant, mais cela reste chronophage », reconnaît Fabrice Hugues. « Par exemple, réaliser 400 mappings prend du temps. Le sujet n’est plus véritablement l’intégration, mais l’orchestration des API ».

Si webMethods et sa déclinaison iPaaS doivent desservir tous les besoins d’intégration, la plupart des entreprises adoptent à marche forcée les API, car « leurs fournisseurs et leurs partenaires font de même ».

Les analystes convaincus par la stratégie de Software AG

Cette stratégie voulue avant-gardiste combinée à un large portfolio convainc les analystes. Dans son Magic Quadrant de septembre 2021 consacré aux EiPaaS (Enterprise iPaaS), Gartner place Software AG parmi les visionnaires, aux côtés de Snaplogic, Jitterbit et IBM. Les leaders désignés sont Boomi, SAP, Workato, Oracle, MuleSoft, Microsoft et TIBCO. Selon le cabinet, Software AG aurait 5 200 clients, dont 65 % situés en Amérique du Nord. L’entreprise allemande n’aurait que 25 % de sa clientèle dans la région EMEA. Gartner note que les clients ont une méconnaissance de son offre cloud et qu’ils lui reprochent la complexité de certaines briques n’ayant pas encore fait l’objet d’une refonte low-code/no-code.

Le Forrester Wave du quatrième trimestre 2021 consacré au marché de l’iPaaS, lui, place Software AG en tête de son classement, devant MuleSoft, TIBCO, Boomi, Microsoft ou encore IBM.

Le 21 octobre dernier, dans un communiqué consacré au bilan financier du troisième trimestre fiscal 2021, Sanjay Brahmawar, le PDG de Software AG, s’est montré confiant dans l’avenir de la société. Les investissements dans les domaines comme l’IoT, l’iPaaS, l’API Management et le process mining portent leurs fruits, considère-t-il. La croissance des réservations dans chacune de ces gammes serait à deux chiffres.

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