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IoT : Sigfox veut améliorer son service de géolocalisation
Sigfox, le fournisseur d’un réseau LPWAN dédié à l’IoT poursuit sa mue. Pour renforcer les services adressés aux acteurs de la supply chain, l’entreprise labègeoise lance un partenariat avec l’Américain Skyhook, un spécialiste de la géolocalisation, pour améliorer la qualité de service de ses solutions d’asset tracking.
En 2018, en complément de son offre Atlas, Sigfox dévoilait Atlas Wifi, un service de géolocalisation sans recours direct à la technologie GPS, combinant son LPWAN propriétaire « 0G » et les infrastructures Wifi ouvertes. Si la société basée dans les environs de Toulouse n’envisageait pas au départ se spécialiser dans la gestion d’actifs pour la supply chain, c’est bien là que le réseau IoT basse consommation est le plus à l’aise.
Aujourd’hui, Sigfox aide à géolocaliser près d’un million de rolls-conteneurs dans les entrepôts d’experts de la livraison comme DHL, Anpost, la poste irlandaise ou encore la poste autrichienne. Le groupe PSA utilise la même technologie pour suivre des emballages réutilisables. « Nous avons avant tout développé nos services de localisation pour cibler les problématiques de la supply chain et de la logistique », affirme Benjamin Mazet, directeur Asset Tracking, chez Sigfox.
Les rolls-conteneurs ou les boîtes récupérables demeurent des actifs chers. Le prix d’un roll varie entre 120 euros HT à près de 600 euros. Le surcoût de la balise IoT et de la connectivité serait acceptable par rapport aux pertes évitées tous les ans. « Les entreprises perdent environ 10 % de ces actifs chaque année, et il faut souvent plusieurs milliers, voire plusieurs centaines de milliers de rolls pour assurer une production », illustre le responsable.
Un partenariat avec Skyhook pour améliorer Atlas Wifi
Pour bâtir ce service de suivi d’actifs, Sigfox avait engagé un partenariat avec HERE, le spécialiste de la cartographie. Sauf que le Français n’obtient pas les mêmes niveaux de services dans tous les pays.
Benjamin MazetDirecteur Asset Tracking, Sigfox
« Le gros défi du Wifi c’est qu’il repose sur une infrastructure disponible, “publique”, mais dynamique, qui évolue rapidement suivant la maturité des pays et des solutions offertes dans ces zones », explique Benjamin Mazet. « Certains fournisseurs de bases de données Wifi [comme Skyhook et HERE N.D.L.R.] ont des points forts du fait de leur présence physique dans certains territoires, ce qui facilite la récupération des informations des points d’accès. Ils ont aussi des accords avec un certain nombre d’acteurs : des fabricants de puces, des opérateurs télécoms ou des tiers qui leur permettent d’enrichir leurs bases de données ».
Or Sigfox cherche à se développer dans certaines régions, dont l’Asie, et particulièrement au Japon.
« Nous avions une grosse problématique au Japon, un pays dans lequel nous soutenons des développements conséquents. L’analyse effectuée avec notre opérateur japonais [Kyocera Corp. N.D.L.R.] a démontré que Skyhook dispose d’une très bonne qualité de service dans ce pays », précise Benjamin Mazet.
Sigfox a ensuite engagé un partenariat « mondial » avec Skyhook, une filiale du Texan Liberty Broadband, et un spécialiste de la géolocalisation basé à Boston. Le groupe s’appuie sur 6 milliards de points d’accès, récupère plus de 110 millions de points de données mobiles, 1,5 milliard d’adresses IP et administre quelque 1,8 milliard de requêtes API par jour. Plus précisément, l’entreprise française intègre Atlas Wifi avec la plateforme Precision Location de Skyhook.
Cela ne veut pas dire que Sigfox fait une croix sur son partenariat avec le cartographe hollandais.
« Nous allons continuer à travailler avec HERE pour nos clients existants et ajouter la solution de Skyhook pour apporter soit une meilleure couverture dans certains pays, notamment dans les pays émergents, soit compléter notre offre issue du partenariat avec HERE », indique Benjamin Mazet.
Mêler précision et basse consommation
Que ce soit avec HERE ou Skyhook, l’idée est d’utiliser la capacité de Sigfox à « sniffer » les adresses MAC des points d’accès Wifi depuis un objet connecté équipé d’un module adéquat, en l’occurrence une balise de position, puis d’envoyer ces adresses via le réseau Sigfox.
Or, ce LPWAN ne permet de transmettre que deux à trois adresses MAC par paquet, généralement réparties équitablement sur les douze octets d’un message (payload). C’est là qu’interviennent les bases de données Wifi et les systèmes de géolocalisation distants, propulsés par des algorithmes capables de « résoudre » les adresses, c’est-à-dire de retrouver le point d’accès correspondant et à en déduire la position de l’objet passé près des points d’accès. Les clients n’auraient pas à se soucier du choix entre les deux partenaires de Sigfox. « Nous voulons que ce soit transparent pour les clients », déclare Benjamin Mazet.
Cette technique serait particulièrement efficace, selon le directeur Asset Tracking chez Sigfox. « Nous arrivons à obtenir une localisation relativement précise, entre 50 et 500 mètres suivant les cas ». La géolocalisation peut être plus fine, mais « pour respecter le RPGD les fournisseurs réduisent leur précision », constate le responsable. D’ailleurs, cette combinaison Wifi-LPWAN serait plus efficiente que la technologie GPS dans les « canyons urbains », des zones de bâtis extrêmement denses où les hotspots Wifi sont généralement bien implantés. En outre, quand les données fournies par des acteurs comme Skyhook et HERE sont erronées ou peu précises, Atlas Wifi peut aider à mettre à jour leurs bases de données, selon le directeur Asset Tracking chez Sigfox.
L’équilibre entre précision et consommation serait son avantage premier, d’autant que l’envoi de message en LPWAN vers l’applicatif client permet de réduire cette empreinte énergétique. « Les batteries des traqueurs tiennent cinq à sept ans suivant l’usage », affirme Benjamin Mazet.
Benjamin MazetDirecteur Asset Tracking, Sigfox
Pour des actifs moins coûteux, mais tout aussi importants que les rolls-conteneurs comme les palettes, le surcoût de l’objet connecté est moins pertinent.
Là, Sigfox étudie la possibilité de placer des balises au bon endroit afin de suivre des piles de palettes. À l’avenir, il s’agit de diminuer le prix des équipements, d’augmenter légèrement le nombre d’adresses MAC par message. « Nous souhaitons améliorer la précision de la géolocalisation tout en maintenant notre approche frugale de l’IoT », indique le responsable.
La société cherche également à combiner les technologies RFID (à travers un partenariat avec NXP), BLE (Bluetooh Low Energy) et 0G pour la localisation des objets à courte portée, en intérieur.
Concernant la connectivité, Sigfox a fait le choix de placer son cœur de réseau sur Google Cloud Platform. L’entreprise a terminé cette migration il y a moins de deux semaines. « Après une phase de déduplication de quelques jours, tout notre trafic passe par GCP », annonce notre interlocuteur. Il s’agit à la fois d’abaisser les coûts d’infrastructure et de supporter la part grandissante de messages transitant sur son réseau. De 63 millions de messages par jour en 2020, Sigfox est passé à 76,5 millions de transactions par jour réalisées depuis 19,1 millions d’objets connectés, en date du 31 octobre 2021.
Précisons que Sigfox ne dévoile plus son chiffre d’affaires depuis 2018. L’entreprise a activé en septembre 2020 un plan de sauvegarde de l’emploi concernant 47 salariés. Au début du mois de février, son fondateur et PDG – Ludovic Le Moan – a quitté son poste. Jérémy Prince lui a succédé. Le nouveau dirigeant poursuit la revente des infrastructures réseau à des opérateurs et l’enrichissement de son offre de services, en se concentrant pour l’instant sur deux activités de niche : le suivi et la surveillance d’actifs.