Connections HR 2021 : Cegid célèbre l’arrivée de Talentsoft
Cegid avait confirmé ses ambitions dans les RH en rachetant en 2021 le spécialiste de la gestion de talents, Talentsoft. Lors d’un évènement avec les dirigeants des deux éditeurs, il a présenté la solution et expliqué à ses clients ce qu’il comptait en faire.
Maison de la Mutualité (Paris) – La promesse date de 2018. Sur la scène du Palais des Congrès, André Brunetière, le Directeur des Produits et de la R&D de Cegid, l’annonçait au public : l’éditeur spécialiste de l’ERP, de la paie et des logiciels pour les experts-comptables aurait aussi rapidement un vrai SIRH/HCM.
Quatre ans plus tard, sur la scène d’une autre salle mythique – La Maison de la Mutualité, qui a vu se produire Georges Brassens, Sonny Rollins ou Ben Webster – Cegid organisait ce 18 novembre un « Connections HR », un évènement totalement dédié aux RH et aux DRH.
Le chemin parcouru est énorme si l’on se rappelle que lors de l’évènement de 2018, aucun client n’avait témoigné dans ce domaine RH. Depuis, Cegid – qui avait déjà racheté le Canadien Technomedia sous l’ère Jean-Michel Aulas – a multiplié les acquisitions, dont deux cibles de premier choix avec l’Espagnol Meta4 en 2019 et avec le champion de la gestion de talents, le Français Talentsoft en avril 2021.
Pour célébrer ce second rapprochement, les « top managements » des deux entités ont témoigné à tour de rôle à la Mutualité des bienfaits de cette union franco-française à visée européenne. Au-delà des satisfecit d’usage, l’exercice a permis à Cegid de faire un point sur sa stratégie tout en « vendant » Talentsoft à ses clients (et inversement, en vendant Cegid aux clients de Talentsoft).
Sur scène se sont succédé Pascal Houillon (PDG de Cegid), Jean-Stéphane Arcis (co-fondateur et président de Talentsoft), Joël Bentolila (CTO et autre co-fondateur de Talentsoft) et André Brunetière (CTO de Cegid). Ne manquait à l’appel qu’Alexandre Pachulski (troisième et dernier co-fondateur de Talentsoft), parti de l’entreprise en septembre pour devenir administrateur de France Digitale.
Devenir numéro 1 européen de la gestion de talent
Le rachat de Talentsoft avait été une petite surprise tant l’éditeur affichait de bons taux de croissance et des ambitions de conquêtes. Mais « Cegid a apporté de la confiance sur [notre] pérennité », justifie aujourd’hui Jean-Stéphane Arcis. « Dans la techno, on entend souvent que le Français est fragile et que le géant américain est solide. Mais sur le sol français, le géant c’est Cegid […] Talentsoft est plus fort avec Cegid », insiste-t-il.
Jean-Stéphane ArcisTalentsoft - Cegid
« Dans une autre vie, j’ai été un des tout premiers clients de Talentsoft », répond Pascal Houillon qui souligne pour sa part la complémentarité des produits, des zones géographiques couvertes par les deux entreprises, et des clients. Talentsoft revendique en effet 2 300 entreprises clientes dans le monde – dont des groupes en Europe du Nord où Cegid n’est pas présent – et seule une centaine utiliserait le HCM de Cegid.
« En nous rapprochant de Cegid, nous souhaitions aussi conserver la souveraineté technologique de Talentsoft, pour continuer à proposer plus de proximité et plus d’écoute à nos clients », renchérit Jean-Stéphane Arcis. Celui-ci confirme que sur la complémentarité des produits « nous sommes un spécialiste de la gestion des talents, Cegid un spécialiste de la paie. Et nous sommes tous les deux en SaaS. C’est toujours difficile dans la tech quand il y a des recouvrements [de produits] » ; sous-entendu : là, il n’y en a pas.
« Nous étions le numéro 1 en France, demain nous voulons être le numéro 1 en Europe », conclut-il en guise de perspective.
Une R&D désormais commune
Les deux dirigeants soulignent également que leur R&D – désormais commune depuis octobre – est très majoritairement en France (1 000 personnes sur les 1200 de la R&D, soit 85 % des effectifs).
Joël BentolilaTalentsoft - Cegid
Sur cette R&D, le diplômé des Mines Paris Joël Bentolila (CTO de Talentsoft) et le polytechnicien André Brunetière (CTO de Cegid) ont pris le relais, vantant eux aussi les mérites du mariage, même si les chantiers sont nombreux : intégration intime des backends des solutions, travail qu’elles deviennent « sans couture » pour les utilisateurs, et construction d’un « Hub HR », avec un Datalake et du Master Data Management.
Ce Hub doit former le socle d’une donnée RH unifiée (« qu’elle soit dans l’outil de paie ou dans l’outil de gestion des talents », dixit André Brunetière) pour y appliquer de l’IA et des algorithmes de Machine Learning. Une des applications est, par exemple, de détecter les aspirations des collaborateurs et de les faire correspondre à des missions et des postes ouverts dans l’entreprise pour optimiser la mobilité interne, illustre Joël Bentolila (ce que propose déjà TalentMatch de Talentsoft, mais pas encore sur une donnée unifiée).
Le but de ces chantiers technologiques est de faire « basculer le SIRH d’une application qui prend du temps [avec de la saisie] en un outil qui en fait gagner en restituant des éclairages », met en perspective le co-fondateur de Talentsoft.
D’après un porte-parole de Cegid, l’intégration devrait se finaliser et se concrétiser par une solution réellement unifiée d’ici un an.
Mais s’il parle intégration, Cegid n’entend pas pour autant renoncer au « best of breed ». Dit autrement, Talentsoft devient « by Cegid », mais il pourra parfaitement continuer à être commercialisé en produit indépendant.
Logique, si l’on considère que sur le segment HCM au sens large, la gestion de talents est un des plus gros moteurs de croissance. « Le marché du talent s’est durci, il est de plus en plus dur d’en trouver », affirme Pascal Houillon. Un marché qui, par conséquent, cherche des solutions logicielles pour l’aider et pas forcément à renouveler son Core RH.
Cegid continue sa croissance à marche forcée
Avec l’arrivée aux commandes de Pascal Houillon en 2017, l’objectif affiché de l’éditeur était d’accélérer sa croissance (avec des taux d’environ 20 % par an, aussi bien en organique qu’avec des rachats) et d’atteindre les 600 millions d’euros de chiffre d’affaires (CA) en 2022.
En décembre 2020, les temps de passage étaient quasiment respectés avec un CA de 498 millions d’euros. Pour 2021, Cegid projette un résultat de 634 millions, dont 40 % aujourd’hui se font avec son pilier RH.
Talentsoft a donc été un moyen d’atteindre l’objectif fixé. Et il sera certainement un relais de croissance pour le prochain plan de Cegid. « Notre chiffre d’affaires a doublé en quatre ans », se félicite Pascal Houillon. « Nous visons la même croissance à l’avenir », promet-il un peu plus tard. Le nouvel objectif à atteindre sera-t-il 1,2 milliard d’euros dans 4 ans ? La présentation de ce nouveau cycle, prévue pour début 2022, le confirmera ou affinera l’estimation.