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Stockage : StorageOS devient Ondat, son interface passe au cloud
Pour séduire les entreprises, la startup s’efforce de présenter sa solution Kubernetes sous un jour plus acceptable pour deux profils irréconciliables : les informaticiens et les développeurs.
StorageOS, l’éditeur d’un système de stockage pour Kubernetes, change de nom et de stratégie. Désormais baptisé Ondat, il espère ne plus passer pour une vieille solution de datacenter aux yeux des développeurs. Dans le même temps, il étend son produit avec une console SaaS toute graphique, cette fois pour que les administrateurs système définissent et surveillent leurs règles de fonctionnement à la souris plutôt qu’en tapant des commandes au clavier.
L’enjeu pour l’éditeur est de pousser la porte des grands comptes. Jusque-là, StorageOS n’aurait séduit qu’une poignée de DevOps enthousiastes, c’est-à-dire des profils à mi-chemin entre les développeurs et les informaticiens, touche-à-tout, qui ne correspondent pas au public des entreprises.
« Les fournisseurs marchent sur des œufs concernant la manière de vendre un produit en entreprise à la fois aux développeurs et à la DSI », remarque Dave Raffo, du cabinet Evaluator Group.
Selon lui, les développeurs conviennent généralement que les produits de stockage historiques, c’est-à-dire issus de la DSI, sont incapables de correctement soutenir un environnement Kubernetes, conçu pour déployer facilement du code. Dans ce contexte, le mot « storage » (stockage) était manifestement bien trop connoté « informatique » pour séduire les équipes de développeurs.
« Le changement de nom de StorageOS à Ondat s’inscrit dans cette volonté de trancher avec le passé du datacenter. Et ce n’est pas un cas isolé : Red Hat vient de faire la même chose en rebaptisant en toute discrétion son système de stockage OpenShift Container Storage en OpenShift Data Foundation, juste pour faire disparaître le terme storage », note l’analyste.
Une console graphique SaaS comme signe de maturité
Apporter une console toute graphique est aussi un meilleur moyen d’attirer l’intérêt des entreprises, cette fois-ci en séduisant leur DSI. « Un portail web et des fonctionnalités plus conviviales sont le signe d’une plateforme en pleine maturité », commente Dave Raffo.
Cette console graphique déplace l’utilisation de Kubernetes des mains des développeurs – qui lancent des paramètres en ligne de commande lorsqu’ils déploient leurs codes – à celles des administrateurs – qui souhaitent alléger leurs efforts de maintenance avec des outils visuels.
« Les développeurs n’ont pas peur d’utiliser des lignes de commande, c’est comme ça qu’ils travaillent. Mais à un moment donné, leurs outils vont devoir être manipulés par les informaticiens de la DSI pour assurer la maintenance : on pense aux fonctions de sauvegarde des contenus, de chiffrement, etc. Ces fonctions se contrôlent de nos jours avec des interfaces graphiques », explique Dave Raffo.
Dans le détail, le portail SaaS d’Ondat apporte aux équipes informatiques le pilotage de plusieurs stockages, situés dans plusieurs centres de données, la surveillance des performances et la faculté de déployer des services additionnels, typiquement des bases de données.
Un SDS pour Kubernetes qui prend des allures de nouveauté
Ondat présente d’habitude sa plateforme comme une solution de Software-Defined Storage (SDS) conçue pour le cloud et pour le développement d’applications Kubernetes. En clair, elle permet aux développeurs d’utiliser un seul pool de stockage générique pour tous leurs projets, plutôt que de devoir indiquer à chaque déploiement l’adresse d’une nouvelle baie de disques.
« Les développeurs ont gagné une certaine autonomie avec Kubernetes : ils peuvent déployer tout seuls leurs applications avec les commandes des containers, et n’ont plus besoin de demander à la DSI qu’elle leur prépare à chaque fois des machines virtuelles. En revanche, la complexité de savoir sur quelle baie de stockage déployer les données posait encore problème, puisqu’il fallait obtenir l’information des équipes informatiques. Avec un SDS pour Kubernetes, les développeurs puisent dans le pool que la DSI a configuré pour eux en amont », explique Alex Chircop, le fondateur et PDG d’Ondat.
Alex ChircopFondateur et PDG d'Ondat
Problème, la startup StorageOS/Ondat est loin d’être la seule à proposer des solutions pour conjuguer les pratiques du stockage avec celles de Kubernetes. Pure Storage, fournisseur historique du datacenter, tâche de mobiliser l’attention autour de son produit Portworx. Des produits Open source comme OpenEBS et Rook sont également en train de se démocratiser. Il fallait marquer une différence.
« Les applications en containers ont des accès à l’infrastructure radicalement différents des usages habituels. Il y a donc une demande très forte de la part des entreprises pour des produits qui simplifient et accélèrent les déploiements sur Kubernetes, et l’idée générale est que ces produits doivent forcément être nouveaux, différents », estime Scott Sinclair, analyste chez Enterprise Strategy Group.
Fort de son nouveau nom et de sa nouvelle interface, l’éditeur Ondat estime être mieux préparé à concurrencer les autres solutions historiques. Néanmoins, sa nouvelle solution n’est pour l’heure accessible qu’en version beta et qu’aux seuls clients existants de StorageOS. La commercialisation officielle devrait débuter d’ici à quelques mois.