VMware Tanzu : les usagers envisagent la fusion Cloud Foundry – Kubernetes
Les utilisateurs de VMware Tanzu Application Service, anciennement Pivotal Cloud Foundry, espèrent que VMware préservera leur expérience développeur alors qu’il se tourne vers Kubernetes.
Les primoadoptants de la plateforme Cloud Foundry de VMware ont évoqué une année d’incertitude et leurs espoirs quant à la feuille de route VMware Tanzu lors de la conférence VMworld cette semaine.
Avant VMware Tanzu, il y avait Pivotal Cloud Foundry. La PaaS a réuni une base d’utilisateurs d’entreprise fidèles jusqu’à ce que Kubernetes devienne proéminent. Parmi ces usagers s’est formé un groupe consultatif de « super utilisateurs » appelé Vanguard. Les 250 membres de ce groupe répartis entre les États-Unis, l’Europe et l’Asie se réunissent encore chaque semaine pour discuter de la plateforme et de son avenir. Ils ont été témoins de profondes mutations au cours des deux dernières années.
Ces bouleversements ont commencé avec l’acquisition de Pivotal par VMware en 2019. Depuis lors, VMware a rebaptisé Pivotal Cloud Foundry en Tanzu Application Service (TAS), a présenté puis abandonné un effort visant à fusionner l’interface développeur de Cloud Foundry avec l’infrastructure Kubernetes, puis, le mois dernier, a déployé une plateforme d’hébergement et de conception d’applications Tanzu (TAP) purement basée sur Kubernetes.
« À la fin de l’année dernière, Vanguard s’est montré très préoccupé quant au soutien continu apporté à Cloud Foundry », déclare Greg Meyer, ingénieur distingué chez Cerner, société spécialisée dans la gestion et l’infrastructure informatique médicale basée à Kansas City (Cerner maintient des infrastructures certifiées HDS pour une dizaine de clients en France), et membre de ce groupe de super utilisateurs. « J’ai été l’un de ceux qui ont fait entendre leur voix, parce que je pense qu’une grande partie des messages qu’ils nous [les cadres de VMware] ont transmis lors des présentations semblaient être très axés sur le fait que nous mettions tous nos œufs dans Kubernetes. »
Si Greg Meyer s’est dit inquiet que VMware tente de pousser les fidèles de Cloud Foundry vers Kubernetes, il comprend toutefois que le marché semble plus intéressé par la nouvelle plateforme d’orchestration de conteneurs.
« Kubernetes a beaucoup gagné en maturité, pourquoi essayer de soutenir quelque chose qui commence probablement à accuser son âge, alors que vous avez quelque chose d’autre [avec] beaucoup plus de supports et qui suscite l’engouement ? », dit-il. « Je comprends donc pourquoi ils ont fait cela ».
VMware veut dissiper les inquiétudes des utilisateurs
Les représentants de VMware ont tenu à rassurer Greg Meyer et d’autres utilisateurs de Cloud Foundry en leur disant qu’ils continueraient à prendre en charge TAS malgré une nette poussée vers Kubernetes. Les responsables de VMware ont également déclaré que la première tentative de combiner l’expérience de développement « cf-push » de Cloud Foundry avec Kubernetes n’atteindrait pas la disponibilité générale, ce qu’ils refusaient d’avouer officiellement en septembre dernier. Toutefois, ils n’ont pas renoncé à combiner les deux projets à terme.
Les efforts de VMware dans un contexte d’adoption massive du fameux orchestrateur de containers semblent payer. Greg Meyer et d’autres utilisateurs de TAS ont déclaré cette semaine qu’ils étaient prêts à envisager Kubernetes à l’avenir.
« En tant qu’opérateur de plateforme, je me vois dans la nécessité d’offrir Kubernetes à mes clients », affirme Jonathan Regehr, membre de Vanguard et architecte de plateforme chez Garmin, le célèbre fabricant d’objets connectés grand public. « La perspective d’exécuter deux plateformes distinctes entraîne une charge cognitive élevée ».
Greg MeyerIngénieur, Cerner
Quelle que soit la forme que prendra VMware TAS à l’avenir, l’expérience du développeur Cloud Foundry demeure toutefois sacro-sainte pour les utilisateurs tels que Greg Meyer.
« Cela devrait être tout aussi facile », déclare-t-il à propos de la future interface développeur VMware Tanzu. « Il y a beaucoup de composants manipulés par les opérateurs, dont les développeurs ne devraient pas avoir à se soucier ».
Les membres de Vanguard scrutent TAP
Le discours de VMware sur TAP, lancé lors de la conférence virtuelle SpringOne le mois dernier, semble très familier aux membres de Cloud Foundry Vanguard. Il met l’accent sur la séparation des tâches des développeurs et des opérateurs informatiques, même si dans certaines organisations, la même personne peut partager les deux fonctions. Et si TAP ne présente pas la même interface « cf-push », son abstraction de l’infrastructure Kubernetes par rapport aux développeurs d’applications semble recréer le concept sous-jacent.
Les mises à jour de la version bêta 2 de TAP dévoilée par VMware cette semaine ont également renforcé les similitudes conceptuelles entre la nouvelle plateforme et Cloud Foundry, selon Greg Meyer, qui attend la prise en charge des liaisons de services tout en suivant le développement de TAP.
TAS peut créer des manifestes Cloud Foundry qui relient les applications des développeurs aux ressources de la plateforme par le biais d’Open Service Broker. La version bêta 2 de TAP a ajouté une prise en charge limitée d’un projet de liaison de services Kubernetes open source soutenu par VMware, Red Hat et d’autres, qui, selon les responsables de VMware, fonctionnera de manière similaire au sein de TAP.
« Avec TAS, le développeur n’a pas à se soucier de la configuration des informations d’identification et des URL, la liaison de services s’en charge », explique Greg Meyer. « C’est un autre élément qui m’a inquiété ».
La TAP pourrait même représenter une opportunité d’amélioration par rapport aux composants d’infrastructure Cloud Foundry pour les opérateurs de plateforme, remarque Jonathan Regehr.
« Parfois, si quelque chose de mon côté de l’interface tombe en panne, je perds les logs », témoigne-t-il lors de la session de questions-réponses d’une session du panel VMworld. « Donc, une meilleure intégration, et une rétention pérenne des logs seraient formidables dans Tanzu Application Platform. »
TAS est plus simple que Kubernetes, mais plus rigide dans la façon dont les applications doivent traverser les pipelines vers la production – TAP pourrait introduire une personnalisation qui serait utile à son organisation à mesure qu’elle évolue, indique Jonathan Regehr, en particulier lorsqu’il s’agit de configurer le routage réseau entre l’Internet public et les applications.
Greg Meyer est intéressé par la façon dont TAP pourrait se prêter aux applications stateful, telles que les bases de données MySQL. Pour rappel, Cloud Foundry n’est pas conçu pour les prendre en charge.
« Je suis optimiste à propos de TAP », lance-t-il. « Si les gens qui développent avec des services comme MySQL et RabbitMQ ont tous une plateforme commune pour exécuter des applications et des services de données, cela a beaucoup plus de sens. »