VMworld 2021 : VMware se décline en plateforme Edge
Le géant des logiciels d’infrastructure pour datacenters lance des solutions adaptées aux tout petits serveurs qui doivent fonctionner au pied des caméras, des machines-outils, dans les lieux de vente, etc.
VMware lance VMware Edge, une version de sa plateforme de virtualisation taillée pour les machines d’appoint installées dans les succursales. Présentée début octobre dans le cadre de l’événement VMworld User Conference, cette solution logicielle se décline en trois versions. VMware Edge Compute est une appliance matérielle prête à l’emploi, à base de serveur Lenovo ThinkSystem SE350. VMware SASE est dédiée à la connexion SD-WAN. Enfin, VMware Telco Cloud Platform (TCP) est censée être intégrée dans les équipements télécoms.
« VMware Edge a vocation à établir une certaine cohérence parmi les différentes formes d’équipements dits de Edge computing. Il s’agit aussi de pouvoir regrouper l’administration de ces équipements avec celle du datacenter et des infrastructures virtuelles de VMware en cloud », résume l’analyste Gary Chen, d’IDC, au micro de nos confrères de TechTarget USA.
En l’occurrence, VMware fait la distinction entre les solutions de « Near Edge » et le « Far Edge ». Le Far Edge est un serveur d’appoint installé plus ou moins seul sur un lieu de production et auquel accèdent des capteurs locaux. Il s’agira typiquement du système embarqué dans un véhicule, au pied d’une antenne ou d’une caméra, sur une chaîne de production. Le Near Edge correspond plutôt aux serveurs applicatifs qui communiquent en réseau avec des machines clientes (PC portables, Smartphones, lunettes de réalité virtuelle, etc.).
Sanjay UppalVP directeur et DG de l'unité Fournisseur de services et technologies Edge (SEBU), VMware
« Un nouveau type d’applications arrive, les applications conçues pour le Edge Computing, qui doivent être exécutées localement sur des équipements d’appoint. Ce sont des systèmes de réalité virtuelle ou augmentée, des véhicules connectés (…) VMware fournit pour ce domaine une plateforme Cloud-Edge fiabilisée qui va permettre aux entreprises de se lancer concrètement dans le Edge Computing », argumente pour sa part Sanjay Uppal, en charge des produits pour le Edge et pour les fournisseurs de services, dans un communiqué officiel.
Une solution complète de virtualisation dans 4 cm d’épaisseur
L’appliance VMware Edge Compute revient pour ainsi dire à une machine VxRail miniature. Son système VMware Edge Compute Stack intègre à la fois la couche de virtualisation ESXi traditionnelle pour les machines virtuelles, mais aussi l’orchestrateur Tanzu, la déclinaison maison de Kubernetes, pour les containers. L’éditeur évoque la possibilité d’une version encore plus minimaliste qui n’exécuterait que des containers, au-dessus d’une seule machine virtuelle.
Pour avoir une idée des possibilités offertes, il suffit d’observer les caractéristiques du ThinkSystem SE350 de Lenovo. Dans un boîtier de 4 cm d’épaisseur sur 21,5 cm de large et 37,6 cm de profondeur (l’équivalent de cinq albums de bande dessinée posés à plat), la machine offre jusqu’à 16 cœurs de processeurs, 256 Go de RAM, 2 SSD SATA redondants pour le système et jusqu’à 8 SSD NVMe pour les instances virtuelles. Elle nécessite deux blocs d’alimentation externes, redondants. En option, des châssis intégrant les blocs d’alimentation accueillent deux nœuds côte à côte.
Le serveur de Lenovo est censé héberger les applications dites de Far Edge. Dell aurait l’intention de proposer VMware Edge Compute Stack au sein d’une version minimale de ses machines VxRail, en l’occurrence la série D, pour exécuter les applications de Near Edge.
Se positionner sur le secteur du SASE
La version VMware SASE doit être installée sur une machine physique située entre le réseau local et les modems des différentes connexions extérieures (fibre privée, fibre publique, 4G/5G, etc.). Sa fonction est de répartir les flux réseau et d’assurer leur sécurité selon des règles définies en ligne. Ici encore le serveur de Lenovo se prête bien à ce cas d’usage, puisqu’il intègre un module de routage réseau capable de basculer entre quatre contrôleurs Ethernet 10 ou 1 Gbit/s, 4G/5G et Wifi.
Pour mémoire, le principe – tout récent – du SASE est de regrouper l’administration des réseaux et celle de la cybersécurité sous une seule console, pilotée par des administrateurs qui doivent désormais avoir la double compétence. L’intérêt de passer par un système en ligne est de garantir que les règles seront toujours à jour face aux menaces et en concordance avec les politiques de qualité de service de l’entreprise. Évidemment, cette version sous-entend une souscription au service en ligne.
Parmi les premiers utilisateurs de la solution, on trouve l’industriel Michelin. « Nous sommes au milieu d’une transformation numérique de nos sites de production. À mesure que nous déployons et gérons davantage de charges de travail, d’intelligence artificielle, nos exigences en matière de trafic réseau évoluent. VMware SD-WAN a contribué à maintenir les performances et la latence dans les données remontées de nos sites », témoigne André Devillars, le DSI de Michelin, lors de l’événement VMworld User Conference.
« Nous prévoyons de nous en servir pour déployer des services du cloud vers nos sites, afin de gérer la performance et la sécurité de bout en bout. », ajoute-t-il.
S’ouvrir à des marchés inédits
Enfin, VMware Telco Cloud Platform est censé concrétiser la promesse des infrastructures intelligentes liée à la 5G. Il s’agit d’équiper de petits serveurs au pied des antennes, les RAN pour le volet Far Edge, ainsi que les serveurs sur les nœuds d’interconnexion, pour le volet Near Edge, dans le but d’exécuter les piles réseau des opérateurs (VNF). L’intérêt de ces piles virtuelles est qu’il devient facile de les mettre à jour, mais aussi de changer leurs règles de routage.
Selon différents observateurs, VMware arrive ici avec sa maturité sur un marché des RAN virtuels qui manquait encore de solutions plus ou moins standard. Jusqu’à présent, les opérateurs devaient choisir entre différentes options, Open source ou non, basées ou non sur Kubernetes.
Ces annonces positionnent VMware sur de nouveaux marchés – les télécoms, l’industrie, les points de vente, les villes intelligentes – bien au-delà des secteurs tertiaires qui constituaient jusque-là sa seule clientèle. Surtout, elles interviennent environ un mois avant que ne soit actée la scission entre l’éditeur et Dell, son actuelle maison mère. En effet, il y a un an, les PDG respectifs des deux entités ont communiqué leur intention de voir VMware voler à présent de ses propres ailes, au-delà de la stratégie centrée sur les datacenters de Dell.