Microsoft s’appuie sur Cosmo Tech pour enrichir ses jumeaux numériques

Quand DTDL se marie à CoSML

Or Cosmo Tech développe depuis 2010 une approche pour bâtir des jumeaux numériques simulables. En ce sens, l’éditeur lyonnais a conçu son langage (Complex System Modeling Language ou CoSML) qui de la même manière représente des entités, des interactions, mais également des dynamiques et des scénarios possibles.  

En clair, l’éditeur français propose d’effectuer des prédictions à partir des données d’entrée associées à un modèle de type graphe.

C’est justement ce volet qui intéresse Microsoft.

« Nous apportons la vision à 360 degrés, dynamique et simulable », déclare Hugues de Bantel, CEO et cofondateur de Cosmo Tech.

« Cosmo Tech s’appuie sur Azure Digital Twins pour apporter l’analyse prédictive et prescriptive aux clients », affirme de son côté Xavier Perret, Directeur Azure chez Microsoft France.

En l’occurrence, l’entreprise lyonnaise n’a pas simplement porté sa technologie sur l’infrastructure cloud d’Azure.

« Nous avons travaillé quelques mois pour connecter la partie DTDL à notre langage CoSML et à nos modèles. Cela permet de synchroniser les informations tirées du monde réel avec les simulations effectuées à l’aide de nos technologies. Les ontologies DTDL sont statiques, nous apportons une approche dynamique », ajoute Hugues de Bantel.

Jumeaux numériques et métavers : Microsoft empile les concepts

La solution proposée conjointement avec Cosmo Tech permettrait d’alimenter le « métavers des entreprises ». Il y a sûrement là une surinterprétation du concept de métavers qui désigne en premier lieu des espaces virtuels accessibles par-dessus la réalité dans un environnement en 3D. La terminologie rappelle le mot-valise « phygital », réunion d’un monde physique et virtuel.

Pour Microsoft, ce métavers impliquerait la réunion de piles technologiques Microsoft pour relier des données du monde physique avec celles du monde virtuel. La simulation et la prédiction tiendraient là des places importantes « pour faire évoluer des processus dans le monde physique », dixit Xavier Perret. « Nous appelons métavers l’ensemble des piles technologiques que nous mettons à disposition de nos clients qui permet de rendre accessible la création d’application de supervision, de modélisation et de prédiction d’évolution de systèmes complexes », résume le directeur Azure.

La stack technologique en question comprend Microsoft Mesh, Hololens, Power Platform, Azure AI, Azure Maps, Azure Digital Twins et Azure IoT. Elle doit être agrémentée par des services comme ceux de Cosmo Tech.

Le brasseur industriel belgo-brésilien AB InBev (Anheuser-Busch InBev – propriétaire des marques Stella Artois, Corona, Jupiler, Leffe, Budweiser, Modelo, etc.) utilise Azure AI, Digital Twins et Azure IoT, mais ne les combine pas forcément. L’industriel modélise les relations entre les ingrédients utilisés dans la production de bières et les processus de brassage avec Azure Digital Twins.

Il s’agit de détecter les dérives induites par les conditions de brassage (qualité des ingrédients, températures des cuves, etc.) par rapport à la recette établie. Azure AI est utilisé pour entraîner des réseaux de neurones et l’apprentissage par renforcement, pour compenser automatiquement les goulets d’étranglement sur les chaînes d’empaquetage des bières. Le casque de réalité augmentée (réalité mixte chez Microsoft) HoloLens est, lui, utilisé par les techniciens de maintenance afin de réparer ou de redémarrer des machines avec l’aide de spécialistes en télétravail.

 Au-delà des débats terminologiques et marketing, la réunion des modèles de graphe Microsoft et de l’ontologie de Cosmo Tech doit générer des cas d’usage très concrets dans les secteurs de l’industrie manufacturière et de l’énergie. « Nous voyons poindre des usages dans des systèmes de bout en bout qui ont des dépendances, comme dans la supply chain ou dans des systèmes ouverts distribués, par exemple dans les réseaux de distribution d’énergie électrique ou dans les zones urbaines intelligentes », illustre Xavier Perret.

« Nous avons développé un jumeau numérique simulable qui permet très rapidement de modéliser l’ensemble de la supply chain automobile, donc des moyens de production, des équipements, des moyens de transport, des pièces détachées pour identifier très vite les goulets d’étranglement et pouvoir permettre de répondre au mieux à une demande changeante de façon extrêmement agile », ajoute Hugues de Bantel. La même approche serait applicable dans l’aéronautique ou l’industrie du cosmétique, selon le CEO.

De son côté, RTE utilise la technologie de Cosmo Tech pour la gestion de ses actifs, tels ses pylônes et ses transformateurs afin de prévoir leur renouvellement ou leur réparation. L’asset Management est donc un autre cas d’usage accessible par les clients de Microsoft.

Pour autant, peut-on reproduire ce cas d’usage à court terme ? RTE tente de maintenir des équipements en fonctionnement pendant trente à quarante ans. « Cela dépend fondamentalement des cas d’usage », affirme Hugues de Bantel. « Chez RTE, les simulations sont réalisées à moyen et long terme, tandis que d’autres clients cherchent à obtenir une vision à court terme, auquel cas les jumeaux numériques synchronisés [issus de la combinaison des technologies Cosmo Tech et Microsoft N.D.L.R.] sont pertinents ».

Un partenariat naissant

Mais la vitrine de ce partenariat entre Microsoft et Cosmo Tech est un cas d’usage au sein de l’agglomération Paris-Saclay en collaboration avec l’IRT SystemX. Il vise à déterminer l’emplacement de nouvelles sources d’énergie et les conséquences possibles de leur déploiement sur le réseau de distribution électrique. Pour l’instant, ce cas d’usage s’applique à un écoquartier de la commune de Longjumeau.

« Nous avons également signé un accord tripartite avec Nexans et Microsoft qui permet au spécialiste de la transmission d’énergie par câble de proposer notre solution d’asset management hébergée sur Azure sous sa propre marque », affirme Hugues de Bantel.

Bref, le géant du cloud et l’éditeur lyonnais entament la première phase de leur relation technico-commerciale. Si Microsoft positionne ses partenariats dans une vision stratégique à long terme, Cosmo Tech espère convaincre largement les industriels.

« Nous sommes dans une logique de conquête du marché. Nous avançons par étapes dans le monde de l’énergie, dans les mondes manufacturiers et de la supply chain au sens large, en ciblant des comptes stratégiques, à savoir le top 2000 mondial », déclare le CEO de Cosmo Tech.

Les jumeaux numériques combinés à la simulation risquent d’alimenter plus souvent les feuilles de route des fournisseurs cloud. Récemment, Google a annoncé une solution similaire dédiée au secteur de la supply chain. Digital Twin Supply Chain de GCP serait testé par les équipes du constructeur automobile Renault, également client de Cosmo Tech.