Snowflake verticalise son offre commerciale
Snowflake veut prouver aux acteurs des services financiers que son Data Cloud est calibré pour leurs usages, et poursuit sa stratégie de verticalisation de son offre commerciale.
L’éditeur a récemment présenté Financial Services Data Cloud, une offre qui combine le data warehouse multicloud et certains jeux de données présents sur sa place de marché.
Par ailleurs, cette offre peut être agrémentée par des solutions des partenaires comme Aliation (data catalog), AWS (Amazon FinSpace), BlackRock (Aladdin Data Cloud), Cognizant (Quick Start Third Party Insurance Data Exchange Solution), Dataiku (data science), Deloitte (HUX for Financial Services) ou encore EY (Comply et ESG Arena).
Acxiom, S&P Global et Factset, eux, partagent des jeux de données via la Data Marketplace de l’éditeur.
Une offre commerciale ciblée
Selon les porte-parole de Snowflake, cette déclinaison de la plateforme serait logique au vu de l’utilisation par les clients.
Édouard BeaucourtCountry manager France, Snowflake
« Nos clients ont souffert des silos créés par les systèmes legacy SAP, Oracle et bien d’autres. Nous observons le même phénomène reprendre forme chez certains éditeurs et chez les hyperscalers, dans lesquels on recrée des silos AWS, Google, Azure », déclare Édouard Beaucourt, Country manager France chez Snowflake depuis mai 2021 et auparavant PDG de Tableau France. « Nous apportons une couche logique, d’abstraction par-dessus les instances des trois fournisseurs cloud pour casser ces silos », vante-t-il.
Pour autant, il ne s’agit pas de se concentrer sur un vertical en particulier, selon le dirigeant.
« Nous desservons de manière générale le monde des entreprises », déclare-t-il. « Pour s’adresser aux différents verticaux, il y a différentes dimensions. Il y a le fait d’apporter du contenu et des données supplémentaires que les entreprises de certains secteurs n’ont pas. Il y a le fait d’avoir les bonnes pratiques d’injections de données et les bons connecteurs vers les systèmes les plus communs utilisés dans ces secteurs d’activité ».
La disponibilité de Financial Services Data Cloud témoigne malgré tout de la manière dont Snowflake adresse le marché des entreprises.
« En France, nous sommes en train de faire un pivot totalement verticalisé de notre organisation de vente pour que nos commerciaux et nos ingénieurs avant-vente puissent s’adresser à des banques, des assurances, des mutualistes, à des acteurs du CPG ou du luxe », témoigne Édouard Beaucourt. Avec le Royaume-Uni et l’Allemagne, la France est vue comme un des trois pays les plus importants en Europe pour Snowflake, indique le responsable. Snowflake a convaincu des entreprises comme Cdiscount, Monoprix, Vestiaire Collective, Tape à l’œil, Cora, Pernod Ricard ou encore RATP Développement.
Selon l’éditeur, au 31 juillet 2021, environ 57 % des fournisseurs de services financiers présents dans le Fortune 500 emploient son data warehouse cloud. Les entreprises financières ne sont pourtant pas les premiers clients de Snowflake en France. Selon le country manager, les acteurs de la grande distribution et des médias ont été les premiers à adopter Snowflake en France et en Europe, suivi de près par les « digital native companies », généralement des startups qui ont rapidement fait le choix du cloud.
Dans un communiqué de presse, Snowflake cite tout de même deux clients européens concernés par l’offre Financial Services Data Cloud : le Français AXA et l’Allemand Allianz.
Pour convaincre ces acteurs à l’activité hautement réglementée, Snowflake affiche l’obtention auprès de KPMG du standard Cloud Data Management Capabilities (CDMC), créé par EDM Council. EDM Council est une association à but non lucratif formée par des acteurs de la finance et spécialisée dans les bonnes pratiques de gestion de données. Cette certification inspecte les capacités de catalogage, de classification, d’attribution des responsabilités, d’accès et de traçage, de gestion de cycle de vie et de sécurité des données.
Lors d’un point presse organisé par Snowflake, Tom Mazzafero, Chief Data Officer chez Western Union. « Les régulateurs examinent les plateformes de cloud computing comme Snowflake, et cherchent à savoir comment les évaluer et s’assurer qu’elles cochent toutes les cases et disposent de tous les bons contrôles », déclare-t-il. « [Le standard CDMC] permettra aux clients et aux régulateurs de se rallier à une nouvelle norme pour définir ce que signifie être conforme, être sécurisé et être résilient dans plusieurs régions et dans plusieurs clouds ».
« Naturellement, nous discutons avec les directions informatiques, car il y a une dimension technique à articuler, il y a également des principes de sécurité, et il nous faut trouver la bonne plateforme juridique pour que l’on puisse s’entendre avec nos clients », affirme Édouard Beaucourt.
À ce titre, Snowflake met en avant ses capacités de gouvernance, d’anonymisation et de chiffrement des données via la méthode BYOK.
Cécil BoveResponsable équipes avant-vente, Snowflake France
« Snowflake n’a pas besoin d’avoir accès aux données des clients pour fonctionner et c’est différenciant par rapport à d’autres technologies ou d’autres solutions », vante Cécil Bove, responsable des équipes avant-vente de Snowflake France. « Les données sont chiffrées au repos et en transit, nous gérons automatiquement, nous rechiffrons en cas de compromission. Le client peut maîtriser ses propres clés stockées en dehors de la plateforme, qui peuvent s’ajouter aux nôtres », complète-t-il.
Rassurer les clients européens
En France et en Europe, se pose également la question de la souveraineté des données.
« La souveraineté des données regroupe quatre grands principes : la localisation des données, de leur création à leur stockage en passant par leur traitement, la sécurité, la gouvernance – qui est l’aspect le plus important –, l’ouverture et la réversibilité », liste Édouard Beaucourt. « Nous adressons ces sujets-là en proposant de stocker les données dans les espaces régionaux des clouds, en adoptant des principes de sécurité de bout en bout, en ajoutant une couche d’intelligence logicielle de gouvernance. Enfin, nous maintenons une forme de réversibilité ».
Pour autant, ces pratiques n’effacent pas les risques que font peser les lois extraterritoriales américaines sur les entreprises européennes, en particulier les services financiers. Comme les autres acteurs du cloud, Snowflake se veut rassurant.
« Je pense que tout le monde est préoccupé par ces sujets-là [Patriot Act, CLOUD Act, FISA Act] à des degrés différents », affirme Édouard Beaucourt. « Peut-être que des agents de l’État le sont encore plus qu’un vendeur de vélos sur Internet. Il existe beaucoup de dogmes à ce sujet. Nous essayons de revenir aux grands principes de souveraineté. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que ce ne sont pas des lois, des bunkers, des lieux géographiques précis, mais des couches logicielles qui vont assurer ces différents points », vante-t-il.
Quant à la disponibilité de Snowflake sur les clouds européens tels OVH, Scaleway ou 3DS Outscale – qui pourrait éteindre complément cette problématique – le country manager n’écarte aucune possibilité.
« Snowflake est né sur un cloud [AWS, N.D.L.R.] et depuis s’est étendu sur les trois grands clouds publics. Il n’y a pas d’interdiction et le réseau est là pour croître », déclare Édouard Beaucourt.
Snowflake et son attachement aux traitements SQL
Mais ce qui intéresserait principalement les clients de Snowflake, ce serait les capacités techniques de la plateforme logicielle. Outre les capacités multicloud, les organisations apprécieraient la nature SQL de Snowflake, compatible avec leurs environnements de données existants.
« Les autres solutions SQL du marché ont été portées sur le cloud, alors nous apportons une plateforme cloud native. La popularité du SQL dans le monde IT est un atout pour Snowflake parce qu’il n’y a pas besoin de former à nouveau les équipes ; les collaborateurs sont souvent efficients en quelques heures sur la plateforme », lance Cécil Bove.
« Nous remplaçons souvent plusieurs infrastructures avec Snowflake. Nous mutualisons ainsi des ressources, avec très peu de maintenance à faire, ce qui permet aux équipes de se concentrer sur l’aspect métier », ajoute-t-il.
De même, la plateforme doit permettre la concurrence des usages entre le dashboarding, les traitements BI et la data science. « Nous avons aussi amélioré notre manière de stocker les données permettant d’abaisser les coûts de stockage d’environ 30 % », rappelle le responsable avant-vente.
Le modèle économique jouerait aussi un rôle important pour les clients, un critère d’ailleurs pris en compte par EDM Council.
« Notre modèle commercial se rapproche d’un modèle utilitaire, comme si le client allait à la pompe à essence pour faire une certaine distance : nous facturons la consommation à la seconde », indique de son côté Édouard Beaucourt.
Data science : des chantiers techniques en cours
Cependant, si Snowflake entend répondre au cas d’usage de reporting, de BI et d’analytiques avancées distribuées à travers plusieurs régions du globe, l’éditeur ne coche pas encore toutes les cases en matière de data science, mais prévoit de le faire.
« La dimension SQL a ses limites », reconnaît Cécil Bove. « Il y a des choses aujourd’hui, qu’il est préférable de faire dans d’autres langages, notamment concernant les usages en matière de data science, où Python, R, Scala ont davantage de sens. Nous ouvrons aussi ces usages-là. L’on peut directement exécuter du code Java dans Snowflake, demain l’on pourra faire du Python ».
Pour ces traitements Python ou R, il convient pour l’instant de passer par les solutions des partenaires tels Dataiku ou DataRobot, par exemple, ou d’utiliser des connecteurs. La compatibilité avec les traitements Java et Scala dépendent de Snowpark, une fonctionnalité demeurant en préversion publique.
Les propos de Tom Mazzafero sont relayés par nos confrères de SearchDataManagement [Propriété de Techtarget également propriétaire du MagIT].