IBM dévoile son premier serveur Power10
L’E1080 a des cœurs 30% plus rapides que ceux de l’980 à base de Power9. Capable d’exécuter jusqu’à 1920 threads simultanément, il est optimisé pour l’IA et le chiffrement en temps réel d’HANA.
Juste après une série d’annonces sur les dernières évolutions de ses mainframes (nouveau z/OS 2.5, nouveau processeur Telum), IBM dévoile à présent l’E1080, le premier de ses nouveaux serveurs Unix basés sur le tout dernier processeur Power10. Là encore, la machine serait mieux pourvue en fonctions de cybersécurité et de cloud hybride que les architectures traditionnelles à base de x86.
« Lorsque nous avons conçu ce serveur, nous devions prêter attention à la manière dont la pandémie allait modifier non seulement le comportement des consommateurs, mais aussi celui de nos clients. Et nous avons transposé ces besoins inédits au niveau de l’infrastructure informatique », a lancé Dylan Boday, directeur des produits d'IBM pour l'IA et le cloud hybride, lors d'un point presse. « Il s’agit du premier serveur que nous avons conçu sur mesure pour incarner notre vision d'un cloud hybride intuitif ! »
Miser sur la sécurité pour décrocher les projets de cloud hybride
Parmi les nouvelles fonctions apportées par le processeur Power10, on notera principalement le chiffrement à la volée de la mémoire, comme sur le processeur Telum. « L’utilisateur crypte les informations de manière transparente, sans aucun impact sur les performances, car tout est pris en charge au niveau matériel. C’est-à-dire que les entreprises peuvent à présent chiffrer en temps réel de très grandes bases de données In-Memory, comme SAP HANA », explique, tout aussi enthousiaste, Steve Sibley, le chef des produits Power Systems.
Il ajoute que le chiffrement matériel s’ajoute à celui de l’OS, de l’hyperviseur et des applications.
Pour l’analyste Judith Hurwitz, directrice du cabinet de conseil Hurwitz & Associates, cet accent mis sur la sécurité raisonne avec les besoins de cloud hybride que les entreprises expriment en ce moment. Selon elle, les entreprises seraient en quête d’une garantie de sécurité maximale dans les échanges entre un cloud et leur datacenter.
« La sécurité est devenue extrêmement importante, quelle que soit la solution d’infrastructure dont on parle. C'est ce que réclament tous les services informatiques. Dans ce contexte, IBM cherche à s’appuyer sur ce besoin pour se montrer avantageux. Mais encore lui faut-il parvenir à convaincre qu’il l’est encore plus que les équipements d’Azure et d’AWS », dit-elle, pour expliquer l’insistance d’IBM sur les questions de sécurité.
Elle pointe en effet que les entreprises seraient séduites par l’idée d’installer chez elles les passerelles des fournisseurs de cloud eux-mêmes, en l’occurrence les équipements Outposts pour se connecter à AWS et Azure Stack pour Azure. Des équipements supposés apporter le même type d’étanchéité que le cloud auquel ils sont rattachés et qui concurrencent bien évidemment les serveurs des fournisseurs d’infrastructure physique.
Pour sa part, l’analyste Frank Dzubeck, du cabinet de conseil Communication Networks Architects, estime qu’IBM a le meilleur savoir-faire en ce qui concerne le chiffrement matériel, puisque cette fonction est héritée de ses mainframes.
« IBM a été le premier à implémenter le chiffrement en mémoire au niveau du processeur. Jusqu’à présent, cette fonction était confiée à un coprocesseur sur ses mainframes. Sur le Power10, ils sont parvenus à aller encore plus loin en consolidant l’ensemble sur une seule puce », dit-il, en rappelant que la même intégration sera faite sur le Telum.
30 % plus rapide, jusqu’à 1920 threads et 2 To de RAM
Selon IBM, le nouveau processeur Power10, le premier de cette famille à être gravé avec une finesse de 7 nanomètres (dans les usines de Samsung et non de TSMC), serait 30 % plus rapide par cœur et 50 % plus performant au niveau du socket que son prédécesseur. Cela se traduirait par une consommation d'énergie 33 % inférieure sur l’E1080 comparativement à l’E980 auquel il succède et qui était basé sur le Power9.
Le processeur Power10 intègre 16 cœurs à 4 GHz et chacun d’eux est capable d’exécuter 8 threads simultanément. Pour autant, IBM désactive toujours un cœur, soit au prétexte d’économiser de l’énergie, soit afin d’en avoir toujours un de secours pour prendre la relève en cas de plantage. Le serveur E1080 est disponible en différentes configurations, qui vont de huit à seize sockets, soit avec une capacité de traitement totale de 960 à 1920 threads simultanés, répartis sur 120 ou 240 cœurs actifs.
Il est à noter que si cet E1080 a bien un processeur par socket, IBM prévoit à terme un module biprocesseur qui, comme son nom l’indique, permettra de mettre deux processeurs par socket. Le constructeur promet que cette configuration ne prendra pas plus de place et ne consommera pas plus que les précédents processeurs Power9.
La machine dispose de 256 slots pour barrettes de mémoire DDR4 (soit un potentiel de 2 To de RAM), chaque processeur communiquant avec elles à la vitesse phénoménale de 400 Go/s. L’E1080 est aussi le premier serveur à disposer de slots PCIe 5.0.
Accéléré pour l’IA, facturé comme le cloud
Le Power10 dispose par ailleurs de quatre nouveaux circuits d’accélération des algorithmes de Machine Learning par cœur, appelés MMA (Matrix Math Accelerator). IBM avance que ces circuits décupleraient la vitesse d’exécution des modèles d’intelligence artificielle.
Pour encourager l’usage d’un serveur Power10 en Machine Learning, IBM propose d’ailleurs sur sa plateforme un nouvel outil graphique, AutoAI, qui permet de bâtir des algorithmes d’apprentissage à la souris. De plus, d’autres outils basés sur le standard d’échange ONNX (Open Neutral Network Exchange) permettent de convertir automatiquement en code Power10 des modèles TensorFlow écrits pour les serveurs x86.
Plus tôt cette année, Intel a annoncé que les Xeon qu’il lancerait en 2022 disposeraient de circuits similaires spécialisés dans l’accélération d’algorithmes de Machine Learning.
Une autre nouveauté de ce serveur E1080 est qu’il est facturable à l’usage, par souscription mensuelle, selon la puissance processeur utilisée. Le programme commercial s’inspire du mode de facturation en cloud et s’appelle d’ailleurs Power Private Cloud for Dynamic Capacity.
Dans le même ordre d’idée, les licences de ses logiciels Red Hat Enterprise Linux et OpenShift sont elles aussi payables selon leur nombre de minutes d’utilisation sur le mois. IBM indique vouloir stimuler le déploiement des logiciels Red Hat avec cette offre. Deux cents entreprises utiliseraient aujourd’hui OpenShift sur des serveurs Power.