Docker Desktop devient payant pour les grands comptes

Les conséquences inconnues du changement de modèle

Les dirigeants de Docker estiment qu’au moins 51 % des utilisateurs de Desktop seront admissibles à l’usage personnel ; environ 10 % des utilisateurs existants seront touchés par ce changement, ont déclaré les représentants de l’entreprise. Le logiciel compte 5 millions d’utilisateurs mensuels au total. La licence Personal, comme la version Free, inclut un nombre illimité de dépôts publics, la prise en charge de Docker Engine et Kubernetes et un volume restreint de pulls d’images par jour.

Cependant, la société n’a pas révélé le nombre exact d’utilisateurs de Docker Desktop qui devront acheter au moins un abonnement de niveau Pro pour continuer. Tout usager de Docker Desktop ayant un abonnement payant à Docker aura droit au logiciel.

« Je ne pense pas que cela changera grand-chose pour la plupart des gens qui le déploient déjà », déclare Larry Carvalho, un consultant indépendant spécialisé dans le cloud computing, précédemment analyste chez IDC. « Je doute qu’il y ait beaucoup de sociétés ayant un chiffre d’affaires de 10 millions de dollars qui rechignent à payer un prix aussi bas. »

Docker Desktop est disponible sur macOS et Windows. Certains développeurs sur Twitter ont exprimé leur incertitude quant à la volonté de leur employeur à s’acquitter de ce tarif quand le framework n’est exploité que par quelques personnes dans l’entreprise, ou tout bonnement lorsque les processus d’acquisition sont longs. D’autres évoquent des alternatives open source comme Portainer ou Podman.

Cependant, il y aura au moins quelques utilisateurs poussés vers un abonnement Pro par la mise à jour. L’un d’entre eux a déjà pris sa décision et valide l’approche de l’éditeur.

« La décision la plus simple est d’adopter l’offre à 5 dollars par mois », affirme Michael Bryzek, cofondateur et directeur technique de Flow Commerce, une société d’expédition à l’international située à Hoboken, dans le New Jersey. « Nous considérons qu’il s’agit d’un choix bénéfique, car nous n’avons pas à nous demander si Docker sera encore là dans cinq ou dix ans. »

L’offre Business ajoute des fonctions de sécurité

Le nouveau niveau Business de l’abonnement Docker, comme l’offre Large, propose une tarification sur facture, des services complémentaires et un support personnalisé. Ce service comprend une nouvelle fonction de sécurité présentée cette semaine et appelée Image Access Management, ainsi qu’une gestion SaaS centralisée pour plusieurs environnements de développement Docker. Les utilisateurs actuels de l’offre Large ne subiront pas de changement de prix, mais obtiendront Docker Desktop avec leurs licences.

La gestion de l’accès aux images ajoute à Docker Desktop des contrôles basés sur des politiques que les administrateurs d’entreprise peuvent employer, pour restreindre l’accès aux seules images officielles ou images d’éditeurs vérifiés désignées par Docker. Il s’agit de programmes de vérification des images que le fournisseur a lancés pour son registre de conteneurs Docker Hub plus tôt cette année. La prise en charge de l’authentification unique SAML et la gestion à distance des instances de bureau Docker figurent sur la feuille de route à court terme de la nouvelle édition.

Michael Bryzek envisage de souscrire au niveau Business, malgré son prix plus élevé par rapport aux autres abonnements.

« Notre principale dépense concerne l’infrastructure cloud et elle éclipse toutes les autres dépenses que nous avons et beaucoup d’entre elles sont liées au cloud », affirme-t-il. « Que nous choisissions de dépenser 5 ou 21 dollars par employé, ce sera l’un des plus petits contrats informatiques que nous aurons dans l’entreprise. »

Alors que la sécurité de la chaîne d’approvisionnement des logiciels fait les gros titres et que les solutions techniques à ce problème sont encore balbutiantes, une fonctionnalité telle que la gestion de l’accès aux images peut valoir le coût plus élevé, ajoute le dirigeant.

« Voici l’un des plus grands vecteurs d’attaque que nous voyons dans l’industrie en ce moment, qui est très difficile à maîtriser », remarque-t-il. « Mais Docker dispose désormais d’un outil qui permet au moins de savoir que les images de conteneurs sont les nôtres, et d’ailleurs, c’est très facile à faire – nous n’avons pas à modifier notre infrastructure ou à bâtir quelque chose de nouveau, il suffit de s’inscrire à un service de Docker. »

Docker doit démontrer la valeur de l’offre Business

Selon Larry Carvalho, la différence de prix trois fois supérieur entre Team et Business pourrait inciter certains utilisateurs de Docker à se demander s’il ne serait pas préférable de dépenser cet argent dans un produit d’un spécialiste de la sécurité des conteneurs.

« La clarté de ce qu’un client obtiendra en passant de 7 à 21 dollars est plus importante que la différence de prix », déclare-t-il. « Mais une fois que les personnes ayant un abonnement Team voudront vraiment se lancer dans Docker Desktop, elles pourront justifier le prix supplémentaire pour obtenir ces fonctionnalités. »

La tarification du niveau Business de Docker est comparable aux pratiques de GitHub pour les abonnements Enterprise. Et si les produits des éditeurs tels que Snyk ou Aqua, partenaire de Docker, couvrent un éventail de fonctions beaucoup plus large que la gestion des images de conteneurs, ils reviennent à plus de 21 dollars par utilisateur et par mois pour une équipe de 50 personnes, et sont principalement axés sur les hôtes, plutôt que sur les postes de travail des développeurs.

Il existe également des alternatives open source et gratuites vers lesquelles les utilisateurs peuvent se tourner pour la gestion de la sécurité des images de conteneurs, telles qu’Open Policy Agent. Mais les entreprises doivent également évaluer le coût de l’exécution et de la maintenance de cette intégration par rapport à l’achat d’un ensemble de services préemballés auprès de Docker, note Stephen O’Grady, analyste chez RedMonk.

« Le “DIY” était populaire dans les premiers jours de l’approche DevOps. Mais aujourd’hui, les entreprises cherchent à ce que les fournisseurs créent des groupements logiques d’outils faciles à utiliser pour les développeurs, afin qu’ils puissent livrer au plus vite les fonctionnalités de base, sans avoir à se soucier de bricoler leurs propres chaînes d’outils », déclare Stephen O’Grady.

« Les changements de prix sont toujours un sujet délicat, mais beaucoup d’entreprises ne peuvent pas injecter de l’argent dans ce problème assez rapidement », ajoute-t-il. « Je suis sûr que certains [développeurs] seront irrités, mais si vous demandez aux sociétés, dans de nombreux cas, si elles déterminent que l’outil améliore l’expérience du développeur, elles accepteront la réforme du modèle économique. »

En attendant, étant donné que Docker s’est déjà séparé d’un produit open source avec la scission de Docker Enterprise il y a deux ans, son objectif annoncé d’assurer la durabilité de ses activités peut soulever des questions dans l’industrie sur la santé de ses comptes. L’entreprise est privée et ne publie pas ses résultats financiers.

« Ce sera un sujet auquel Docker devra faire face », remarque Stephen O’Grady. « Nous verrons ce que les clients en feront ».