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IDC persiste et signe : SAP est l’un des leaders du marché IIoT
En juin 2021, le cabinet a publié un MarketScape consacré aux plateformes IIoT disponibles sur le marché. Il y place SAP parmi les leaders aux côtés de Microsoft, PTC et Siemens. À ce jour, IDC est le seul des trois grands analystes à reconnaître l’éditeur allemand à cette position.
Tout comme Forrester et Gartner, IDC classe les acteurs référencés dans des catégories : Leaders, acteurs importants, prétendants et participants.
L’influence des acteurs tout comme dans le Wave de Forrester est signalée par la taille des bulles, tandis que leur position est dépendante de deux axes : capacités et stratégies.
Microsoft, PTC, Siemens et SAP sont les leaders de ce MarketScape 2021 dédié aux plateformes IIoT. IDC considère IBM, Oracle, GE Digital et Hitachi comme des acteurs importants et Litmus est le seul dans sa catégorie de prétendants.
Le trio des leaders PTC, Siemens, Microsoft est commun au Forrester Wave du quatrième trimestre 2019 qui y adjoint C3.ai. Dans ce classement, IBM et Software AG étaient des « bons éléments » alors que SAP se trouvait juste entre les bons éléments et les prétendants devant AWS, GE Digital, Hitachi, Oracle. ABB, Samsung SDS et Bosch étaient parmi les challengers.
En octobre 2020, Gartner publiait son Magic Quadrant dédié aux plateformes IIoT. Pour les analystes de Gartner en juillet 2020, PTC, Microsoft et Hitachi étaient référencés comme leader, il n’y avait aucun challenger, Software AG était visionnaires et Litmus, Oracle, IBM, GE Digital, Samsung SDS, entre autres, étaient considérés comme des acteurs de niches. Point de mention de SAP, tout comme en 2019, alors que l’éditeur était placé parmi les visionnaires en 2018.
Une histoire de critères
Comment expliquer ce phénomène spécifique au MarketScape d’IDC ? L’on peut souligner le fait que plusieurs mois, voire années séparent ces analyses. Cependant, IDC a déjà placé l’éditeur allemand parmi les leaders de ce classement en 2019. Il faut rappeler que de manière générale, les cabinets d’analystes collaborent avec des acteurs qui acceptent de « participer » à cet exercice bien particulier. Certains peuvent refuser de se prêter au jeu pour certains segments.
En outre, IDC affiche clairement ses critères de décision, c’est-à-dire l’analyse de plateformes logicielles disponibles en production permettant « de bâtir des applications et de gérer des équipements IoT ». Le support de protocoles industriels, « au moins OPC », des frameworks pour concevoir et opérer des runtimes Edge en sus d’instances cloud, et des capacités analytiques et d’analytiques avancées, voire de machine learning et de deep learning sont également des points d’attentions d’IDC, tout comme la sécurité, l’abstraction des données en provenance des capteurs via des « things models », la présence d’API pour accéder aux données IoT et la disponibilité générale d’applications IoT.
À ces critères techniques s’ajoutent les points suivants :
- « Avoir dégagé un chiffre d’affaires d’au moins 15 millions de dollars pour les plateformes et les applications IoT en 2020.
- Être en mesure de prendre en charge des déploiements IoT mondiaux (Amériques, EMEA et APAC).
- Avoir au moins 20 % de leurs revenus actuels liés à l’IoT en provenance du secteur du manufacturing.
- Être en mesure de fournir un minimum de deux références clients pour le secteur de la fabrication. (Les clients de référence devaient avoir une expérience d’au moins six mois avec les plateformes et les applications d’ici janvier 2021) », peut-on lire dans le MarketScape d’IDC.
Gartner et Forrester affichent peu ou prou les mêmes critères techniques. Les paramètres d’inclusions commerciales divergent sensiblement. Si tous se penchent sur la présence internationale des fournisseurs de plateformes, le nombre de connecteurs vers les solutions des éditeurs tiers et leur capacité à « exécuter la vision », IDC est le seul à afficher le critère de performances financières au pied de la lettre.
Or, cet élément demeure difficile à interpréter de l’extérieur. Par exemple, Microsoft et AWS n’affichent pas publiquement les revenus issus de l’IoT, mais sont impliqués dans différents projets pour stocker ou analyser des données en provenance des capteurs. SAP n’annonce pas non plus ouvertement ses revenus liés à l’IoT, tandis que Siemens les inclut dans un portfolio assez large nommé « Digital Services », comprenant l’ensemble des logiciels pour piloter des automates et la plateforme IIoT MindSphere. Hitachi ne précise pas s’il figure les ventes de la plateforme Lumada dans les segments IT ou industrie, et IBM répartit ses ventes IoT en deux catégories : Global Process Services et Cognitive Applications. Ensuite, tout comme Microsoft ou AWS, un acteur comme Software AG, non retenu par IDC, anime une partie de la plateforme MindSphere de Siemens et est un partenaire récurrent de SAP.
Forrester n’affiche pas publiquement les données associées aux critères d’inclusion, tandis que Gartner explique qu’il prend en compte les acteurs proposant une plateforme IoT standalone, c’est-à-dire non dépendante d’un service PLM, MES, SCADA ou autres, ayant 50 clients en production et au minimum 250 000 points de terminaisons IIoT (capteurs, machines, automates, etc.) connectés à leur plateforme. Par ailleurs, Gartner évalue les éditeurs capables d’attester la présence de quatre clients uniques dans chacune des trois grandes régions géographiques.
SAP IoT, une annexe de la Business Technology Platform
Or la plateforme SAP IoT (auparavant nommée Leonardo IoT) est dépendante d’instances BTP rattachées à un compte S/4HANA. D’après IDC, SAP IoT peut s’intégrer invariablement à AWS IoT et à Azure IoT. Dans le catalogue de services BTP, Discovery Center, LeMagIT lit que SAP IoT ne peut être déployé que sur AWS pour l’instant. Par ailleurs, le service Edge Computing de SAP, l’un des critères de choix du cabinet d’analystes, n’est pas inclus directement dans SAP IoT et ne serait utilisé que par huit entreprises, toujours selon les informations affichées par le Discovery Center. Quant à l’expression « things models » d’IDC, elle semble directement inspirée du Thing Modeler de SAP.
En outre, le catalogue rassemble 41 cas d’usage publics en provenance de 32 clients industriels, mais aussi d’OEM et d’intégrateurs qui emploient SAP IoT.
Est-ce que SAP IoT est déployé à travers trois régions dans le monde ? D’après les témoignages présentés par l’éditeur, oui (certains clients ont installé la solution au Swaziland, au Japon ou au Brésil), mais une grande majorité de clients résident en Europe, et plus particulièrement en Allemagne.
Et si l’éditeur préfère sans doute qu’ils recourent à SAP HANA Cloud, la majorité d’entre eux combinent SAP IoT avec l’iPaaS Integration Suite, afin de stocker les données IoT sur des bases de données telles que PostgreSQL, Oracle DB ou MySQL. En outre, la partie analytique de SAP IoT semble limitée, car beaucoup des entreprises citées emploient SAP Analytics Cloud.
Faut-il alors considérer SAP IoT comme une plateforme IIoT de bout en bout ? Sur le papier, non, mais dans les faits aucun des acteurs du marché ne peut réellement se vanter sur ce point. D’ailleurs, SAP est convaincu qu’il est bienvenu de mener des partenariats avec Siemens et Software AG quand cela est nécessaire.
Ce n’est pourtant pas les « défis » identifiés par IDC au contact des clients. Eux souhaiteraient bénéficier de meilleures capacités d’intégration avec des systèmes tiers – un problème sur lequel SAP serait en train de se pencher –, un prix plus bas et davantage de configurabilité, notamment en matière de gestion des rôles (un rôle S/4HANA pilote plusieurs comptes BTP qui eux-mêmes régissent les rôles dans SAP IoT).