Oracle veut casser les prix du cloud avec des instances ARM
Le constructeur propose désormais sur son cloud OCI des machines virtuelles ARM qu’il facture un centime par heure et par cœur. À cela s’ajoutent des offres temporaires gratuites.
Oracle l’a confirmé : il est désormais possible d’utiliser sur son cloud public OCI des machines virtuelles ARM. Leur intérêt est qu’elles ne coûtent qu’un centime par heure et par cœur. Comme attendu, ces VM reposent sur des serveurs équipés de processeurs Altra, des ARM 64 bits conçus par Ampere.
Appelées OCI Ampere A1, ces VM offrent de 1 à 80 cœurs, avec jusqu’à 64 Go de RAM par cœur. Une version bare-metal est possible – c’est-à-dire un serveur physique dédié – avec 160 cœurs et 1 To de RAM.
Oracle a par ailleurs adapté à ce type de VM toute sa pile de logiciels censés servir aux entreprises pour qu’elles développent et déploient leurs applications. Cette pile comprend Oracle Linux, MySQL, GraaIVM et le service Oracle Container Engine, son implémentation de Kubernetes. Le fournisseur a aussi mis au point une image système Oracle Linux Cloud Developer, qui se veut un kit de développement Open source complet à installer tel quel sur des VM OCI Ampere A1. Cette image comprend les outils d’administration des ressources OCI, Java, Python, PHP et Node.js.
« Nous avons travaillé avec un grand nombre d’acteurs du développement Open source, notamment GitHub et Jenkins, pour nous assurer que leurs outils seront disponibles sur OCI », assure Bev Crair, en charge d’OCI. « Mais nous nous sommes également efforcés de faire en sorte que nos clients n’aient qu’un bouton à pousser pour déployer ces outils sur notre cloud. »
ARM, un domaine technique du cloud en pleine explosion
Oracle est loin d’être le premier à proposer des machines virtuelles ARM en cloud. AWS, Microsoft, Alibaba, entre autres, l’ont précédé.
Ces deux dernières années, AWS a déployé des serveurs ARM basés sur un processeur Graviton 2 qu’il a lui-même conçu à partir des mêmes cœurs ARM Neoverse N1 qu’utilise aussi le processeur Altra d’Ampere. Nvidia prévoit de construire son propre processeur ARM, appelé Grace, pour le supercalcul et les algorithmes de Machine Learning. Microsoft travaille aussi sur la conception de processeurs ARM, pour que les infrastructures de son cloud Azure dépendent moins des puces Intel.
Nvidia est d’ailleurs toujours en instance de rachat de l’entreprise ARM – qui conçoit le design des cœurs – au groupe japonais SoftBank pour 40 milliards de dollars. Cette acquisition se heurte pour l’heure à des obstacles législatifs. Elle lui permettrait de compléter son catalogue de GPU et de contrôleurs réseau avec une gamme de processeurs génériques, dont le marché est le plus vaste sur le secteur des composants électroniques.
De son côté, Oracle compte se servir des architectures ARM pour casser les prix du cloud public et, par conséquent, faire d’OCI la plateforme la plus avantageuse pour les développeurs. Il développe ainsi les programmes commerciaux Oracle Cloud Free Tier et ARM Accelerator qui sont censés apporter des heures d’utilisation gratuites à ceux qui mettent au point des applications.
Avec Oracle Free Tier, les développeurs bénéficient d’un crédit de 300 dollars à dépenser sur OCI pendant 30 jours. S’ils prennent l’option Always Free Arm, ils obtiennent en plus un accès gratuit à une VM de quatre cœurs Ampere A1 et 24 Go de mémoire. Le programme ARM Accelerator permet aux clients actuels d’Oracle et aux entreprises qui développent des projets Open source d’obtenir encore d’autres crédits gratuits sur une période d’un an.
« Nous observons un intérêt croissant pour les architectures ARM en cloud public, que ce soit pour exécuter des applications communes ou spécifiques », commente Daniel Newman, analyste au cabinet d’études Futurum Research. « Oracle semble mettre sur le marché une offre plus rentable que celle de ses concurrents, pour répondre à cet intérêt croissant. Il se pourrait que cette stratégie apporte un avantage concurrentiel sur le long terme à OCI. »