Windows 11 : des professionnels perplexes
Microsoft vient tout juste de dévoiler Windows 11. Mais sa présentation très centrée sur le grand public a laissé les professionnels avec leurs questions quant aux exigences matérielles et aux apports du système d’exploitation.
La récente présentation de Windows 11 par Microsoft a soulevé de nombreuses questions, tout particulièrement auprès des professionnels en entreprise qui s’efforcent de voir les avantages du nouveau système d’exploitation client de l’éditeur par rapport à Windows 10. Des questions encore sans réponse.
Avant de s’engager à migrer, les responsables informatiques aimeraient bien que Microsoft clarifie les fonctionnalités entreprise de Windows 11, les exigences matérielles et la compatibilité logicielle. Ils souhaiteraient également connaître les projets de l’éditeur pour ajouter de nouvelles fonctionnalités à son système d’exploitation client actuel après cette année et avant la fin du support en 2025.
« J’aimerais beaucoup les voir parler de l’aspect professionnel et dire ce que Windows 11 apporte aux entreprises que Windows 10 n’a pas », explique ainsi Will Wilson, administrateur informatique de la ville de Happy Valley, dans l’Oregon.
Microsoft a semé une certaine confusion dans les entreprises en présentant Windows 11 la semaine dernière et en mettant l’accent sur des fonctionnalités destinées davantage aux consommateurs qu’aux professionnels. Des avancées comme une interface utilisateur remaniée et la possibilité d’exécuter des applications Android ne sont pas des priorités pour les entreprises, contrairement à la sécurité, le support et l’administration des postes de travail.
Par exemple, Microsoft a lancé l’outil Test Base avec la présentation de Windows 11, qui teste la compatibilité des applications avec le nouveau système d’exploitation. Cependant, Willem Bagchus, spécialiste de la messagerie et de la collaboration chez United Bank, estime que cela ne suffit pas à garantir que Windows 11 fera fonctionner les logiciels métiers de la banque de la même manière que Windows 10.
« C’est une chose de dire [que] vous pouvez [faire fonctionner l’application sur Windows 11] avec du ruban adhésif et du chewing-gum », ironise-t-il… « Nous voulons absolument nous assurer que nous sommes dans une configuration supportée ». United Bank prévoit d’attendre que ses fournisseurs de logiciels certifient leurs applications pour Windows 11 avant d’abandonner le système d’exploitation actuel.
Des exigences matérielles incertaines
Outre la compatibilité logicielle, les professionnels sont incertains quant aux exigences matérielles de Windows 11. Microsoft a initialement déclaré que le système d’exploitation nécessiterait un processeur Intel Core de huitième génération ou plus récent, ou un processeur AMD Zen 2 (ou plus récent).
L’éditeur a ensuite indiqué qu’il autoriserait les utilisateurs équipés de processeurs Intel de septième génération et AMD Zen 1 à tester une version préliminaire du système d’exploitation. Microsoft prévoyait de recueillir des données sur la sécurité et les performances de ces PC avant de décider si les anciens processeurs pouvaient offrir toutes les fonctionnalités de Windows 11.
« Je pense que Microsoft doit expliquer pourquoi certains processeurs sont nécessaires », juge Will Wilson. De fait, les entreprises ne commenceront probablement pas à planifier le passage à Windows 11, tant que les exigences matérielles resteront une question ouverte. Tom Arbuthnot, architecte informatique chez l’intégrateur de systèmes Modality Systems, relève ainsi que les entreprises préfèrent utiliser un seul système d’exploitation pour tous les postes de travail, afin de simplifier l’assistance technique : « [deux systèmes d’exploitation] apportent trop de confusion ».
L’exigence de Windows 11 d’un processeur doté d’une enclave sécurisée (TPM, Trusted Platform Module) 2.0 est une spécification matérielle qui emporte l’adhésion de Willem Bagchus. La puce TPM stocke les clés de chiffrement d’une manière qui rend leur altération beaucoup plus difficile : « d’un côté, on peut se demander pourquoi ils obligent à cela. De l’autre, si l’on creuse un peu, on réalise que c’est vraiment important ».
L’avenir de Windows 10 n’est pas clair
Le moment où les entreprises passeront à Windows 11 dépendra de la durée pendant laquelle Microsoft ajoutera de nouvelles fonctionnalités à Windows 10. L’entreprise a prévu une mise à jour pour le second semestre de l’année. Les améliorations porteront notamment sur l’impression universelle et Windows Autopilot. Mais après cela, « Windows 10 recevra-t-il d’autres nouveautés ou passera-t-il en mode maintenance ? », s’interroge Will Wilson.
Par prudence, Emmanuel Technology Consulting, un prestataire de services IT de Brunswick, au Maryland, prévoit d’attendre au moins un an avant de faire migrer ses clients : « à moins que Microsoft n’y force, nous ne migrerons pas un seul de nos clients », explique William Warren, patron d’Emmanuel Technology Consulting.