VMware : « les entreprises ne misent plus sur un fournisseur de cloud unique »
Le débat organisé par VMware sur l'adoption du cloud public suggère que les DSI hésitent dorénavant à planifier une migration à grande échelle, sur plusieurs années, vers l'environnement d'un seul fournisseur.
L’époque où les entreprises disaient « tout miser » sur un seul fournisseur de cloud public est « bel et bien révolue », déclare Joe Baguley, directeur de la technologie pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique chez VMware.
S’exprimant lors du débat virtuel organisé par VMware et portant sur l’évolution de l’adoption du cloud public par les entreprises, Joe Baguley a expliqué que les DSI de nombreuses sociétés « étaient tombés dans le piège » en entreprenant à grande échelle et sur plusieurs années des migrations vers le cloud public d’un fournisseur unique pour découvrir ensuite que leurs charges de travail « ne fonctionnent pas, ne vivent pas, ne prospèrent pas ou ne survivent pas » dans le nouvel environnement.
« En fait, fonctionner de cette manière [dans le cloud public] revient probablement beaucoup plus cher et c’était une très mauvaise idée dès le départ », affirme-t-il.
Poursuivant sur ce thème, Joe Baguley explique qu’il est facile de comprendre les raisons ayant incité par le passé tant de dirigeants à suivre une stratégie « tout-en-un » de migration dans le cloud, mais que, comme nous avons l’avons vu par ailleurs lors de ce débat, force est de constater que beaucoup font désormais marche arrière.
Joe BaguleyDirecteur de la technologie pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, VMware
« Pendant des années, j’ai rencontré des DSI et des PDG me confiant qu’ils avaient tout misé sur le fournisseur de cloud X ou Y et mis en place un plan de migration intégrale sur deux ou trois ans », dit-il. « Tout cela est né du fait que nous croyons à tort avoir pour mission [dans l’informatique] de changer continuellement de plateforme ».
« Nous avons commencé à travailler sur des mainframes, puis nous avons décidé d’en retirer toutes les applications pour les transférer sous Unix, puis plus tard de les exécuter sur des processeurs x86 et enfin de les confier à des machines virtuelles. Et quand le cloud arrive, tout le monde se dit bien entendu qu’il s’agit de la prochaine plateforme et qu’il faut tout migrer sur ce nouveau support ».
Joe Baguley poursuit : « Cette perception qui voulait que tout soit migré et placé dans le cloud X est bel et bien enterrée aujourd’hui dans notre secteur ».
Participante au débat, Louise Öström, responsable au niveau international du VMware Business Group d’Accenture, a également abordé ce thème, en expliquant que certains adeptes de la première heure d’un cloud « tout-en-un » en étaient désormais à « retirer » certaines charges de travail pour les reprendre sur site ou les transférer dans un autre environnement de cloud public.
« Le problème vient des grandes entreprises qui se sont jetées tête baissée dans le cloud, ont choisi un seul fournisseur de cloud public, puis ont plus ou moins réduit la voilure de leurs propres centres de données, persuadées que tout s’exécuterait correctement et en toute sécurité dans le nouvel environnement de cloud public », rappelle-t-elle.
« Ils [les fournisseurs de cloud public] vous aident très volontiers à migrer au plus vite vers le cloud public, mais lorsque les factures arrivent, vous vous rendez compte que l’opération revient très cher et que certains éléments n’ont peut-être rien à faire dans cette Rolls-Royce ou Ferrari super-hybride, super-intelligente du cloud ».
Coûts mis à part, les entreprises ont également pris conscience que tout miser sur un seul fournisseur présentait un risque de dépendance en raison de l’engagement sur la durée, poursuit Louise Öström.
« Tout le monde sait qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Certaines entreprises se sont précipitées et ont tout confié à un seul fournisseur de cloud, mais elles commencent à s’interroger : où sont mes données ? En ai-je le contrôle et est-il possible de les récupérer si je le souhaite ? »
Sylvain Rouri, directeur commercial chez OVHcloud, fournisseur français d’infrastructures à la demande (IaaS), s’est fait l’écho de ce sentiment au cours du débat, en déclarant qu’il n’était pas rare de voir les premiers adeptes du cloud revenir sur leur stratégie plusieurs années après la migration.
Sylvain RouriDirecteur commercial, OVHcloud
« Nous voyons certains adeptes précoces du cloud faire machine arrière, car ils saisissent aujourd’hui que, vu la liberté de choix, ils doivent bien comprendre les contraintes, les possibilités et les principes liés à un fonctionnement dans le cloud », remarque-t-il.
« Toute entreprise désireuse de migrer dans le cloud doit parfaitement connaître les différentes données dont elle a la charge et savoir ce qu’elle veut en faire, c’est là l’un de leurs plus gros défis. »
Joe Baguley précise que les entreprises semblent aujourd’hui prendre plus de temps pour évaluer leurs options de cloud avant toute migration depuis leur site, ou tendent à se diversifier et à élargir la gamme des clouds publics auxquels elles confient leurs données.
« Je pense que nous sommes tous conscients de l’évolution [qui se profile] au cours des X prochaines années. Nous serons probablement tentés de transférer nos données de là où elles se trouvent vers ce qui sera la dernière nouveauté, et cette nouveauté impliquera sans doute la migration de certains éléments vers des clouds, avec des entreprises qui abandonneront totalement leurs centres de données privés pour répartir leur charge dans plusieurs clouds », ajoute-t-il.
« Certaines entreprises conserveront aussi une part de leurs activités dans un centre de données privé, mais attendons-nous à voir émerger des solutions hybrides entre plusieurs clouds ».