Windows 11 : bien plus qu’un bouton Démarrer déplacé
Microsoft a essayé d’accaparer les gros titres avec la nouvelle incarnation de son système d’exploitation client, présentant notamment un bouton « démarrer » repositionné et des icônes rafraîchies. Mais il y a plus dans Windows 11.
Microsoft a présenté la prochaine itération de son système d’exploitation client Windows. De légères modifications ont été apportées à l’interface utilisateur, mais le PDG Satya Nadella considère que Windows 11 prépare le terrain pour la prochaine décennie de Microsoft.
« Aujourd’hui marque une étape majeure dans l’histoire de Windows », a-t-il ainsi déclaré. « C’est le début d’une nouvelle génération. Tout au long de l’histoire, Windows a été une force de démocratisation pour le monde. Windows a toujours été synonyme de souveraineté pour les créateurs et d’agence pour les consommateurs ».
Pour Satya Nadella, l’objectif du nouveau système d’exploitation est de démontrer que Windows est devenu une plateforme plus ouverte : « il n’y a pas d’informatique personnelle sans agence personnelle », affirme-t-il ainsi. Et de développer son propos : « l’informatique personnelle nécessite un choix. Nous devons nourrir et développer notre propre agence sur l’informatique elle-même. Nous voulons supprimer les obstacles pour offrir un véritable choix. Nous devons être en mesure de choisir les applications que nous exécutons, le contenu que nous consommons, les personnes avec lesquelles nous nous connectons. Les systèmes d’exploitation et les appareils doivent s’adapter à nos besoins, et non l’inverse ».
Dès lors, pour Satya Nadella, Windows 11 se veut plateforme pour les créateurs de plateformes, qui offre un accès sans friction aux applications et au contenu : « aujourd’hui, le monde a besoin d’une plateforme plus ouverte, une plateforme qui permet aux apps d’être leur propre plateforme – comme le Web. C’est ce que nous souhaitons pour Windows. Il s’agit de la première version d’une nouvelle ère de Windows. Nous construisons pour la prochaine décennie et au-delà ».
Microsoft prévoit d’assurer la compatibilité des applications avec Windows 10, et offre un support gratuit aux entreprises avec 150 utilisateurs Microsoft 365 et plus, pour encourager la migration vers Windows 11 à travers son programme App Assure.
L’éditeur souhaite également attirer davantage de développeurs tiers vers la plateforme et son Microsoft Store. Pour cela, il estime proposer des « conditions de partage des revenus compétitives » à 85/15 % pour les applications et 88/12 % pour les jeux.
À partir du 28 juillet, les développeurs d’applications auront également la possibilité d’utiliser leur propre plateforme commerciale ou celle d’un tiers dans leurs applications, a indiqué Microsoft. Cela signifie qu’ils pourront éviter de payer des frais à Microsoft pour la vente de leurs applications – ou de services et contenus en leur sein.
Microsoft affirme que Windows 11 n’améliore pas seulement les performances de son navigateur Web Edge, mais que tous les navigateurs fonctionneront plus rapidement. Le nouveau système d’exploitation sort également de veille plus rapidement et les mises à jour de Windows devraient être 40 % plus légères.
En ce qui concerne l’interface utilisateur, Microsoft indique avoir modernisé le design et l’expérience utilisateur dans Windows 11. La nouvelle version propose désormais des dispositions Snap, des groupes Snap et des bureaux pour faciliter le multitâche et l’organisation de son environnement numérique.
Il y a également une intégration directe avec Teams à partir de la barre des tâches, qui permet aux utilisateurs de Windows 11 d’échanger par texte, voix ou vidéo avec n’importe qui, n’importe où sur Windows, Android et iOS.
Parmi les nouvelles fonctionnalités que Microsoft a utilisées pour démontrer son ouverture, il y a l’ajout du support des applications Android, via la boutique applicative d’Amazon. À ce propos, Daniel Rausch, vice-président d’Amazon en charge des appareils et services de divertissement, n’a pas caché son enthousiasme : « nous sommes ravis de pouvoir proposer aux clients de Windows 11 des applications mobiles Android dans de nombreux domaines tels que les services sociaux, les jeux, l’éducation, etc. en intégrant l’Amazon Appstore et le Microsoft Store. Et l’opportunité pour les développeurs est énorme – apportant des centaines de millions de nouveaux clients Windows aux développeurs de l’Amazon Appstore ».
Commentant les implications pour les entreprises, JP Gownder, vice-président et principal analyste chez Forrester, estime pour sa part que « Windows 11 est construit sur la même base de code que Windows 10. C’est une bonne nouvelle, car cela signifie qu’il est peu probable que les applications et les pilotes se cassent la figure, comme c’était le cas pour les versions de Windows Vista. Et les applications Win32 pourront toujours fonctionner en mode natif sur Windows 11 ».
Geoff BlaberPDG, Cabinet CCS Insight
De son côté, Geoff Blaber, PDG du cabinet CCS Insight, est tout aussi optimiste : « pour les clients professionnels, Windows 11 représente beaucoup moins de bouleversements que la transition vers Windows 10, car il dispose de la même base de code. Les cycles de mise à niveau devraient être beaucoup plus rapides et potentiellement accélérés par la promesse d’une sécurité accrue et de fonctionnalités Office 365 et Teams mieux intégrées ».
Pour Geoff Blaber, il existe désormais une distinction claire entre le PC Windows basé sur x86 et les Mac d’Apple sous macOS à base de processeur M1 : « face à la menace concurrentielle accrue des Macs M1 d’Apple, Microsoft met en avant sa philosophie d’ouverture et de connexion des écosystèmes en soutenant les applications Android et l’Amazon App Store. Le contraste avec Apple est de plus en plus marqué, ce qui donne aux clients un choix clair ».
Reste toutefois que « la valeur des applications Android dépendra de l’expérience utilisateur et des performances. Néanmoins, la combinaison d’applications Android, d’un Microsoft Store plus flexible et d’un navigateur très performant, devrait permettre de remédier plus complètement à une faiblesse dont souffre depuis longtemps Windows par rapport à la concurrence ».
L’ouverture de Windows 11 aux applications Android a déjà fait grincer quelques dents, notamment du fait de craintes pour la sécurité, avec la menace de nouveaux maliciels. Cependant, Microsoft pourrait déjà avoir préparé la réponse à ces préoccupations : il y a un an, l’éditeur proposait une préversion de Defender ATP pour Android ; aujourd’hui, il propose Defender for Endpoint sur ces terminaux mobiles pour ses clients Microsoft 365 E5.