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Salesforce prépare de nouveaux outils Low-code et DevOps
Bien conscient qu’il doit simplifier son offre technique sans détruire l’existant, le géant du CRM a dévoilé quelques éléments de sa feuille de route pour renforcer l’importance du low-code et de la centralisation des projets de développement. En ligne de mire, l’élaboration de son offre cloud Hyperforce.
Dans le cadre de son événement, TrailheaDX, Salesforce a présenté une série d’outils de développement qui seront disponibles dans les mises à jour « été » 2021, « hiver » et « printemps » 2022 de sa plateforme.
Parmi ceux-ci, l’éditeur californien liste un instrument de conformité low-code, un produit de la gamme Einstein, auparavant intitulé Sense. Einstein Data Detect est comme son nom l’indique un système de détection automatisée, propulsée au machine learning. Il sert plus spécifiquement à trouver des données personnelles telles que les numéros de sécurité sociale, de carte de crédit, de permis de conduire et d’autres informations protégés par les législations. Aux États-Unis, il peut aider à respecter les lois HIPAA ou CCPA. En Europe, l’outil semble calibré afin de renforcer les contrôles internes liés au RGPD.
Sense devient Data Detect
Data Detect est conçu pour identifier ce type de renseignement dans les champs de formulaire.
« Souvent, les clients et les employés saisissent ces points de données dans le mauvais champ d’un formulaire ou d’un écran. Si les mesures de sécurité proactives peuvent verrouiller les données personnelles lorsqu’elles sont enregistrées dans les bonnes cases, elles ne peuvent rien faire lorsque les données ont été collées, par exemple, dans un champ de texte libre », explique Ryan Ellis, Senior Vice President, Salesforce Platform.
Jason WongAnalyste, Gartner
Les outils conçus avec Einstein Data Detect peuvent faire apparaître les informations nominatives et aider les administrateurs à identifier ces problèmes et à les corriger.
« Tout ce qui porte le préfixe “Einstein” est lié à l’automatisation », rappelle Jason Wong, analyste chez Gartner. « Einstein Data Detect est un moyen d’aider à supprimer certaines des étapes manuelles afin de respecter les exigences réglementaires et de conformité. »
Einstein Data Detect sera disponible avec la prochaine version Summer de Salesforce.
En hiver 2021, une version majeure de la plateforme sera lancée. Elle comprendra Einstein Dynamic Interactions, une série de 150 blocs d’applications low-code. Dynamic Interactions sera directement intégré à (Lightning) App Builder. Selon Salesforce, Dynamic Interactions « s’adresse d’abord aux développeurs qui conçoivent des composants interactifs ».
Ces composants peuvent être des boutons, des cartes, des cartes ou des graphiques affichés sur une page Web. « Une fois créés, les membres des équipes IT peuvent dicter le moment où les composants réagiront à différentes actions, par exemple lorsqu’un visiteur de la page clique sur sa souris ou appuie sur des boutons, ainsi que la manière dont les composants interagissent entre eux sur une page donnée, le tout dans l’interface App Builder ». Cela permettrait de rendre les composants réutilisables.
La version Summer 2021 introduit également la version pilote de Flow Orchestrator au sein de Lightning Experience. Cet instrument administre des orchestrations comprenant de multiples processus interagissant avec de nombreux utilisateurs. Ces orchestrations partagent une seule page de composants Lightning et correspondent à des listes de flux assignés spécifiquement à certains usagers. Basé sur Salesforce Flow, il s’agit là d’un outil pour bâtir des tableaux de gestion de projets.
Une interface de ligne de commande unifiée pour les développeurs
Les développeurs professionnels habitués à l’écosystème Salesforce, eux, ont accès à Salesforce Functions en bêta. Celui-ci est un service FaaS (ou serverless), permettant d’écrire du code qui intègre la logique métier pouvant être assemblé dans un bloc de construction Flow ou comme un composant Lightning Web. Functions ne nécessite pas de configurer le VPN, le IAM ou d’autres éléments, Salesforce affirme automatiser ces étapes pour les frameworks Java et Node.js.
Dans la prochaine version Winter' 22, Salesforce prévoit d’unifier les interfaces de ligne de commande (CLI) associées à plusieurs ailes de la plateforme, telles que SFDX, qui gère les applications centrales de Salesforce, Heroku, Salesforce Commerce Cloud, MuleSoft, mais aussi Tableau. Toutes ces interfaces seront accessibles à partir d’une ligne de commande centrale et emploieront une collection de modèles et un langage commun, précise Ryan Ellis.
Ryan EllisSenior Vice President, Salesforce Platform
Toutes les anciennes lignes de commande y seront intégrées, de sorte que le langage qu’un développeur utilisait auparavant fonctionnera avec la CLI unifiée. « Cela permet aux développeurs d’effectuer plus facilement n’importe quelle action sur l’ensemble des capacités de Salesforce à l’aide d’un seul outil », promet le SVP. « Ainsi, au lieu d’avoir à apprendre plusieurs CLI différents, ou à modifier des scripts en jonglant avec les CLI, ici tout est disponible à un seul endroit ».
Selon Ryan Ellis, les CLI auraient perdu en popularité avec l’émergence des capacités low-code, mais sont de nouveau plébiscitées depuis environ deux ans. Les développeurs ont réalisé que les lignes de commande restaient le moyen le plus efficace d’effectuer des tâches telles que l’installation de paquets logiciels ou l’exécution de scripts. Cette « unification » des CLI permettrait « de se connecter à des pipelines d’intégration et de livraison continues pour automatiser les tests et le déploiement de tout projet Salesforce », dixit l’éditeur dans un communiqué de presse. Depuis cinq mois, les ingénieurs de Salesforce tiennent un repo GitHub de démonstration rassemblant l’ensemble des commandes déjà disponibles dans le nouveau CLI.
DevOps Center : quand Salesforce se la joue CloudBees
Dans cette même volonté de rassembler les efforts de développement, Salesforce a présenté DevOps Center, un espace centralisé permettant de suivre les modifications apportées à l’instance d’un utilisateur, d’appliquer une gouvernance aux environnements de développement, de test et de production. Accessible en version pilote, DevOps Center entrera en disponibilité générale à l’été 2022.
Ce centre devrait aider également les équipes à lancer des applications et des expériences plus rapidement grâce à l’intégration avec les systèmes de contrôle de version et à la migration des modifications apportées aux applications dans les environnements de test. Selon Salesforce, rien de tout cela ne nécessitera de code personnalisé. En revanche, le support de plusieurs dépôts GIT demande de créer des projets dédiés. L’éditeur n’a pas finalisé le modèle économique consacré à DevOps Center.
Les utilisateurs peuvent s’attendre à une version gratuite et probablement à un forfait payant pour la gestion des environnements de production. Salesforce dispose d’autres capacités DevOps, des existantes et des nouvelles, comme Source Tracking, un outil pour suivre et synchroniser les mutations dans les environnements de test. Cette profusion de fonctions exige une certaine prudence. « Nous essayons de ne pas imposer des modifications qui provoqueraient des changements cassants. C’est notre plus gros défi en ce moment », déclare Karen Fidelak, directrice, Product Management, chez Salesforce.
Renforcement du partenariat avec AWS en attendant Hyperforce
Ce rassemblement des outils semble préfigurer la prochaine étape du développement de la plateforme CRM, à savoir son offre multicloud Hyperforce. « Dans le futur, vous utiliserez le CLI sur toutes nos solutions cloud », confirme une ingénieure de Salesforce lors de la conférence. Si nous avons pu entrevoir les travaux des architectes de l’éditeur lors de plusieurs conférences liées à des technologies open source, les décideurs du groupe ont dépeint le modèle Hyperforce sans en détailler la teneur.
Au cours de TrailheaDX, Parker Harris, cofondateur et CTO de Salesforce a rappelé qu’Hyperforce est disponible en Inde et en Allemagne et est « rétrocompatible » avec les applications créées avec la plateforme Salesforce en dehors de cette nouvelle couche cloud.
Enfin, le dirigeant a présenté une extension du partenariat avec AWS. Elle vise à réduire la nécessité de gérer des développements personnalisés pour combiner le CRM et les services du fournisseur cloud. Cela passe par une intégration « virtualisée » avec les bases de données DynamoDB, RDS, ainsi qu’avec le datawarehouse RedShift, Lambda, S3 et EventBridge. Aussi, Salesforce veut exploiter les services Amazon Chime, Amazon Textract (NLP), Comprehend (NLU) depuis les offres Industry Cloud.