Stockage : NetApp améliore encore le côté cloud hybride de ses offres
Le fournisseur revoit Astra, OnTap, FlexPod, StorageGRID et Cloud Manager, pour concrétiser jusque dans les moindres détails sa promesse de solutions qui fonctionnent sur site exactement comme en cloud.
Une peu comme les lessives du XXe siècle qui lavaient encore plus blanc à chaque génération, NetApp lance ce mois-ci des solutions qui sont encore plus cloud hybride que leurs versions précédentes. Plus exactement, le fournisseur concrétise petit à petit sa promesse de livrer des systèmes de stockage qui fonctionnent à cheval entre des datacenters sur site et des ressources en cloud, avec des outils et des règles d’administration communs.
Il en va par exemple ainsi d’Astra, son système qui permet de gérer les volumes de stockage des clusters Kubernetes. Lancé en fanfare lors du dernier événement NetApp Insight de 2020, on découvre qu’il ne savait jusqu’à présent déplacer les clusters et leurs volumes que d’un cloud public à l’autre. Désormais, Astra sait aussi mettre dans la boucle les baies de disques OnTap des datacenters.
Autre exemple, la console d’administration globale SaaS Cloud Manager servait à indiquer différents tiers de stockage (plus rapides, plus capacitifs, etc.) entre les ressources de stockage en ligne et les baies OnTap sur site. Mais il lui manquait la possibilité d’inclure dans le lot les baies de stockage objet StorageGRID, lesquelles sont pourtant utiles pour délester les sauvegardes, les archives et les données destinées aux analyses postérieures. Le problème est désormais résolu.
Matthieu JametEn charge des équipes avant-vente, NetApp France
« Notre volonté est de permettre aux entreprises de s’ouvrir au cloud, pour y chercher de la souplesse et de nouveaux usages, tout en continuant de gérer l’existant. La cohérence entre toutes nos offres est notre force. Désormais, lorsqu’une entreprise souhaite remplacer ses baies de disques, elle sait qu’en prenant du NetApp, elle aura un connecteur vers tous les hébergeurs de cloud. Elle obtiendra directement la capacité de répliquer ses environnements vers tous, ce qui lui évitera d’être verrouillée par un hébergeur en particulier », argumente Matthieu Jamet, en charge des équipes avant-vente de NetApp France.
Concernant le fait qu’Astra ne permettait pas jusqu’à présent de prendre en charge les baies de disques sur site, Matthieu Jamet explique que le constructeur échelonne les priorités : « il était urgent de permettre à nos clients d’exécuter leurs environnements de développement en containers dans le cloud avec le même savoir-faire et la même richesse que nos solutions sur site. À présent, nos clients veulent rapatrier dans leurs datacenters les containers qu’ils ont développés. La prise en charge des baies OnTap par Astra tombe donc à point nommé. »
FlexPod et StorageGRID s’alignent sur les standards des partenaires
Dans la foulée de ces mises à jour, toute l’offre de NetApp est rafraîchie. Les architectures convergées FlexPod – à savoir des baies de stockage OnTap vendues avec des serveurs et des switches réseau Cisco – sont désormais livrées avec les derniers modèles de serveurs UCS X que Cisco a dévoilés au début du mois. Notons toutefois que les serveurs UCS X ont leur propre console d’administration SaaS, Intersight, et que celle-ci est également conçue pour favoriser les projets de cloud hybride, en répliquant ses contenus vers des ressources en ligne, et en les gérant avec les mêmes outils et les mêmes règles que dans le datacenter.
« Oui, il est possible de gérer la partie stockage des FlexPod avec les outils de cloud hybride de NetApp. Mais en pratique, nous savons que les entreprises ne le feront pas, elles préféreront se simplifier la tâche en réalisant toutes les opérations depuis Intersight. Pour autant, la cohérence demeure, car Intersight se connecte aux API de nos solutions », assure Matthieu Jamet.
StorageGRID, le système de stockage objet, est désormais livré dans une version 11.5 qui s’aligne sur les dernières évolutions d’AWS concernant le protocole S3. Désormais, il est possible de protéger contre l’écriture un seul objet (un seul fichier…), contre tout l’ensemble du volume de stockage auparavant. Cette protection, conçue pour faire barrage aux ransomwares qui tentent de corrompre les données, permet par exemple de ne conserver une copie figée que de certaines archives essentielles, pour gagner de la place.
Autre évolution importante : dans le cas où le contenu serait chiffré, StorageGRID ne stocke plus les clés sur le serveur qui l’exécute. Ainsi, si un pirate parvient à accéder à ce serveur pour dérober ses données, il ne pourra plus y trouver de quoi les lire.
OnTap plus rapide avec les clusters de machines virtuelles et de containers
OnTap, le système historique des baies de disques SAN/NAS de NetApp, évolue quant à lui en une nouvelle version 9.9 bien plus optimisée pour les clusters de machines virtuelles et de containers, les formats préférés des applications quand elles sont exportées en cloud.
« La force d’OnTap a toujours été de très bien gérer le parallélisme des accès entre plusieurs serveurs physiques et leurs LUN respectives sur une baie SAN. Le problème était que si vous n’aviez plus qu’un seul serveur au lieu de, par exemple, cent cinquante, la vitesse d’accès à sa LUN restait la même, elle n’était pas cent cinquante fois plus rapide. Désormais, nous avons optimisé l’accès à une seule LUN et, dans cet exemple, nous multiplions même la vitesse d’accès par trois cents », se félicite le responsable avant-vente.
OnTap 9.9 s’enrichit aussi d’un support complet du protocole NVMe-over-FC. À condition que la baie soit remplie d’unités NVMe et que la carte contrôleur FC des serveurs supporte la vitesse 32 Gbit/s, ce protocole multiplie par cinq la vitesse d’accès au stockage, par rapport à l’accès FC traditionnel. « OnTap 9.9 ne propose pas encore du NVMe-over-RoCE. Nous pensons que NVMe-over-FC est bien plus utile, car il fonctionne directement sur les infrastructures FC que les entreprises possèdent déjà, alors qu’elles devraient investir dans une nouvelle infrastructure réseau, plus chère que l’Ethernet traditionnel, pour le RoCE. »
Enfin, OnTap 9.9 améliore sa fonction de haute disponibilité entre deux sites géographiques, appelée MetroCluster chez NetApp. D’une part MetroCluster fonctionne à présent entre huit contrôleurs, contre quatre auparavant. « Un MetroCluster fonctionne toujours entre deux sites, avec des baies à double contrôleur. Le fait de gérer deux fois plus de contrôleurs sur chaque site permet d’administrer le tiering, typiquement pour assurer à la fois la haute disponibilité entre des baies de disques NVMe rapides et entre des baies de disques capacitives », détaille Matthieu Jamet.
D’autre part, MetroCluster s’accompagne à présent d’une option SnapMirror Business Continuity qui permet de définir la répartition des charges entre les deux sites avec plus de granularité. « MetroCluster assure une fonction basique de PCA (Plan de continuité d’activité) : en cas de panne sur un site, l’ensemble de la production bascule sur le second. SnapMirror Business Continuity permet pour sa part de ne basculer sur un seul site qu’une partie des applications. Il ne s’agit pas de gérer les pannes, il s’agit par exemple de dire qu’un projet – de développement par exemple – n’a besoin de fonctionner que sur un seul site. »
Hybride jusque dans les bâtiments d’Equinix
Toutes les fonctions d’OnTap sont disponibles dans les clouds AWS, Azure et GCP pour étendre virtuellement et en ligne la flotte de baies de disques sur site. Les dénominations des services sont plus ou moins similaires : Cloud Volumes OnTap chez AWS et Azure, NetApp Cloud Volumes chez GCP… Il est possible de décliner la même chose dans d’importe quel autre cloud public ou privé avec la solution OnTap Select, qui correspond à la version SDS d’OnTap. Ensuite, viennent se greffer sur toutes ces offres les services Astra pour interfacer les baies physiques comme virtuelles avec des clusters Kubernetes et Cloud Manager, pour tout administrer ensemble.
NetApp ne propose pas de déclinaison en ligne de StorageGRID puisque StorageGRID est lui-même une déclinaison sur site des services de stockage en ligne S3. Toutefois, Cloud Manager assure l’extension de StorageGRID en ligne avec d’autres services S3 comme s’il s’agissait d’un même ensemble.
A tout ceci s’ajoute une nouvelle offre commerciale en partenariat avec la chaîne de datacenters en colocation Equinix. Elle consiste à installer dans chacun des bâtiments de l’enseigne, y compris ceux situés en France, des flottes de baies OnTap prêtes à l’emploi et bénéficiant d’un accès rapide vers chaque fournisseur de cloud via les liens d’interconnexion Direct Connect d’Equinix.
« Jusqu’ici, nous proposions l’offre NetApp Private Storage qui consistait à installer directement chez Equinix les baies de disques achetées par nos clients. L’intérêt de cette offre est une livraison clés-en-main d’un système de stockage pour les clients qui font déjà héberger leurs serveurs chez Equinix. Désormais, nous allons au-delà : les baies sont déjà installées et nous ne les vendons plus, nous louons à nos clients de l’espace de stockage dessus. »
« L’intérêt est de proposer de l’espace de stockage à la demande pour gérer les débordements de capacité. Habituellement, les entreprises vont chercher cet espace de stockage d’appoint en ligne. À présent, il est directement disponible dans le même datacenter de co-location, avec des latences minimales et un prix attractif », assure Matthieu Jamet.