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SAP entrevoit l’enjeu mondial du cloud souverain
Si officiellement SAP conduit le programme de migration de son ERP vers le cloud avec les hyperscalers, c’est-à-dire avec Google Cloud, AWS, Microsoft, en sus d’Alibaba Cloud et d’IBM, les dirigeants de l’entreprise ont bien compris qu’il faudra par un moyen ou un autre répondre globalement aux besoins des clients réclamant l’hébergement de leurs données sur un cloud souverain.
En janvier dernier, l’éditeur allemand a lancé son programme RISE with SAP, une offre packagée pour faciliter l’adoption de S/4 HANA sur le cloud. De manière générale, SAP compte sur ses partenariats avec les fournisseurs américains Microsoft Azure, Google Cloud, AWS, IBM ainsi que sur le Chinois Alibaba Cloud afin d’atteindre cet objectif.
« Nous avons donc une relation très étroite avec tous les Hyperscaler, notamment Microsoft Azure, AWS et GCP. Dans un même temps, nous sommes agnostiques, de sorte qu’un client peut choisir s’il souhaite déployer SAP sur l’infrastructure de l’un de ces fournisseurs. Nous les aiderons à prendre cette décision », rappelle Brian Duffy, président monde du programme RISE with SAP auprès du MagIT.
Le cloud gagne en popularité auprès des clients SAP…
Cette approche semble séduire les usagers. Selon le comptage arrêté en avril, plus 260 clients ont signé un contrat estampillé RISE with SAP. Lors d’un dialogue avec l’USF tenu le 3 juin dans le cadre de l’événement SAPPHIRE, Frédéric Chauviré, directeur général de SAP France, évoque la signature de cinq clients français, des discussions très avancées avec cinq autres qui devraient se terminer à la fin du mois de juin, et des échanges avec une centaine de clients autour de ce programme de migration.
L’USF, le club français des utilisateurs de SAP a publié son enquête annuelle sur la satisfaction des clients de l’éditeur allemand. En 2018, « seules 27 % des entreprises envisageaient d’utiliser une solution SAP Cloud, elles étaient 42 % en 2020 », peut-on lire dans un communiqué de presse.
… Mais des craintes demeurent
Si des craintes légitimes sur la gestion des données sur les clouds américains agitent les sphères IT, sociales et politiques, il va de même chez les utilisateurs de SAP. L’année dernière, l’USF saluait la participation de SAP à l’initiative Gaia-X, un métacatalogue pour évaluer les services cloud au regard des critères de souveraineté, de sécurité et de conformité réglementaire. À plusieurs reprises, Gianmaria Perancin, président de l’USF, a souligné l’importance d’ajouter une offre SAP sur un « cloud de confiance » qui passerait idéalement par un partenariat avec un fournisseur de cloud européen.
Lors d’un débriefing de l’annonce de RISE with SAP avec l’USF, Frédéric Chauviré a parlé de discussions avec OVH pour porter tout ou partie de l’offre SAP sur OVHCloud. Le 3 juin, le directeur France a répondu à la même question (posée par un collaborateur de SAP France, soit dit en passant) : « Quid » de la relation entre SAP et OVH ? Les échanges se poursuivent, confirme le dirigeant. Dans un tweet publié le 9 juin, le PDG d’OVH, Octave Klaba, dévoile un peu du contenu de ces discussions en évoquant l’arrivée prochaine d’HANA sur le cloud de son entreprise.
« Vous ne savez pas combien je pousse pour que cela se fasse. La voie est longue, mais je leur souhaite d’y arriver au plus vite », affirme Gianmaria Perancin auprès du MagIT. « Rise ou non, les hyperscalers qui nous [les clients de SAP] permettent d’aller aujourd’hui dans le cloud ne sont pas européens. Je suis très attaché à la démarche Gaia-X, et comme SAP participe à cette initiative, forcément je dois suivre ce sujet. Ensuite, les données de nos entreprises ont tout intérêt à être hébergées en Europe dans des infrastructures en dehors du CLOUD Act et du Patriot Act, dans un cloud de confiance à l’Européenne ».
« Je veux être sûr que les données sont la propriété de mon organisation et que personne ne peut y toucher », ajoute-t-il.
SAP explore les voies des clouds souverains
De son côté, SAP voit d’abord poindre à l’horizon un intérêt pour ses solutions hébergées sur des clouds souverains.
« C’est quelque chose que nous prenons très au sérieux », indique Frédéric Chauviré lors de son intervention du 3 juin. « Nous avons rassemblé beaucoup de personnes au niveau global pour discuter de ce sujet. En réalité, il y a d’autres pays où l’on observe ce type de demandes, pas forcément avec OVH, mais avec des solutions locales ».
Interrogé par LeMagIT à propos du cas OVH, mais aussi d’un éventuel partenariat avec T-Systems dans cette même direction – le fournisseur de cloud allemand est très proche de l’écosystème SAP –, Brian Duffy botte en touche et évoque la « sensibilité » de cette thématique. Il confirme toutefois les propos de Frédéric Chauviré sur l’importance du cloud souverain pour certains clients de SAP de par le monde.
Brian DuffyPrésident monde du programme Rise with SAP
« Nous observons un élan dans certaines parties du monde autour du cloud souverain. Je ne peux pas entrer dans le détail à ce sujet parce que nous avons certains accords en place avec certains acteurs et des gouvernements, aussi. Nous explorons comment nous pourrions nous associer avec eux afin de réaliser leur vision souveraine », envisage Brian Duffy.
« Notre intention est et a toujours été de soutenir nos clients. Cela signifie que nous devrons avoir des partenariats importants et stratégiques avec de nombreux acteurs à travers le monde. C’est ce que nous nous engageons à faire, parce qu’en fin de compte, c’est ce que nos clients nous réclament », ajoute-t-il.
Les offres pourraient à terme séduire les acteurs du secteur public et les entreprises réglementées. En attendant, SAP défend ses partenariats avec les hyperscalers.
« Nous avons de nombreux clients dans le secteur public, et certains d’entre eux, dans le secteur public ou dans d’autres industries, sont fortement réglementés et sont plus que désireux de passer au cloud, mais ils ont besoin de certaines dispositions, de garde-fous et de processus en place pour s’assurer qu’ils répondent aux exigences réglementaires. Nous, SAP, et les hyperscalers pouvons tout à fait travailler avec ces clients. Nous avons de nombreux clients du secteur public et des secteurs hautement réglementés, qui ont déjà transféré des instances SAP vers le cloud. Et nous gérons ces instances pour eux », conclut Brian Duffy.