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Axway veut unifier la gestion d’API au sein de son catalogue
Moins visible que ses concurrents, l’éditeur français défend ses atouts sur le marché « dynamique » de l’intégration. Depuis l’année dernière, il mise notamment sur un catalogue unifié d’API et d’assets d’intégration multitechnologie.
Axway compte pas moins de 17 filiales, plus de 1 900 collaborateurs et revendique environ 11 000 clients. S’il n’est pas le plus populaire sur son marché, l’éditeur français en est pourtant l’un des acteurs majeurs.
« Axway a un petit déficit de notoriété », reconnaît Yves Lajouanie, senior Vice-Président, Business Operations, EMEA chez Axway.
« Nous sommes en face d’acteurs majeurs comme Google, IBM et Salesforce. C’est toujours un peu difficile de rivaliser avec ces géants en matière de marketing et de communication. De manière générale, l’intégration n’est pas le sujet le plus facile à présenter auprès des directions », ajoute-t-il.
Yves LajouanieSenior VP business operations EMEA, Axway
Techniquement, Axway cherche la pole position. « Nous avons la capacité de couvrir tous les types d’intégration avec nos solutions MFT (Managed File Transfer), EDI (B2B) et notre plateforme de gestion d’API Amplify », vante Yves Lajouanie.
Face aux concurrents cités plus haut, Axway met particulièrement en avant Amplify. « C’est une plateforme d’intégration hybride qui permet de gérer toutes les interactions entre le SI d’une entreprise et son écosystème, d’ouvrir les services de l’entreprise vers l’extérieur et en favoriser la consommation de manière simple, facile et sécurisée » assure le responsable français.
Un catalogue unifié d’API multitechnologie
Si d’autres acteurs misent sur des places de marché pour réunir les API et les connecteurs, il s’agit souvent de rassembler des assets développés avec leurs solutions. Axway affirme pousser ce concept un cran plus loin.
« Une entreprise n’a pas une seule plateforme de gestion d’API. Elle peut avoir déployé différentes technologies liées à son empreinte sur site, dans le cloud ou devoir en administrer plusieurs après des opérations de consolidation », explique Yves Lajouanie.
« Notre différenciant c’est un catalogue de services standardisés. Dans la plateforme, vous pouvez recenser tous les types d’interfaces d’intégration, peu importe la technologie utilisée », assure le responsable.
Ce catalogue unifié est associé à des services de découverte pour identifier les API, les MFT, les flux event-driven (via Axway Streams) et les microservices (via Istio et Envoy), puis centraliser leur gestion depuis un seul environnement. Ce catalogue est compatible avec les gateways Amplify, AWS et les services de découvertes d’API de GitHub, Azure et MuleSoft Anypoint. Les développeurs peuvent superviser des API REST, SOAP, gRPC, Avro, GraphQL, et certains assets personnalisés. L’outil permet de mesurer les consommations et d’étiqueter les ressources d’intégration pour les réutiliser, administrer les droits d’accès et diverses politiques, et de gérer les flux.
« Cette fonctionnalité nous a permis de gagner de grands contrats face à Google et sa plateforme Apigee ou encore Salesforce avec MuleSoft », vante le responsable.
Les clients qui témoignent sur le Gartner Peer Insights notent toutefois qu’il est plus aisé de gérer des API dépendantes d’un seul jeu de règles, à travers un groupe, que d’administrer des variantes spécifiques à certaines organisations.
L’éditeur a également un control plane dédié à l’ALM (ou DevOps) nommé Amplify Central permettant de gérer les pipelines CI/CD liés aux API développés avec Axway, qu’elles soient déployées sur site ou dans le cloud.
L’enjeu multicloud d’Axway
« Nous sommes le seul éditeur français sur ce marché. L’on entend souvent parler de souveraineté dans les secteurs publics ou dans les banques, notre nationalité est un atout majeur », assure le dirigeant.
Pour autant, les services cloud managés d’Axway sont disponibles sur AWS et Microsoft Azure, des fournisseurs de cloud américains.
« En Europe, 20 % de nos nouveaux contrats concernent l’adoption du cloud managé Axway. Beaucoup des solutions à la souscription sont également déployées dans des clouds privés ou dans les instances de cloud public des clients », précise Yves Lajouanie.
« Concernant le cloud public souverain, il y a encore une petite réticence. Je pense que si la France et l’Europe arrivent à voir des offres performantes et accessibles à l’ensemble des utilisateurs, cela changera la donne », envisage-t-il.
Pour le moment, Axway entretient des partenariats technologiques avec Microsoft Azure, AWS et VMware. Il entame des discussions avec des fournisseurs de cloud et des intégrateurs européens. « C’est un sujet important pour nous », considère le SVP.
L’économie de l’intégration, entre opportunités et rationalisation
En attendant, la demande ne faiblit pas et le marché de l’intégration profite des changements profonds des modèles économiques, selon le dirigeant.
« Notre marché est particulièrement dynamique. La pandémie n’a fait que renforcer les besoins d’interactions entre les commerçants et les consommateurs. Certains acteurs sont en pleine mutation et s’appuient sur les outils d’intégration pour transformer leur activité », assure-t-il.
Yves Lajouanie évoque le cas d’un client d’Axway, Cetelem. Désormais, 40 % de son activité d’octroi de prêt passe par des API qui font la jonction entre ses services IT et les plateformes de ventes en ligne : Apple, Amazon ou encore AramisAuto.
« Les entreprises françaises sont matures en matière d’intégration. J’ai évoqué Cetelem, mais Suez utilise également nos solutions pour relever les données des compteurs d’eau, fournir leur planning d’intervention aux collectivités locales. Par ailleurs, Chantel utilise notre plateforme API pour vendre leurs produits, mais aussi ceux de marques concurrentes et toucher des commissions sur les transactions », illustre le dirigeant.
Les diminutions de coûts d’intégration et de développement, en favorisant les réutilisations des API et des assets, sont un « bénéfice secondaire ».
« Dans des projets d’adoption d’API ou d’intégration moderne, l’économie de coût n’est pas l’objectif principal », estime Yves Lajouanie. « Les entreprises veulent renforcer les interactions avec leurs fournisseurs et clients, accroître la consommation de services IT. D’autres comme les acteurs du secteur public ou les banques doivent répondre à des contraintes réglementaires autour de l’Open Data et de l’Open API ».
Tout comme ses concurrents, Axway développe des capacités d’intégration low-code/no-code. En l’occurrence, l’éditeur met à disposition l’Integration Builder, un outil permettant de manipuler des API préfabriquées et de piloter des flux d’intégration personnalisés, pour obtenir des données ou déclencher des actions suivant certaines conditions.
Yves LajouanieAxway
« Si vous simplifiez l’accès au développement, il faut tout de même confier la gestion des projets à des maîtres d’ouvrage, à des responsables ayant un bagage technique », prévient Yves Lajouanie « À ce titre, nous proposons plus de 200 connecteurs précâblés ». Il ne s’agit pas forcément de mettre l’outil dans les mains des métiers. « Les entreprises passent par là parce que cela permet d’innover beaucoup plus vite : les équipes peuvent essayer des choses et se rendre compte ce qui est pertinent dans une démarche d’ouverture du SI », indique-t-il.
Être au bon endroit, au bon moment
Pour les clients, il reste des freins organisationnels ou des questions concernant l’intégration avec les SI existants. Pour Axway, il s’agit de se rapprocher davantage des bons partenaires, ceux qui ont déjà un pied chez ses prospects.
« Depuis 18 mois, nous souhaitons renforcer nos partenariats avec des intégrateurs et des cabinets de conseils. Ces ESN sont très souvent chez nos clients en amont de leurs projets et ont parfois accès de manière plus systématique aux décideurs ».
« Nous avons également mis en place une équipe de catalystes, des experts qui ont une forte expérience de l’intégration, qui ont par exemple dirigé des projets IT importants dans une vie antérieure ou auprès de nos clients », indique Yves Lajouanie.
Malgré certaines difficultés rencontrées en 2020, Axway a réalisé un chiffre d’affaires de 297,2 millions d’euros – en baisse, dont 125,3 millions générés aux Amériques (USA et Amérique latine, 42 % des revenus annuels) et 93,5 millions d’euros (32 % du chiffre d’affaires total) rien qu’en France. « Nous effectuons 53 % de notre chiffre en Europe », précise le SVP.
L’entreprise affichait un résultat net positif de 8,5 millions d’euros. L’activité de maintenance représente 46 % de son chiffre d’affaires total (138,2 millions d’euros) et la souscription 32,7 % (97,3 millions). Dans son Magic Quadrant 2020 dédié à l’API Management, Gartner rappelle que le groupe n’a pas terminé son passage d’un modèle de licence à une approche SaaS.