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Cloudera passe par les cases « rachat » et « privatisation »
Le pionnier d’Hadoop s’apprête à faire une croix sur sa relation tumultueuse avec la bourse et compte poursuivre sur sa lancée en maintenant son approche multicloud et hybride sous l’autorité des investisseurs KKR & Co. et Clayton Dubilier & Rice.
Couru d’avance. Le 1er juin, Cloudera a annoncé son acquisition par les fonds Private Equity KKR & Co. et Clayton Dubilier & Rice LLC, pour un montant d’environ 5,3 milliards de dollars en numéraire. Les participants assurent que cette opération sera finalisée au cours du deuxième semestre 2021.
Selon les termes de cet accord, les actionnaires recevront 16 dollars par action, soit une prime de 24 % « par rapport au cours de clôture du 28 mai 2021 (12,86 dollars) et de 30 % par rapport au cours moyen pondéré en fonction du volume sur 30 jours », précisent les participants dans un communiqué de presse. Une close « go shop » permet aux membres du conseil d’administration de rechercher une meilleure offre pendant un mois. Pour l’instant, ils ont tous ratifié l’accord. Si le rachat est confirmé, Cloudera redeviendra une organisation privée.
Le grand bénéficiaire de cette opération n’est autre que le groupe de l’homme d’affaires Carl Icahn qui détient 18 % de l’entreprise depuis août 2019.
Il faut aussi y voir la patte de Rob Bearden, ancien dirigeant d’Hortonworks. Le spécialiste des fusions, devenu PDG de Cloudera après le départ forcé de Tom Reilly, laissait entrevoir le futur financier de la compagnie.
En janvier 2020, Rishi Jalurian, analyste financier chez D.A Davidson&Co., évoquait le possible intérêt des Private Equities, mais aussi d’IBM et de Microsoft.
En juin 2020, Bloomberg révélait le projet de revente de Cloudera, selon des sources proches du dossier : IBM aurait manifesté son intérêt, selon le quotidien. En décembre 2020, le deuxième plus gros actionnaire était Intel avec 8,3 % des parts. Cloudera avait racheté les actions du fondeur pour 314 millions de dollars, selon MarketWatch.
Cloudera à la recherche du renouveau
La fusion d’un montant de 5,2 milliards de dollars avec Hortonworks lancée en 2018 n’avait pas changé la trajectoire de l’entreprise dont l’introduction en bourse officialisée en 2017 a rapidement tourné au vinaigre. Pendant deux ans, le cours n’a cessé de chuter partant de 18,10 dollars par action le 28 avril 2017 pour atteindre 5,10 dollars par action le 7 juin 2019. Depuis, le cours a repris du poil de la bête sans vraiment atteindre les sommets des débuts.
Techniquement, Cloudera s’était engagé au long cours pour proposer une plateforme Hadoop unifiée, disponible dès septembre 2019 et avait choisi de maintenir la stratégie open source d’Hortonworks en ne facturant que le support, le conseil et les services managés.
Dans un même temps, les « coopétiteurs » tels Google Cloud, Microsoft ou AWS, moins attachés aux logiciels libres, ont pris les rênes des migrations vers le cloud là où Cloudera devait préparer la transhumance de ses clients vers sa nouvelle plateforme multicloud et hybride, ainsi que les offres à la demande.
En 2020, les analystes estimaient que Cloudera est sur les bons rails avec sa Cloudera Data Platform. L’éditeur propose désormais sa plateforme sur les trois clouds américains d’envergure et poursuit ses investissements technologiques pour se tourner petit à petit vers l’analytique en libre-service. Il a annoncé le rachat de deux startups en même temps que son acquisition : Cazena et Datacoral. La première propose une solution brevetée pour automatiser le déploiement de plateformes de données. La seconde développe une infrastructure ELT serverless et automatise la gestion des pipelines de données sans code.
Financièrement, il y a du mieux, mais le poids de l’éléphant Hadoop se fait encore sentir et justifie la revente pour le conseil d’administration.
« Nous pensons qu’en tant que société privée bénéficiant de l’expertise et du soutien d’investisseurs expérimentés tels que CD & R et KKR, Cloudera disposera des ressources et de la flexibilité nécessaires pour mener une croissance axée sur les produits et étendre nos opportunités commerciales », défend Rob Bearden, dans un communiqué de presse.
Sur l’année fiscale 2021, le groupe a généré un chiffre d’affaires de 869,3 millions de dollars, en hausse de 9 %, tandis que les revenus de souscriptions s’établissaient à 782,9 millions, soit une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente. Cloudera revendiquait 162,73 millions de dollars de pertes nettes pour l’année fiscale 2021, contre 336,58 millions en 2020.
Lors du premier trimestre 2022, l’entreprise a engrangé 224,3 millions de dollars de CA dont 200,7 millions issus des souscriptions, deux indicateurs en croissance de 7 % sur le T1 2021, alors que les pertes GAAP sont évaluées à 0,14 centime par action (33,8 millions de dollars). Reste à savoir quelles seront les conséquences humaines, financières et technologiques d’une telle opération.