Pure Storage intègre mieux ses baies à Kubernetes
Le logiciel Portworx communique désormais avec les baies Full Flash, ce qui permet aux développeurs et aux opérationnels de collaborer dans le contexte peu mâture des applications web.
Le fabricant de baies de stockage Pure Storage intègre mieux le logiciel Portworx, racheté l’année dernière, à ses équipements. Une version allégée de ce système de stockage pour clusters Kubernetes sera désormais fournie gratuitement avec chaque baie du constructeur.
De plus, Portworx se fond mieux avec les outils d’administration de Pure Storage. D’un côté, les développeurs qui pilotent un cluster Kubernetes pourront réserver de l’espace de stockage sur des baies Pure Storage sans passer par la DSI. De l’autre, les équipes en charge des infrastructures pourront intégrer les clusters Kubernetes à leurs règles d’accès au même titre qu’elles le font déjà avec les clusters VMware, depuis leur interface d’administration Pure1.
« Ces derniers mois, nous avons été surpris par le nombre d’entreprises, y compris en France, qui veulent déployer des containers en production. Le problème est que Kubernetes, le système qui orchestre les containers, n’est pas conçu pour répondre aux besoins de stockage en production », lance Gabriel Ferreira, le responsable technique de Pure Storage en France, dans le cadre de l’événement annuel Pure//Accelerate organisé par la marque.
« Les entreprises veulent répliquer leurs données de manière synchrone vers des sites de secours, les sauvegarder avec des snapshots réguliers, monitorer leurs accès, etc. Les pilotes de stockage CSI que l’on trouve à présent sur toutes les baies de disques compatibles Kubernetes ne savent pas exécuter de telles fonctions. Portworx, si. Nous l’avons donc rapproché de nos équipements pour fiabiliser autant les données des containers que nos solutions fiabilisent les données des applications traditionnelles », explique-t-il.
Marier les équipes des containers avec les équipes de l’infrastructure
Un container est un format d’application bien plus léger et bien plus exportable qu’une machine virtuelle. Conçu dans l’idée d’exécuter des applications web, qui lisent ou écrivent des données en envoyant des requêtes HTTP vers d’autres serveurs, l’orchestrateur de containers Kubernetes a besoin de pilotes CSI pour que ses applications puissent accéder à des fichiers sur des disques locaux. Comme ses concurrents Dell EMC, NetApp et consort, Pure Storage avait ainsi mis au point un pilote CSI, baptisé Pure Service Orchestrator (PSO) qui interface Kubernetes à ses baies FlashArray et FlashBlade.
« Bien entendu, nous avons toutes les fonctions de haut niveau dans nos baies : réplication, snapshots, monitoring, etc. Ces fonctions fonctionnent pour autant au niveau des données présentes sur la baie. Pour qu’elles soient efficaces, il fallait qu’elles discutent avec le ou les clusters Kubernetes, par exemple pour attribuer des règles de protection selon les applications plutôt que selon les volumes de données, pour monitorer les goulets d’étranglement en production, etc. Nous savions déjà le faire avec des plug-ins pour les clusters de machines virtuelles VMware. Il restait à avoir le même dispositif pour Kubernetes », dit Gabriel Ferreira.
Mais il y a un point plus subtil : l’arrivée des containers a chamboulé l’organisation des équipes en entreprise, dans le sens où les applications sont désormais plus souvent administrées par les développeurs que par les équipes en charge de l’infrastructure.
C’est là qu’entre en scène Portworx. « Portworx est un logiciel qui répond aux besoins de stockage qu’ont les développeurs. Il est d’ailleurs agnostique : il permet de sauvegarder, répliquer et monitorer les données sans tenir compte de l’équipement de stockage qui les héberge. En le liant plus spécifiquement à notre pilote CSI, nous pouvons apporter aux développeurs l’assurance que toutes les fonctions de Portworx bénéficieront de l’optimisation et de la fiabilité que nous proposons aux équipes infrastructure », assure le directeur technique.
En pratique, PSO est désormais intégré à Portworx et devrait d’ailleurs disparaître en tant que logiciel autonome dès l’année prochaine. Cette intégration permet aux développeurs d’obtenir le même niveau d’information qu’ont les équipes en charge de l’infrastructure ; il s’agit par exemple de leur indiquer l’espace de stockage encore disponible pour un volume de production, ou pour une sauvegarde. A ce titre, Portworx s’accompagne en option du logiciel PX-Backup.
Proposer une solution tout-en-un sur un marché en pleine ébullition
Steve McDowellAnalyste, Moor Insights & Strategy
Le mariage technique entre Portworx et les baies Pure Storage a reçu un accueil plutôt enthousiaste de la part du marché. Interrogé par nos confrères de TechTarget USA, Steve McDowell, analyste pour le cabinet d’études Moor Insights & Strategy, se félicite de la rapidité de cette mise en œuvre : « Les containers deviennent un sujet pressant dans les projets des entreprises, car celles-ci ne veulent plus concevoir que des applications prêtes pour être exécutées en cloud. Le problème est que les DSI ignorent encore les bonnes pratiques à suivre. Dans ce contexte, il est réjouissant que Pure Storage ait intégré une technologie de containers à son infrastructure seulement neuf mois après son rachat de Portworx. »
Selon l’analyste, les deux autres acteurs en avance dans ce domaine sont IBM, qui marie ses baies de disques avec les solutions OpenShift de sa filiale Red Hat, et NetApp, qui fait de même avec les technologies rachetées en 2018 à StackPointCloud.
« Il existe surtout sur le marché d’autres produits comme Portworx, par exemple Rancher mais aussi OpenShift, qui fonctionnent avec n’importe quelles baies de stockage. Mais je pense que Pure Storage va jouer la carte de la fiabilité, en disant aux entreprises que son Portworx intégré à ses baies de stockage est forcément une solution plus aboutie », commente pour sa part l’analyste Eric Burgener d’IDC.
La console Pure1 devient consultante
Disponibles dès aujourd’hui, Portworx Enterprise 2.8 (la version commerciale) et Portworx Essentials (la version offerte avec les baies Pure Storage) prennent en charge les fonctions de la dernière évolution 1.4 du standard qui définit les caractéristiques des pilotes CSI. Cette version 1.4 implémente notamment un riche jeu d’API pour piloter les fonctions les plus pointues des baies de stockage. Par rapport à la version commerciale, Portworx Essentials est limité à une gestion de 1 To de capacité sur les baies.
Gabriel FerreiraResponsable technique, Pure Storage France
De son côté la console d’administration Pure1, en SaaS, évolue avec un moteur d’intelligence artificielle plus abouti qui lui permet de recommander des procédures précises en amont d’un incident. En particulier, Pure1 est désormais capable d’identifier quels volumes sont mal protégés contre les ransomwares.
« Nous proposons sur nos baies un mode WORM qui rend inaccessible en écriture certains volumes, dont les sauvegardes. Nos clients ne l’activent pas toujours, car ils redoutent de gaspiller de l’espace de stockage ou de devoir effectuer des configurations supplémentaires. La nouvelle version de Pure1 leur permet de mieux prendre la mesure du risque, cartographie avec zones colorées à l’appui », indique Gabriel Ferreira.
La richesse et l’intuitivité de Pure1 ne seraient égalées à l’heure actuelle que par la console InfoSight de HPE, selon l’analyste Steve McDowell. Par ailleurs, Pure1 prédit également les pénuries de stockage et permet, d’un clic de souris, de commander des unités supplémentaires, en calculant même quelles caractéristiques seront nécessaires pour telle ou telle application. Ce type d’aide à l’achat se retrouve dans les offres Apex de Dell EMC et GreenLake de HPE.