Analytique embarquée : Toucan Toco veut s’approprier « les derniers kilomètres de la donnée »
L’éditeur français spécialiste du data storytelling veut désormais jouer dans la cour des grands et tente de se différencier sur « les derniers kilomètres de la donnée ».
Toucan Toco a récemment annoncé deux offres autour de son logiciel de data storytelling. Tout d’abord, l’éditeur livre une solution pour les réseaux de franchise. Selon Baptiste Jourdan, Chief Revenue Officer et cofondateur de Toucan Toco, cette offre émane d’un constat effectué auprès de la plupart des clients : les métiers sur le terrain ne consulteraient pas les tableaux de bord issus des outils de BI opérationnel (ou en libre-service) les plus répandus.
La proposition présentée sous l’appellation générique « Franchise Analytics Software » doit permettre de créer des dashboards interactifs par magasin ou par enseigne afin de suivre ses performances à partir d’indicateurs comme les ventes, les lignes de produits, ou les fournisseurs. À un niveau supérieur, régional ou mondial, l’entreprise peut comparer les résultats obtenus.
« Depuis deux ans, nous essayons de nous remettre en question pour trouver de nouveau moyen afin d’attaquer le marché. Nous avons remarqué que les gérants de réseaux de franchises, de points de vente, en particulier les acteurs de l’automobile et de l’immobilier, utilisent fortement nos solutions. Nous avons identifié des schémas, des usages métiers similaires que nous sommes en mesure de cibler plus spécifiquement », commente Baptiste Jourdan auprès du MagIT.
Baptiste JourdanChief Revenue Officer et cofondateur, Toucan Toco
Selon le CRO, il ne s’agit pas simplement d’une offre go-to-market. « Les problématiques sont toujours les mêmes. Deux d’entre elles sont la gestion d’une multiplicité d’outils et la mauvaise consommation de l’information. En réponse, nous avons développé des fonctionnalités propres », assure-t-il.
Outre des connecteurs vers les outils de BI et d’analytique utilisée par les enseignes, Toucan a développé des fonctionnalités de notifications, par exemple via une intégration avec Microsoft Teams, d’alertes et de recommandations. Baptiste Jourdan donne l’exemple fictif d’un franchisé de la restauration rapide qui souhaiterait prévenir les équipiers d’effectuer un réassort parce qu’une prévision indique que le lendemain, un jour férié, est synonyme d’affluence.
Si ces capacités ne sont pas propres à l’offre pour les franchises, c’est bien l’idée de s’adresser spécifiquement à ce marché qui a motivé ces ajouts, selon Baptiste Jourdan.
« Nous nous retrouvions à reproduire x fois le même cas d’usage chez x clients différents. Pourquoi ne pas le commercialiser et en faire un nouveau moyen de cibler certains clients, non plus seulement en France, mais à l’international », explique le CRO.
« Cela nous permet d’aller chercher des parts de marché et d’atterrir aux États-Unis. Il est beaucoup plus difficile de se présenter sur ce marché avec une énième plateforme data que se montrer comme le spécialiste du data storytelling capable, à l’aide d’une déclinaison très précise, de résoudre les défis des franchisés de la restauration. Cela nous rend beaucoup plus audibles et nous disposons de véritables marqueurs différenciants ».
L’analytique embarquée, un moyen de se différencier des éditeurs BI
Mais de l’aveu du dirigeant, outre-Atlantique Toucan Toco a davantage profité de la traction d’une thématique plus large : l’analytique embarquée. « Même si l’on est “parti de zéro”, le sujet embedded analytics a représenté 90 % des ventes aux États-Unis l’année dernière », affirme Baptiste Jourdan. « Au trimestre précédent, l’analytique embarquée constitue environ 15 à 20 % de notre chiffre d’affaires global ».
L’éditeur en a profité pour bâtir une offre s’adressant plus spécifiquement aux éditeurs. Il s’agit ni plus ni moins que de fournir Toucan Toco en marque blanche dans différents produits SaaS.
« Nous avons saisi une opportunité parce que le marché de l’embedded analytics est mal desservi aujourd’hui. La plupart des plateformes sont dédiées au traitement de données, mais ne disposent pas de véritables capacités embarquées » vante-t-il. « Du fait que nous nous sommes concentrés dès le départ sur notre interface, notre effort de R & D pour passer à de l’embedded analytics était bien plus faible que d’autres [éditeurs] ».
En Europe, l’éditeur évoque dans un communiqué de presse le cas de Libéo, une startup spécialisée dans la gestion de factures qui utilise cette offre pour proposer des tableaux de bord à ses clients. De jeunes pousses comme LittleBIG Connection, Pricing Hub (logiciel de gestion de prix dans la grande distribution) ou My Unisoft (solution de comptabilité) ont également fait ce choix. Mais d’autres acteurs comme des licornes françaises ou l’éditeur de logiciels de gestion financière Cegid ont recours aux briques d’analytique embarquée de Toucan Toco.
Baptiste JourdanChief Revenue Officer et cofondateur, Toucan Toco
Mais Toucan Toco est loin d’être le seul à vouloir incorporer ses visualisations de données. Tableau, ThoughSpot, Microsoft avec Power BI, Qlik ou encore MicroStrategy avec ses HyperCards sont au rendez-vous pour cibler ce marché.
De manière générale, Toucan Toco se retrouve régulièrement au contact avec ces grands noms de la BI.
« Vous pouvez être certains que 100 % de nos clients ont déjà du Tableau, du Qlik ou du Microsoft Power BI », affirme Baptiste Jourdan. « Pour autant, chez Crédit Agricole par exemple, qui a la plupart de ces outils, nous avons déployé plusieurs milliers de licences. Nous nous plaçons au-dessus de la BI traditionnelle, car nous ne desservons pas les mêmes cas d’usage ».
Selon le dirigeant, sa solution serait beaucoup plus simple à manier : Toucan Toco vante des taux d’adoption de 85 % sur son site web. « Chez les acteurs de la BI, les taux d’usage sont inférieurs à 30 % : les utilisateurs sont principalement des analystes », défend le responsable. « Nous venons en complément de ces outils pour les métiers », affirme-t-il.
Sous le capot de Toucan Toco
Toucan Toco mise entre autres sur une expérience de visualisation guidée et une brique low-code/no-code pour bâtir les applications web de data storytelling accessibles aux métiers via son module Designer Studio. Ces visuels doivent s’adapter aux écrans d’ordinateurs, tablettes et mobiles. Une librairie permet de télécharger des templates pour les usages les plus courants.
C’est le module Pusblishing Factory qui doit assurer la compatibilité à travers six formats d’écran, mais aussi la génération et l’envoi de rapports en PDF à la volée comprenant tout ou partie des visuels présents sur un tableau de bord.
En outre, l’entreprise a développé un « ETLT » (pour extract, transform, load, transform). Après une phase de validation de données manuelle, il propose une interface pour charger les données et effectuer des modifications via un outil open source et no-code de création de requêtes nommé WeaverBird (sous licence BSD3). Il agit comme un front-end qui « génère des requêtes ou des requêtes de transformation » à partir de back-ends, en l’occurrence MongoDB ou le framework Pandas. D’autres transformations sont possibles à l’aide de fonctions « postprocess » à écrire depuis un éditeur de code. À l’avenir, la société souhaite rendre compatible WeaverBird avec de différentes bases de données et back-end analytiques.
« Notre architecture nous permet de découper les requêtes les plus lourdes en fragments, ce qui accélère les taux de réponse », assure Baptiste Jourdan.
À Weaverbird, Designer Studio et à la Publishing Factory s’ajoutent des capacités de gestions de workflows et d’administrations des utilisateurs.
Mais l’éditeur français veut également se démarquer par ses intégrations avec les fournisseurs de services cloud, dont AWS, Google Cloud, Snowflake et MongoDB, services à partir desquels il peut tirer des flux « temps réel », ou en batch, en passant par son data store MongoDB.
« Nous avons développé des connecteurs en fonction de ces acteurs à la différence des éditeurs BI qui sont en train de rattraper leur retard. Par exemple, intégrer un produit Microsoft à Snowflake c’est compliqué et Qlik ne peut pas être connecté en “live data” avec ces bases de données », déclare Baptiste Jourdan. Aussi, la plateforme dispose d’un module supplémentaire, un moteur d’optimisation permettant de requêter directement les données sur Snowflake. Il faut ajouter à cela des connecteurs vers AWS Redshift, Azure SQL ou encore BigQuery.
Baptiste JourdanToucan Toco
Les éditeurs BI sont également présents sur ce versant, mais veulent tirer leur épingle du jeu en intégrant de plus en plus des fonctionnalités NLP et d’augmentation par l’IA. Toucan Toco préfère pour l’instant se concentrer sur ces capacités d’intégration et de visualisation. Néanmoins, il permet de se connecter aux back-ends d’inférence de modèles de machine learning. « Nous réalisons les prévisions les plus simples via l’ETLT, mais nous souhaitons bâtir des connecteurs vers les briques d’IA et vers les solutions des fournisseurs de cloud », indique Baptiste Jourdan.
La startup espère aussi renforcer ses partenariats avec les ESN telles Accenture, Capgemini ou Business&Décisions et les spécialistes du conseil tels BCG, McKinsey, ou encore Kearney. « Nous voulons être reconnus comme un acteur important du dernier kilomètre de la donnée en entreprise avec cette capacité de servir tous les usages fonctionnels », martèle le Chief Revenue Officer.
Toucan Toco revendique 140 clients, majoritairement en France. Des entreprises comme Orange, Euler Hermes, Total, BNP Paribas Renault ou Crédit Agricole, font partie des gros utilisateurs de sa plateforme. La startup est présente aux États-Unis depuis 2019 et aux Pays-Bas et a conquis ses premiers clients en Italie. Elle souhaite cibler prochainement les marchés britanniques et allemands.
La plateforme de data storytelling peut être déployée sur site et dans le cloud par les clients, mais elle est également disponible en mode SaaS sur Scaleway en Europe, et sur AWS aux États-Unis.
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