metamorworks - stock.adobe.com
IA : Siemens déploiera les services de Google Cloud dans ses usines
Ce partenariat entre Siemens et Google Cloud montre comment les géants du cloud public s’étendent à des domaines d’application spécialisés dans différents secteurs industriels.
Google s’associe à Siemens pour combiner une expertise approfondie du domaine de la fabrication avec l’intelligence artificielle (IA). Ce partenariat vise à fournir à l’industrie manufacturière un moyen de déployer des modèles de machine learning en périphérie des lignes de production et de le faire à l’échelle mondiale.
Dans une vidéo montrant comment l’intelligence artificielle pourrait être employée sur une chaîne de production, Axel Lorenz, vice-président du contrôle et de l’automatisation des usines chez Siemens Digital Industries, évoque un prototype d’inspection visuelle basé sur une caméra et un algorithme de computer vision entraîné par Google Cloud. Un tel système pourrait être utilisé à grande échelle pour aider les opérateurs à s’assurer que l’emballage des PC et des routeurs durcis est effectué selon le cahier des charges préalablement établi.
De mémoire de journaliste, ce n’est pas la première fois que nous observons ce type de cas d’usage. Un autre fabricant allemand testait une solution similaire sur une chaîne d’assemblage d’une de ses manufactures françaises.
Google est conscient de ce phénomène. Mais selon le géant du cloud, si les projets d’IA ont été déployés par de nombreuses entreprises dans des « îlots » à travers l’usine, les fabricants ont eu du mal à étendre l’IA à l’ensemble de leurs activités.
Google affirme que son approche peut fonctionner auprès de multiples industriels, et, évidemment, à l’échelle.
Dominik WeeDirecteur général de la fabrication et de l'industrie, Google Cloud
« Siemens est un leader de l’automatisation et des logiciels industriels, et Google Cloud est un leader dans l’analyse de données et l’IA/ML. Cette coopération permettra de combiner le meilleur des deux mondes et d’apporter l’IA/ML à l’industrie manufacturière à grande échelle », déclare Dominik Wee, directeur général de la fabrication et de l’industrie chez Google Cloud. « En simplifiant le déploiement de l’IA dans le contexte industriel, nous aidons les opérateurs à améliorer la qualité de leur travail dans les usines. »
Comme dans d’autres secteurs, les données sont le moteur des processus industriels, mais de nombreux producteurs continuent d’utiliser des logiciels et de multiples systèmes hérités pour analyser les informations de l’atelier, ce qui demande beaucoup de ressources et nécessite de fréquentes mises à jour manuelles pour garantir leur exactitude.
Pour répondre à cette problématique, Siemens entend coupler ses systèmes d’automatisation industriels avec les technologies de machine learning et de deep learning fournies par Google Cloud. Plus particulièrement, les partenaires veulent embarquer les modèles ML et DL depuis les équipements Edge de Siemens. Les deux acteurs n’ont pas précisé s’il s’agit ou non de déployer des Edge TPU (des puces ASIC dédiées à l’inférence) de GCP sur les appareils Siemens afin d’analyser les données sur site et ensuite les remonter vers Google Cloud.
L’IA promise à devenir un standard industriel
Dans un billet de blog décrivant une vision de l’automatisation des usines alimentée par l’IA, Rainer Brehm, PDG de l’automatisation des usines chez Siemens, a prédit que les fabricants qui cherchent à concevoir des biens répondant aux attentes des consommateurs s’efforceront de construire des marchandises personnalisables. Pour ce faire, il faudra passer de processus planifiés et globaux, comme c’est le cas aujourd’hui, à une confection flexible et modulaire.
« Cette nouvelle approche de la fabrication utilisera des systèmes de transport et de manutention intelligents, et le chemin optimal sera envisagé, simulé et mis en œuvre en temps réel. Elle permettra d’assembler un bien du jour au lendemain, sans perdre un temps précieux en ingénierie et en déploiement d’une ligne de production », écrit Rainer Brehm dans le billet de blog.
Rainer Brehm assure que la production automatisée a besoin de l’IA, de l’edge computing et du cloud computing, ainsi que de la blockchain. « Ces technologies, ainsi que d’autres, permettent à l’usine autonome d’emprunter des voies qui n’auraient pas été imaginables il y a cinq ans. Aujourd’hui encore, elles offrent aux entreprises des moyens d’imprégner les machines d’intelligence – de les rendre capables de traiter et d’analyser des données et de les utiliser pour prendre des décisions de manière indépendante. »
Derrière le rideau, plusieurs technologies cloud à faire cohabiter
De manière plus pragmatique, ce n’est pas la première fois que Siemens emploie les services de Google Cloud. Il s’appuie sur Cloud Talend Solution (devenu Job Search), une solution nourrie au machine learning conçue pour faciliter le recrutement des collaborateurs.
Mais l’industriel allemand est aussi client/partenaire de Microsoft Azure, AWS et Alibaba Cloud sur lequel il héberge sa plateforme IIoT (basée sur Cloud Foundry) MindSphere.
Mindsphere est justement la PaaS de Siemens qui doit accueillir les données en provenance des gateways et équipements industriels MindConnect que le fabricant installe chez ses clients.
Son logiciel PLM Teamcenter peut être déployé sur AWS ou Azure, mais Google cherche depuis février des consultants techniques pour maintenir et configurer le PLM sur son propre cloud. Les offres d’emploi évoquent davantage un usage interne. La plateforme low-code/no-code Mendix (elle aussi basée sur CF) est logée sur AWS.
Notons que Siemens n’est pas le seul industriel européen à avoir lancé un partenariat avec le Google Cloud. L’année dernière, c’est Renault qui annonçait adopter cette pile technologique, tandis qu’Airbus utilise les services GCP pour sa plateforme d’images satellites OneAtlas.