HCM : Cegid rachète Talentsoft
Dans sa course aux 600 millions d’euros de revenus initiée après son passage sous le contrôle de fonds anglo-saxons, Cegid frappe un grand coup en rachetant le champion français de la gestion de talents. Talentsoft visait, cette année, les 100 millions de CA.
C’est l’histoire de la fusion de deux champions français du logiciel d’entreprise. D’un côté, un éditeur historique, fondé en 1983 par le très médiatique Jean-Michel Aulas qui a passé la main à des fonds d’investissement en 1996. De l’autre, une des rares licornes françaises à avoir réussi à se faire une place dans le B2B, dans le SIRH : Talentsoft.
Talentsoft a été fondé en 2007 par trois entrepreneurs – Jean-Stéphane Arcis (CEO), Joël Bentolila (CTO) et Alexandre Pachulski (Directeur Produits) – qui avaient toujours, jusqu’ici, mis en avant l’indépendance de leur société. En 2018, LeMagIT avait pu échanger avec Joël Bentolila sur un éventuel intérêt de la part de « gros acteurs » pour Talentsoft ; une éventualité qu’il n’envisageait pas à l’époque, préférant l’aventure qui consiste à faire grandir une entreprise plutôt que de la revendre.
Mais en ce mois d’avril 2021, les cartes ont été redistribuées. Et l’appétit de Cegid – qui s’est lancé dans une course aux 600 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2020 – a, semble-t-il, débouché sur une offre que les partenaires actionnaires des fondateurs (Goldman Sachs, BPI, Highland Europe, Seventure et TempoCap) ne pouvaient pas refuser.
« Avec l’acquisition de Talentsoft, nous accélérerons notre stratégie au service des professionnels des Ressources Humaines, l’un des cinq marchés prioritaires de Cegid » se félicite Pascal Houillon, CEO de Cegid. Ces « piliers » avaient été clairement exposés par Pascal Houillon en 2018, peu après sa prise de fonction : la comptabilité et les DAF, la distribution (Retail), la paie, la gestion des talents et « tout ce qui touche au DRH de façon plus générale » – sans oublier l’ERP.
Surtout, « en combinant nos deux entreprises, Talentsoft et Cegid deviennent un groupe leader de plus de 600 millions d’euros de CA annuel », chiffre le CEO. L’objectif des actionnaires et de la direction de Cegid est donc atteint avec une année d’avance.
Côté opérationnel, les deux éditeurs soulignent une complémentarité de leurs offres et de leurs couvertures géographiques (Cegid étant plus présent en Europe du Sud, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, là où Talentsoft a ciblé prioritairement l’Europe du Nord). Autre facteur qui devrait plaire aux investisseurs, l’entité Cegid/Talentsoft devrait réaliser 80 % de CA dans le cloud.
Talentsoft est déjà la quatrième acquisition de Cegid cette année (après ACA, Dhatim, Cedricom). Cegid avait déjà fait plusieurs rachats majeurs par le passé, dont les Français Qualiac et Cylande en 2017 ou le Canadien Technomedia en 2015.
En 2019, Cegid avait refondu sa gamme SaaS d’ERP pour la rendre plus lisible et avait passé un accord exclusif à long terme (10 ans) avec Acumatica (pourtant du même groupe que son concurrent IFS), toujours dans cette optique de forte croissance.
Pour l’instant, Cegid ne précise pas s’il conservera la marque et les produits de Talentsoft ou s’il les fusionnera dans son offre. En tout état de cause, Talentsoft étant architecturé autour de Terraform, l’intégration à la plateforme sous-jacente de Cegid (Azure et IBM) devrait se faire sans (trop) de problèmes.
Jean-Stéphane Arcis, Joël Bentolila et Alexandre Pachulski rejoignent donc aujourd’hui Cegid. Leur société visait les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. Le montant du chèque pour racheter ces grands talents de la gestion de talents n’a pas été communiqué.