CI/CD : CircleCI ajoute des instances ARM managées à son offre cloud
CircleCi a ajouté le support des processeurs basés sur Arm à sa populaire plateforme CI/CD. Certains jobs peuvent s’exécuter désormais sur les processeurs Graviton2 d’AWS basés sur Arm afin d’offrir plus de choix aux développeurs.
CircleCI lance en préversion CircleCI on ARM, soit la possibilité d’exécuter des flottes de builds sur des instances EC2 sous architecture Graviton2, propulsée par ARM, depuis sa plateforme CI/CD.
De plus en plus d’équipes de développeurs professionnelles se tournent vers ARM pour des raisons de puissance, de performance et de rentabilité, assure Tom Trahan, vice-président du développement commercial chez CircleCI.
La société est « l’une des rares à proposer des services CI/CD basés sur le cloud pour l’architecture ARM, et ce, grâce au partenariat de CircleCI avec Amazon Web Services (AWS) », ajoute-t-il. L’accord avec AWS doit permettre aux clients de CircleCI et d’AWS de créer et de tester des applications compilées pour ARM sans avoir à gérer leurs propres systèmes.
En l’occurrence, les utilisateurs de CircleCI ont accès à des instances Amazon EC2 propulsées par Graviton2. Les puces Graviton2 sont l’œuvre d’Annapurna Labs, une société israélienne qu’AWS a rachetée en 2015. Ces puces sont construites sur mesure à partir de cœurs Neoverse N1 64 bits.
Les instances EC2 Graviton2 font des émules
« Je pense qu’ARM est important, étant donné le grand nombre d’appareils basés sur ARM sur lesquels vous pouvez exécuter Windows », déclare Thomas Murphy, analyste chez Gartner. En outre, « Les équipements basés sur ARM constitueront la majorité des parcs Edge Computing. Ce qui me semble essentiel, c’est que l’on évoque ici un service cloud, de sorte que vous pouvez bâtir et tester des applications sur ARM sans avoir vos propres équipements. Il s’appuie sur les services fournis par AWS sur Graviton2. Il s’agit donc également d’un pari important pour Amazon. »
L’analyste de Gartner oublie que de préciser que les infrastructures Edge sont davantage basées sur un mix entre Intel et (passerelles) et ARM (les capteurs sous RTOS).
Il s’agit surtout d’exécuter des workloads et des runtimes applicatifs sur des versions de Linux qui supportent l’architecture ARM dans le cloud. C’est d’ailleurs la principale raison d’être de CircleCI on ARM. En effet, ces architectures sont réputées pour offrir un rapport performance/prix plus intéressant, si l’on en croit les fournisseurs cloud qui les promeuvent, AWS et Microsoft Azure, entre autres.
Un marché adressable plus important
CircleCI fait le pari que le support d’ARM augmentera le marché total adressable de la société.
Tom TrahanVice-président du développement commercial, CircleCI
« Nous essayons de fournir aux équipes de développement le bon logiciel, le bon outil et la bonne infrastructure pour des charges de travail spécifiques », déclare Tom Trahan.
Avec CircleCI on ARM, les programmeurs doivent pouvoir personnaliser eux-mêmes leurs applications.
« Les processeurs et les architectures ARM deviennent largement disponibles, car les équipes de développement les adoptent en tant que nœuds de calcul dans de nombreuses infrastructures d’applications », estime Angel Rivera, developer advocate chez CircleCI, dans un billet de blog. « Les organisations qui ont besoin de déployer des microservices, des serveurs d’applications, des bases de données et d’autres charges de travail de manière rentable continueront à se tourner vers l’architecture ARM. »
Depuis novembre 2020, CircleCI proposait déjà la possibilité d’exécuter ses runners, c’est-à-dire des jobs lancés depuis la plateforme cloud de CircleCI sur une infrastructure gérée et contrôlée par les développeurs (derrière un pare-feu), sur des serveurs équipés de processeurs ARM, qu’ils soient dans le cloud ou non.
Donner des options aux développeurs
Des mouvements plus larges du marché pourraient attirer davantage l’attention sur ARM, anticipe Stephen O’Grady, analyste chez RedMonk.
« Le fait qu’Apple ait sélectionné ARM pour son processeur pourrait susciter l’intérêt des développeurs pour cette architecture à plus long terme », déclare-t-il. « C’est ce que fait actuellement l’offre Graviton2 d’AWS. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à [tirer profit] des plateformes qui sont compatibles avec ARM et avec Intel, et CircleCI répond donc à la demande des clients dans ce domaine. »
Il existe de bonnes raisons d’adopter ARM, assure Chris Condo, analyste chez Forrester Research.
Chris CondoAnalyste, Forrester Research
« J’ai l’impression qu’ARM est en train de devenir une nouvelle norme de réduction des coûts, ce n’est donc pas une surprise pour moi », ajoute-t-il. « Je pense que le point le plus important est de savoir si oui ou non ARM remplacera complètement x86 dans le cloud. »
CircleCI est prêt dans tous les cas. En fait, l’éditeur s’attend à ce que la plupart des entreprises adoptent une approche polyvalente pour déployer des systèmes sur différentes architectures, selon les responsables de la société.
Et CircleCI aurait bien raison si l’on croit Alain Priestley, analyste chez Gartner. Il estime que plusieurs initiatives infructueuses ont été menées ces dix dernières années autour d’ARM par les fabricants de microprocesseurs et que les serveurs x86 ont toujours leur place dans les datacenters.
« Jusqu’à présent, CircleCI a pris en charge les workloads Linux s’exécutant sur une architecture Intel traditionnelle, et nous déployons des machines basées sur des GPU qui sont essentiellement des HPC », indique Tom Trahan. « Nous fournissons des flottes [de serveurs] pour les builds Windows, nous faisons des flottes pour les builds macOS et donc les développeurs qui travaillent sur l’une de ces technologies ont ces options accessibles dans le cadre de la plateforme CircleCI. Les programmeurs ARM ont maintenant à leur disposition une infrastructure CI/CD entièrement gérée, sans avoir à le faire eux-mêmes. »
Les flottes de builds sont les types de ressources de calcul disponibles dans le cloud auxquels les usagers peuvent affecter des jobs, comme ARM, macOS, Linux et Windows. En principe, cela signifie que les instances sont opérationnelles et que les utilisateurs n’ont pas besoin d’attendre qu’elles se mettent en route.
En l’occurrence, les développeurs peuvent employer deux tailles d’instances, arm.medium (2vCPU, 8 Go de RAM) et arm. large (4vCPU, 16 Go de RAM) à l’aide d’images Ubuntu. Ils doivent spécifier les ressources à utiliser depuis un fichier de configuration YAML avant de déployer un job à l’aide de Terraform.
En revanche, il faut prendre en compte plusieurs limitations, à savoir l’impossibilité d’appliquer certains CircleCI Orbs (des packages YAML réutilisables), de supporter les architectures ARM 32 bits (Neoverse oblige) un temps d’attente de deux minutes avant le démarrage des jobs (« ce délai diminuera au fur et à mesure que les clients utiliseront les ressources ARM », précise l’éditeur) et certains logiciels sont encore incompatibles.
CircleCI n’est pas le seul à proposer cette offre. De son côté, GitLab a annoncé en mai dernier le support des architectures ARM 32 et 64 bits pour AWS Graviton2. A la même période, le spécialiste de l’infrastructure as code Chef a lancé une solution similaire.