Low-Code : Dell Boomi pousse les capacités multicloud et hybrides de Flow
Boomi, filiale de Dell et éditeur d’une plateforme iPaaS, a récemment annoncé la possibilité de développer des processus multicloud avec Boomi Flow, un outil low-code prévu pour bâtir des parcours clients.
Boomi est davantage reconnu pour sa plateforme iPaaS « unifiée » nommée AtomSphere. En réalité, cette dernière se compose de plusieurs produits low-code, disponibles à l’unité ou en groupe.
Cette transversalité est avant tout technique. « Nous proposons une expérience utilisateur intégrée. Peu importe les modules auxquels vous avez souscrit, vous y accédez depuis la même plateforme », rappelle Pierre Oudot, responsable commercial de Dell Boomi en France.
L’éditeur filial de Dell couvre les sujets de l’intégration (Integrate), du MDM (Master Data Hub), de l’API management, de la gestion EDI et offre également Boomi Flow.
Boomi Flow est « une solution low-code qui permet de concevoir des processus métier de bout en bout. Elle s’appuie sur le modèle natif de la partie intégration de Boomi, qui va interfacer les applications pour ajouter une couche de création de parcours clients », explique Pierre Oudot. « C’est la deuxième brique la plus vendue après le module Integrate », assure-t-il.
Pierre Oudot évoque un cas d’usage du gouvernement de Gibraltar, pour rappel rattaché au royaume britannique. « Plus de 32 000 habitants reçoivent une accréditation annuelle pour le renouvellement de l’équivalent de la carte vitale. D’ordinaire, cette tâche administrative réclamait de se déplacer, chose beaucoup plus difficile avec le confinement. Avec Boomi, Gibraltar a numérisé ce processus en un mois en interfaçant les systèmes et en créant la couche visuelle correspondant aux différentes phases de validations », vante le responsable. En interne, Dell Boomi emploie Flow pour maîtriser l’accueil des nouveaux collaborateurs.
Boomi Flow est issu du rachat en 2017 de la startup californienne ManyWho, fondée en 2013. Elle proposait alors un logiciel cloud natif pour bâtir et administrer des flux métiers, qui « connecte des employés, des clients et des systèmes cœurs ». Flow reprend ce principe et se greffe à la couche de gestion d’API de Boomi.
L’éditeur avait jusqu’alors cantonné l’application à une instance cloud managée. « Quand vous vous connectiez sur Flow, vous étiez reconnecté ailleurs. Désormais, l’ensemble des composants de Boomi Studio sont tous au même endroit », indique Pierre Oudot.
Avec la dernière version à date de Flow, les utilisateurs pourront gérer des flux multicloud pour différents clouds publics ou sur site, derrière le pare-feu de l’entreprise.
« Boomi regroupe le code de l’application, le moteur d’exécution Flow, l’infrastructure et les bibliothèques associées, dans un conteneur Docker que les clients peuvent déployer dans leurs locaux ou dans n’importe quel cloud et gérer à l’aide de Kubernetes ou d’autres technologies d’orchestration de conteneurs », explique Manoj Gujarathi, directeur Product Management chez Dell Boomi.
Les dessous techniques de Boomi Flow Multi-Cloud
Ces images Docker contiennent le système d’exploitation RHEL UBI, Java 8 et le code nécessaire à leur configuration.
Pour déployer le runtime de l’application derrière le firewall de l’entreprise, il convient d’établir une communication bidirectionnelle WebSocket initiée par le « runtime local » avec la Flow API, hébergée dans Boomi Flow Cloud. Les données restent derrière le firewall, seules des métadonnées sont envoyées dans le cloud Boomi, c’est-à-dire des « métriques optionnelles ». Cela requiert d’installer dans l’instance « locale » une base de données PostgreSQL 12 (au minimum), de déployer un domaine ou un sous-domaine web et d’implanter le Boomi Flow Player (un lecteur HTML5).
Dans sa documentation technique, l’éditeur recommande également les ressources CPU et RAM nécessaires pour employer ces applications. Les données peuvent être chiffrées au repos, et en transit moyennant un protocole SSL comme TLS. Boomi explique que cette même méthode peut être reproduite entre son cloud et un service AWS EC2, par exemple. Les représentants du groupe en font la démonstration lors d’une courte vidéo et indiquent les noms des instances EC2 à sélectionner.
Pierre OudotResponsable commercial, Dell Boomi France.
« Boomi Flow sera déployé exactement de la même manière que nos autres technologies », confirme Pierre Oudot. Néanmoins, cette couche technique doit rester transparente pour l’utilisateur, qui ne choisit que l’instance sur laquelle il va déployer son application. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’éditeur ne parle pas de no-code (l’interface de Flow repose sur des fonctionnalités de glisser-déposer et des boutons), et bien de low-code, car les applications générées peuvent être personnalisées. « Ce que vous avez créé avec Flow peut être déployé sous un format web ou une application mobile et vous pouvez aussi l’embarquer dans une solution métier tierce, par exemple une fenêtre dans Salesforce », illustre-t-il.
Doug Henschen, vice-président et analyste principal chez Constellation Research, considère qu’il était important pour Boomi d’ajouter des options de déploiement multicloud et de cloud hybride à Flow pour offrir aux clients une expérience cohérente dans toute la suite de produits de l’entreprise. Boomi prenait déjà en charge les capacités multicloud dans ses composants Integrate, API Management, B2B/EDI et Connectivity.
Il ajoute que cette nouvelle fonctionnalité pourrait être une bonne porte d’entrée pour les clients potentiels intéressés par l’automatisation des logiques métiers. Il dit avoir constaté un intérêt croissant pour l’automatisation dans tous les secteurs d’activité, les entreprises essayant d’assembler et de rationaliser les tâches de bout en bout et de robotiser les tâches répétitives, autrefois manuelles.
De son côté, Dell Boomi identifie cette capacité multicloud et hybride comme un moyen de conserver des données sensibles sur sites ou dans certaines régions géographiques, d’apporter une forme de portabilité et de faciliter des pratiques DevOps sur des applications dont la majorité du code est généré automatiquement.
David Mooter, analyste chez Forrester Research entrevoit le fait que Flow s’inscrit dans le cadre de la montée en puissance du « citizen developer », une tendance poussée par la pandémie et la crise économique en résultant.
L’iPaaS : un marché « émergent » en France
De son côté, Pierre Oudot nuance les propos de l’analyste en repositionnant Flow comme une brique de la plateforme iPaaS.
« Historiquement, l’intégration est le métier des développeurs. Tout le monde n’est pas appelé à faire du low-code dans la plateforme AtomSphere. Certains processus nécessitent des connaissances en Groovy et en JavaScript, mais vous pouvez construire 90 % des applications sans écrire une ligne de code », précise-t-il.
Pour autant, ce prisme de l’automatisation et du low-code, voire du no-code, n’est pas une spécialité du marché iPaaS. Les spécialistes du BPM et des plateformes de développement poussent également ce type d’approche.
« Nous marchons un peu sur les plates-bandes des acteurs du BPM, mais en apportant la continuité, l’intégration. Flow s’interface aisément avec nos composants d’intégration, de master data management et de connectivité », défend le responsable commercial en France.
En outre, Boomi Flow pourrait être un concurrent de Business Application Platform, la réunion des offres API et no-code de Google Cloud, Apigee et AppSheet. Ce ne serait pas vraiment le cas selon Pierre Oudot. « Nous avons un partenariat fort avec Google Cloud. Nous nous retrouvons en synergie sur certains domaines avec des clients communs ».
Si les analystes voient une montée en puissance de l’automatisation, Pierre Oudot remarque que le marché de l’iPaaS n’est pas « forcément reconnu comme un standard en France ». « Nous sommes sur un marché avec des acteurs historiques, qui commence à comprendre l’utilité de l’intégration interapplicative », note-t-il. « Flow intéresse les clients existants pour optimiser des processus, en sus de l’usage de solutions telles Master Data Hub ou Integrate, mais le marché français reste émergent pour nous ».