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Blue Prism s’intéresse de près au marché public français
Blue Prism, l’éditeur d’une plateforme RPA a annoncé son référencement sur la liste SCC multi-éditeurs auprès de l’Union des groupements d’achats publics (UGAP). L’éditeur entend bien, tout comme au Royaume-Uni, convaincre les collectivités territoriales et les administrations de la pertinence de sa solution dans la modernisation de l’action publique.
L’union des groupements d’achats publics n’est pas forcément un organisme très connu des citoyens, pourtant il s’agit depuis 1985 de la centrale d’achats de référence des institutions françaises. Elle est placée sous la double tutelle du ministre chargé du budget et du ministre de l’Éducation nationale.
Fournitures de bureaux, consommables, équipements de restauration, véhicules, services en tout genre, le travail de l’UGAP l’a amenée à cataloguer « plus de 1,4 million de références actives issues de plus de 3 400 marchés ». Cette centrale réservée aux instances telles que les administrations, les collectivités ou encore les hôpitaux publics comporte bien évidemment une base de données consacrée aux éditeurs de logiciels. Le fichier Excel, accessible ouvertement, source près de 3 000 acteurs. Il comprend autant les offres de SAP, Dataiku, Zoom que celles de Wallix, Verteego, Talkspirit ou de Tixeo.
Pour les éditeurs et les acheteurs, cela permet de conclure des contrats sans passer par de longues phases de démarchage liées à un appel d’offres. Figurer sur cette liste est donc un atout non négligeable pour un éditeur.
Blue Prism étend sa présence auprès du secteur public
L’acteur britannique Blue Prism le sait bien. Celui qui développe une plateforme RPA fait déjà partie de ceux qui proposent leurs services sur la Digital Marketplace du gouvernement du Royaume-Uni. Si le fonctionnement de la place de marché est différent de celui de l’UGAP, l’objectif est le même. « Concernant le secteur public, nous sommes principalement actifs sur le marché anglais » déclare Jean-François Pruvot, Vice-Président Europe du Sud chez Blue Prism.
« [Se faire lister auprès de l’UGAP] est recommandé. C’est une centrale d’achats connue de toutes les collectivités locales et il s’agit d’un dispositif extrêmement efficace pour atteindre ces instances, ainsi que les ministères et le milieu hospitalier. C’est justement des secteurs que nous souhaitons adresser, car ils n’ont pas toujours les moyens humains et financiers pour se moderniser. C’est là où la robotique va pleinement jouer son rôle permettant aux collectivités locales de se transformer à moindre coût financier et humain. La RPA ne nécessite pas forcément un savoir IT avancé, mais une bonne connaissance des processus humains », vante-t-il.
Jean-François PruvotVP Europe du Sud, Blue Prism
La plateforme RPA de Blue Prism doit couvrir toutes les étapes de ces tâches mises en place au sein des organisations publiques. « Nous proposons une solution de bout en bout pour automatiser des processus front et back-office, nous pouvons également effectuer les traitements des documents. Cette capacité intéresse les collectivités parce qu’elles doivent souvent gérer un système local et un autre centralisé, pour administrer leurs fichiers », affirme Jean-François Pruvot.
Traitement de documents et intégrations avec les systèmes SAP
« Nous avons quelques références dans les conseils départementaux qui gèrent les allocations RSA. Nous avons des projets en cours qui visent à accélérer le traitement de ces demandes en automatisant tout le processus, ce qui évite aux agents de ressaisir les informations et de faire des erreurs », illustre-t-il. « Il y a aussi des sujets autour du suivi budgétaire, un processus visible par les citoyens et autour de l’automatisation des tâches propres à l’administration qui sont liées, cette fois, à une myriade de fichiers qui navigue entre les institutions centrales et locales à des fins de reporting ».
De manière générale, le traitement intelligent de documents est « un enjeu important ». « Nous l’observons au travers de nos discussions avec nos clients dans l’Administration, mais également dans le secteur privé. L’on pourrait penser que ce problème a été réglé de longue date. En réalité, la saisie manuelle de fiches dans plusieurs systèmes reste trop souvent la norme », déclare Jean-François Pruvot.
Jean-François PruvotVP Europe du Sud, Blue Prism
Blue Prism développe aussi tout un pan de son activité autour des solutions SAP. « Dans les administrations, il y a beaucoup de systèmes SAP, et nous proposons une solution avancée d’automatisation des processus liés aux produits de l’éditeur. À la fin des fins, les opérations se terminent fréquemment par la mise à jour de données dans un référentiel qui est un logiciel SAP », remarque Jean-François Pruvot.
L’éditeur veut aller plus loin et idéalement faire comme au Royaume-Uni en offrant de former des communautés d’utilisateurs. « Dans le monde hospitalier au Royaume-Uni, les établissements rattachés à la NHS peuvent – après avoir automatisé un processus – le diffuser sur un portail communautaire. Tous les membres de ce groupe NHS peuvent récupérer ledit processus et le déployer dans leur environnement. En France, nous sommes en train de proposer la même chose, par exemple, une collectivité locale pourrait partager son processus d’automatisation de traitement des demandes d’allocation à d’autres organisations similaires », entrevoit le dirigeant.
Par ailleurs, l’éditeur met en avant son portail de formations e-learning « Blue Prism University ». « Nous avons aussi des partenaires du conseil comme EY, Deloitte ou encore KPMG qui sont très présents dans le secteur public », ajoute-t-il.
Une plateforme RPA dans un premier temps accessible sur site
Habituellement, Blue Prism propose plusieurs modes de déploiement dans le cloud et sur site. Pour l’instant, Blue Prism ne liste que la version sur site dans le catalogue multi-éditeurs de l’UGAP.
« Notre solution cloud n’est pas encore référencée au sein du catalogue de l’UGAP. Nous l’ajouterons dans les semaines à venir. Nous nous sommes concentrés sur la version on premise, parce qu’en matière de sécurité et de gouvernance, c’est plus simple pour les administrations ».
L’éditeur pourrait à l’avenir aller bien au-delà de son périmètre actuel. « Quand une collectivité met notre plateforme dans le cloud, c’est elle qui a la responsabilité d’effectuer les restaurations, les backups, etc. Dans notre environnement cloud sur Microsoft Azure, la gestion de l’infrastructure est opérée par Blue Prism », indique notre interlocuteur.
« Nous avons des réflexions avec des partenaires pour monter des services managés. Ce qui va surtout intéresser les collectivités locales, c’est d’avoir un service qui couvre jusqu’au développement et au suivi des robots eux-mêmes. Ce qui dictera sa disponibilité, c’est le niveau de sécurité et de protection des données attendues. Pour l’instant, nous n’avons pas de religion, cela pourrait être une plateforme cloud ou un partenaire qui maintient un service managé, dans les centres de données situés sur le territoire français ».
Les contraintes du référencement auprès de l’UGAP
L’UGAP n’est pas responsable de la faillite ou de l’incapacité d’un éditeur à poursuivre son offre. Dans ses conditions générales d’exécution, l’organisme indique que : « L’acheteur doit se prévaloir de clauses prévues au contrat de licences permettant l’accès au code source des logiciels en cas : d’incapacité de l’éditeur à exécuter les prestations de maintenance, de mise en œuvre d’une procédure collective sans engagement de reprise par un tiers des activités, d’arrêt de la commercialisation de la solution concédée ou de la maintenance de cette solution ».
« Dans notre contrat de licence, il y a une clause qui prévoit le cas d’un éventuel retrait du marché français. L’Administration et les utilisateurs sont protégés », précise Jean-François Pruvot.
D’autres clauses plus contraignantes s’ajoutent quand l’acheteur provient d’une administration gérant des données depuis des sites « sensibles » comprenant des zones dites protégées (libre circulation interdite pour protéger les installations et le matériel) ou réservées (des zones « contenant des informations ou supports protégés classifiés au niveau secret défense »).
La transformation numérique de l’action publique en jeu
L’UGAP n’a pas souhaité répondre à notre demande d’entretien dans le cadre de cet article. De fait, la centrale d’achats se doit de conserver une certaine neutralité par rapport aux fournisseurs et aux produits qu’elle référence.
D’ailleurs, la liste multi-éditeurs atteste que les concurrents de Blue Prism se sont également inscrits auprès de l’UGAP. Nice, Uipath, Automation Anywhere, Appian, Pegasystems proposent eux leurs solutions RPA aux administrations et aux collectivités.
Et si ce catalogue doit permettre de trouver des logiciels afin de moderniser l’action publique, n’oublions pas de mentionner l’initiative Tech.Gouv pilotée par la DINUM qui présente des objectifs similaires. L’organisme est lui aussi en train de préparer LABEL, un portail qui liste des « des solutions et des outils numériques de qualité pour faciliter leur emploi par les porteurs de projets publics ». Cinquante acteurs français y seront référencés dans un premier temps. Opendatasoft a déjà indiqué qu’il a obtenu cette labélisation.