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ERP : IFS fait un grand pas vers le cloud
L’éditeur suédois d’ERP IFS lance son offre IFS Cloud, qui intègre toutes ses applications métiers sur un socle technologique retravaillé, avec une interface unique et un modèle de données unifié, dans une tentative de dépasser le concept traditionnel d’ERP.
L’éditeur suédois d’ERP IFS a fait un pas de plus sur le chemin de la cloudification avec le lancement d’IFS Cloud. Un grand pas même.
IFS Cloud a été présenté officiellement lors d’un événement virtuel la semaine dernière. Il regroupe en une plateforme unifiée toutes les applications d’IFS, dont le CRM, la gestion des actifs (EAM) et la gestion des opérations de terrain (FSM ou Field Service Management).
« Les clients doivent gérer des environnements de plus en plus complexes. Ils recherchent des solutions plus faciles à déployer, qui peuvent répondre à leurs besoins fonctionnels, avec un TCO plus faible et sans passer par de longues périodes de mise en œuvre », constate Darren Roos, le PDG d’IFS. Un constat partagé par d’autres acteurs comme Infor, ou SAP qui package de plus en plus des implémentations par industrie. « C’est ce que tout le monde cherche à faire. Mais dans les faits, il n’y a pas beaucoup de solutions d’entreprise qui arrivent vraiment à répondre à cela », insiste le Président d’IFS.
De l’ERP au concept de « Moments of Service »
IFS Cloud se présente comme une offre qui doit permettre d’orchestrer des processus et des ressources pour offrir ce qu’il appelle des « moments de service » – c’est-à-dire des « moments » où les entreprises arrivent à satisfaire leurs clients plutôt que de créer de la déception.
Pour cela, toutes les applications métiers doivent fonctionner de manière transparente, cohérente et créer une chaîne de valeur qui aboutit à ces « moments », résume IFS. Les silos traditionnels entre les applications – avec d’un côté l’ERP, de l’autre le SCM, et au milieu l’EAM et le FSM par exemple – ne seraient plus adaptés à la création de cette chaîne de valeur, avance le président d’IFS.
« Ce que toutes les entreprises essaient de faire, c’est de créer un moment de service exceptionnel pour leurs clients. Et nous, nous cherchons à orchestrer tous ces actifs et les ressources internes pour créer ces moments », résume-t-il.
Un déploiement d’IFS Cloud où l’on veut, y compris sur site
Sous le capot, IFS Cloud bénéficie d’une architecture cloud entièrement retravaillée à base de conteneurs.
La suite ERP – même si Darren Roos ne veut plus utiliser ce mot, comme beaucoup de ses concurrents – peut être déployée sur l’infrastructure de son choix, y compris « on prem » (sur site).
En mode SaaS, IFS Cloud s’appuie sur Azure. Mais il peut aussi être déployé – et géré à distance par IFS – dans un cloud privé ou un centre de données en propre. Les fonctionnalités et l’expérience utilisateurs seront les mêmes, quel que soit le mode de déploiement, assure Darren Roos.
IFS Cloud sera mis à jour deux fois par an, mais les clients auront le choix de passer à la dernière version quand ils le souhaitent. « Notre philosophie a toujours été de dire que les clients qui ont investi dans notre technologie ne devraient pas être contraints de faire un grand saut sans le vouloir », lance Ross, dans une pique qui n’est pas sans évoquer la stratégie de SAP avec HANA. « Notre approche est de travailler avec chacun [de nos clients] de manière proactive pour [les aider à trouver de la valeur] dans notre nouvelle plateforme, puis de travailler pour les amener à la concrétiser ».
La force d’IFS tient dans sa spécialisation
IFS Cloud est une bonne stratégie pour unifier et moderniser l’ensemble des produits IFS, estime Predrag Jakovljevic, analyste chez Technology Evaluation Centers.
« L’ERP, le CRM, le HCM/SIRH, l’EAM et le FSM étaient des produits différents que vous deviez intégrer et gérer séparément, même si vous les achetiez tous chez IFS », rappelle-t-il. « Au cours des deux années passées, ils ont réécrit tous ces modules pour les conteneurs et Kubernetes. Ils sont maintenant tous intégrés, tout en étant vaguement découplés, de sorte que vous pouvez les déployer au coup par coup ».
IFS ajoute que sa nouvelle offre repose sur un socle technologique unifié, avec une expérience utilisateur commune, et un modèle de données unique.
Predrag JakovljevicAnalyste, Technology Evaluation Centers
IFS Cloud devrait également réussir à trouver sa place face aux ERP cloud d’autres éditeurs, grâce à la forte orientation sectorielle d’IFS, continue l’analyste. « La force d’IFS, c’est de se concentrer sur seulement cinq industries qu’il cible depuis des décennies », souligne Predrag Jakovljevic. « Et personne n’est aussi bon qu’IFS en matière de FSM… à l’exception peut être d’Oracle Service Cloud, ou de Salesforce FSM qui s’en approche lorsqu’il est associé à ServiceMax ».
L’analyste Vinnie Mirchandani, fondateur de la société spécialisée en conseil stratégique et en négociation Deal Architect, acquiesce. « Ce qui est bien chez IFS, c’est qu’ils suivent beaucoup les tendances dans leurs industries, notamment dans les services terrain et dans la gestion et la maintenance des actifs complexes », témoigne-t-il. « Ils n’essaient pas de vendre leur brique financière et leur brique RH et d’y coller à la va-vite quelques fonctionnalités industrielles, comme le font beaucoup d’autres éditeurs d’ERP ».
Un ERP modulable pour « une entreprise composable »
Pour Darren Roos, IFS Cloud doit aussi répondre au vieux débat entre suite intégrée et « best of breed ». Et y répondre de manière « moderne ».
Pour lui, les applications « modernes » doivent intégrer la nouvelle vague technologique, comme le machine learning, la réalité augmentée et la réalité mixte, l’intelligence artificielle ou encore l’Internet des Objets. Elles doivent également offrir des interfaces qui ne rappellent pas les anciens ERP, ajoute-t-il.
« Les analystes parlent de “l’entreprise composable”. Ce que nous permettons de faire, c’est de mélanger et d’assortir dans une application “composable” des morceaux d’ERP, de gestion des actifs, de planification des services terrain, d’engagement clients, etc. Et [ces modules] tournent ensuite dans IFS Cloud qui rassemble toutes ces capacités sur une seule plateforme ».
Là encore, le but d’IFS est clairement de dépasser la notion d’ERP. Même si, concède Darren Roos, il est difficile de s’affranchir de ce concept historique, ne serait-ce que parce que le terme ERP est encore souvent employé pour désigner toutes les applications métiers utilisées pour gérer une entreprise. « L’ironie de l’histoire, c’est que des composants importants comme le FSM ne font pas partie du champ naturel de l’ERP », souligne-t-il.
« Ce qu’il faut faire [aujourd’hui], c’est analyser ce qui est essentiel pour son activité et voir les logiciels qui permettent réellement de la faire progresser », conseille Ross en guise de conclusion. « Les clients veulent le plus de capacités possible dans le moins d’applications possible. Cela signifie “best-of-breed” pour ce qui est stratégique et spécifique ; et “suite” [standard] pour le reste ».