Hyperconvergence : HPE réoriente ses Simplivity sur le Edge
En marge des configurations Nutanix qu’il commercialise, HPE agrémente ses propres infrastructures hyperconvergées de fonctions qui les rendent plus utiles dans les succursales.
HPE ouvre son infrastructure hyperconvergée Simplivity au monde extérieur. À l’occasion de la sortie d’un nouveau nœud Simplivity 380G, équipé de deux GPU pour des calculs plus intensifs, le fournisseur a apporté à sa solution la capacité d’exporter son contenu vers une baie de stockage externe et de le sauvegarder en cloud. De plus, l’arrivée d’un pilote CSI pour le stockage interne permet à une configuration Simplivity d’être mieux utilisée avec Kubernetes. L’ensemble porte la dénomination Simplivity 4.1.0.
« La gamme des infrastructures hyperconvergées n’a pas souffert de la crise. Des cabinets d’études comme IDC prévoient que les ventes dans cette catégorie progresseront de 14 % par an jusqu’en 2024, tandis que les chiffres de HPE vont déjà bien au-delà ! En un an, nos ventes d’infrastructures hyperconvergées ont progressé de 53,3 %. À l’évidence, ces ventes sont notamment portées par le télétravail : les infrastructures hyperconvergées sont des équipements particulièrement efficaces pour virtualiser des bureaux distants », dit au MagIT Aurore Duchanois, directrice des produits Simplivity chez HPE, afin d’expliquer l’engouement soudain du constructeur pour cette gamme présente depuis plusieurs années à son catalogue.
Les infrastructures hyperconvergées Simplivity de HPE reviennent en l’occurrence à des serveurs HPE Proliant fortement équipés en disques durs, ou en SSD, montés en réseau et sur lesquels est installé le SDS (système de stockage) OmniStack de HPE. Celui-ci sert à agglomérer logiquement tous les disques présents dans les différents serveurs d’un cluster, en un pool unique de stockage. OmniStack présente l’ensemble à chaque hyperviseur ESXi de VMware tournant sur les serveurs comme une baie de disque virtuelle. Il apporte de surcroît à cette baie de stockage virtuelle des fonctions de haut niveau, comme la déduplication ou le chiffrement.
OmniStack est une alternative à vSAN, la solution de SDS que VMware propose en option payante. La gamme Simplivity est en concurrence la gamme VxRail de Dell EMC, laquelle fonctionne aussi avec l’hyperviseur ESXi de VMware, mais aussi avec vSAN.
Depuis un peu plus d’un an, HPE propose également à son catalogue, sur les mêmes nœuds Proliant, le système d’hyperconvergence de Nutanix. Celui-ci vient avec son propre SDS et, surtout, avec son propre hyperviseur. « Nutanix est une marque très connue parmi les infrastructures hyperconvergées. Nous commercialisons les deux avec la différente suivante : sur Simplivity, il est possible d’avoir un minimum de deux nœuds dans un cluster, contre trois au minimum sur Nutanix, ou avec des configurations vSAN. Simplivity s’adresse donc plus aux petites structures, aux succursales ou, d’une manière plus générale, à tout ce qui a trait au Edge », ajoute Aurore Duchanois.
Elle indique que, pour les datacenters des sièges, HPE va proposer des produits « d’hyperconvergence désagrégée ». En l’occurrence, il s’agit des mêmes serveurs Proliant, mais dans ce cas livrés avec une vraie baie de disques externe, de la gamme Nimble. Autrefois, ces configurations, qui présentent l’intérêt de pouvoir augmenter la capacité de stockage sans devoir acheter en même temps des serveurs supplémentaires, étaient appelées des infrastructures convergées. Cette gamme porte le nom de Nimble DHCI dans le catalogue HPE.
Une infrastructure hyperconvergée pour les succursales
Et justement. L’Edge, avec tout ce qu’il comporte de problématiques de maintenance sans technicien sur site, ou de budget serré, ou de fonctions spécialisées, est le nouveau crédo commercial que HPE tient à accoler à ses Simplivity.
La version 4.1.0 de la plateforme apporte ainsi la fonction Cloud Volume Backup, que HPE fournissait jusque-là seulement sur ses baies de stockage Nimble. Cette fonction sert à exporter une copie de secours des machines virtuelles vers le stockage en cloud de HPE. « Cette solution permet de sauvegarder les applications de production en seulement trois clics de souris. Et il est tout autant facile de les restaurer sur un autre site de l’entreprise si celui d’origine souffre d’un incident ».
Le mérite du cloud de HPE, surtout, est qu’il évite aux entreprises d’avoir à souscrire à une offre supplémentaire de stockage en ligne chez les grands du cloud public. Ceux-ci proposent des tarifs attractifs tant que les entreprises se contentent de sauvegarder, mais ils facturent grassement chaque Go restauré en cas d’incident. « HPE ne facture que l’hébergement des données, à 0,001 €/mois par Go. La consultation de ces données depuis les sites de l’entreprise, comme leur restauration est gratuite », argumente la directrice des produits.
Sur le même principe, les infrastructures Simplivity 4.1.0 savent à présent répliquer leurs contenus vers des baies de stockage d’appoint StoreOnce de HPE, lesquelles sont souvent vendues comme des NAS pour stocker les sauvegardes. Selon HPE, l’intégration entre les deux systèmes, notamment au niveau de la gestion des copies incrémentales, permettrait de sauvegarder une machine virtuelle de 1 To en seulement une seconde.
Aurore DuchanoisDirectrice des produits Simplivity, HPE
« L’intérêt est de conserver localement des copies de secours qui datent de suffisamment longtemps pour, par exemple, restaurer des applications avant qu’elles n’aient été infectées par un ransomware. Cette sauvegarde des historiques existe depuis toujours dans Simplivity, mais les entreprises limitaient toujours la durée de rétention pour économiser de l’espace de stockage en production. Cette contrainte n’existe plus dès lors que l’on peut héberger ces données historiques sur une baie de stockage externe peu chère comme la StoreOnce », assure Aurore Duchanois.
Ces fonctions d’export des contenus sont conjuguées avec de nouvelles règles de gestion de la bande passante, qui permettent d’entrelacer les paquets de sauvegarde avec ceux des applications, de sorte que la production ne soit jamais pénalisée par un autre trafic. Ces règles prennent notamment en compte les accès sur la passerelle WAN, qui relie le site d’exploitation au cloud, ou à un autre site sur lequel serait installée la baie StoreOnce.
GPU et compatibilité Kubernetes
Parmi les applications spécialisées que l’on trouve en Edge, HPE a surtout pensé à celles qui fonctionnent au format container et à celles qui nécessitent de la puissance GPU, que ce soit pour fluidifier les bureaux virtuels, comme pour accélérer les calculs des bureaux d’étude.
Simplivity 4.1.0 est donc à présent fourni avec un pilote CSI qui permet à l’environnement d’exécution Kubernetes et à ses consoles d’administration de communiquer directement avec le stockage d’OmniStack. Les pilotes CSI sont essentiels dès lors que l’on souhaite exécuter en container une application historique, qui n’a pas été conçue pour les containers et qui dès lors veut lire ou écrire ses données sur un disque local, plutôt qu’en envoyant des requêtes HTTP vers un service de stockage objet.
Un point est cependant à préciser : le pilote CSI des Simplivity n’a rien à voir avec Ezmeral, la version de Kubernetes que HPE a lui-même mis au point. De fait, les Simplivity sont vendues comme compatibles avec toutes les implémentations de Kubernetes, qu’il s’agisse des versions communautaires, d’OpenShift chez Red Hat, ou de Tanzu chez VMware. NetApp, qui avait lui aussi commencé par développer sa propre version de Kubernetes, NKS, l’a de la même manière désolidarisée de son pilote CSI Trident et même d’Astra, son environnement d’administration pour Kubernetes.
Pour les bureaux virtuels et les bureaux d’étude, HPE ajoute à sa liste de serveurs vendus comme des nœuds Simplivity le Proliant DL380G qui dispose de deux GPU Nvidia T4, M10 ou P40. Comme les nœuds DL380 tout court utilisés d’ordinaire dans les Simplivity, ce serveur au format 2U comprend deux processeurs Intel Xeon et de 6 à 24 SSD de 1,92 To chacun.
Il est à noter que HPE propose également en Simplivity des nœuds Proliant DL325 équipés d’un processeur AMD Epyc moins cher. À titre indicatif, un nœud DL325 avec quatre SSD et 384 Go de RAM coûte environ 40 000 €, soit moitié moins que les 80 000 € d’un DL380 avec six SSD et autant de RAM.