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Secteur aérien : la crise accélère (aussi) la transformation numérique
La crise a changé les priorités IT dans l’aérien. Mais elle a aussi amplifié des tendances, comme l’automatisation ou les applications spécifiques, note un rapport de SITA. Ses enseignements sur les solutions aux problématiques actuelles intéresseront les DSI bien au-delà du secteur.
S’il y a bien un secteur qui subit de plein fouet la crise actuelle, c’est celui du transport aérien. Cette zone de turbulence se reflète d’ailleurs très bien dans l’enquête annuelle de SITA, l’association spécialiste de l’IT qui a fêté ses 70 ans. Une étude d’autant plus intéressante que les changements de priorités d’investissement et les solutions qu’elle souligne dépassent largement le seul domaine des aéroports et des avions.
C’est enfoncer une porte d’embarquement ouverte que de dire que les budgets des aéroports et des compagnies ont chuté en 2020 (avec une perte cumulée de 118 milliards de dollars, selon IATA). Le secteur a dans le même temps dû déployer de nouvelles procédures opérationnelles et sanitaires (comme beaucoup d’entreprises).
Moins d’argent. Plus de contraintes. Le tout dans un contexte ultra volatile et changeant. Une partie de la solution de cette difficile équation se trouve dans la technologie.
David LavorelCEO SITA AT AIRPORTS & BORDERS
« Le grave ralentissement de l’économie en 2020 a obligé le secteur du transport aérien à se concentrer sur la recherche de nouvelles économies. Pour ajouter à la pression, les compagnies aériennes et les aéroports ont dû rapidement intégrer de nouvelles mesures sanitaires comme la prise en charge sans contact [de bout en bout] des passagers et le traitement de nouvelles informations et de nouveaux protocoles, comme les tests PCR pour de nombreuses destinations », rappelle David Lavorel, CEO SITA AT AIRPORTS & BORDERS.
« Pour résoudre ces problèmes, l’industrie s’est tournée vers la technologie et, dans de nombreux cas, a redéfini les priorités d’investissement en 2020 », confirme-t-il. « La bonne nouvelle est que les compagnies aériennes et les aéroports ont pu capitaliser sur les tendances existantes vers l’automatisation, et qu’ils ont fait des progrès significatifs dans la mise en œuvre de nouvelles solutions ».
La crise aurait donc accéléré des mouvements et, dans une certaine mesure, contraint à innover pour faire décoller plus rapidement les transformations numériques dans le secteur.
Le « sans contact » et la place grandissante des applications mobiles dans ces processus en sont un bon exemple, d’après le Air Transport IT Insights 2020. Même constat pour la biométrie, qui implique une sécurisation accrue du traitement des données.
Par exemple, 64 % des aéroports veulent à présent mettre en place des portes d’embarquement automatiques utilisant des documents biométriques d’ici 2023, soit trois fois plus qu’en 2020. Même tendance chez les compagnies aériennes, qui prévoient de doubler leurs investissements pour l’auto-embarquement à base de données biométriques d’ici 2023 (82 %), dans la continuité des déposes bagages en libre-service (qui ne sont cependant pas tous sans contact, puisqu’ils utilisent des kiosques à écrans tactiles).
« Rendre la procédure d’enregistrement et d’embarquement entièrement sans contact est désormais la priorité numéro 1, aussi bien pour protéger les passagers que le personnel », résume SITA. Mais l’association le voit aussi comme une possibilité « d’améliorer l’expérience passagers et accroître l’efficacité ».
SITAEnquête annuelle
Parmi les pistes explorées, le paiement sans contact, pour tous les services proposés aussi bien au sol qu’à bord. « Tous les services essentiels aux clients, de la réservation à l’arrivée, sont en train de devenir sans contact », constate SITA, « y compris l’accès automatisé aux salons privés et les notifications pour des incidents liés aux bagages ».
Ce point du suivi des bagages – et de leur sécurisation – était déjà une priorité. Tracker les valises (avec des technologies IoT), remonter l’information aux passagers et automatiser la prise en charge pour diminuer les erreurs n’est pas sans rappeler les projets actuels de toute entreprise qui possède une supply chain.
« Les applications mobiles pour les services aux passagers sont une priorité pour la quasi-totalité des compagnies (97 %) », souligne SITA. « D’ici 2023, la majorité de ces compagnies [prévoient] de fournir au personnel [de bord et de sol] des informations en temps réel sur le suivi des bagages ».
En interne – et là encore dans une tendance plus générale –, la plupart des acteurs de l’aérien ont dû passer en mode « télétravail » pour les personnels administratifs, notamment en ayant recours à la virtualisation des postes, au cloud et aux services IT distants.
« Près des trois quarts des aéroports et des compagnies aériennes continueront à investir dans l’échange de données, les services cloud, la cybersécurité et la BI pour accélérer leurs processus numériques », estime SITA. Dit autrement : pour accélérer leurs transformations numériques.
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