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SIG : Esri complète son offre avec son PaaS ArcGIS Platform
Le spécialiste du SIG complète son portfolio avec ArcGIS Platform, un PaaS conçu pour faciliter l’intégration des technologies de géolocalisation au sein de divers logiciels.
Esri est un éditeur historique de la conception de système d’information géospatiale (SIG). L’entreprise californienne se concentre depuis quelques années sur la simplification des technologies de cartographies. Ils portent ce message commercial par le biais d’ArcGIS Online, une solution SaaS, ArcGIS Pro, une suite bureautique, et ArcGIS Apps, des applications précâblées réservées à diverses pratiques.
Mais l’acteur fournit également ArcGIS Enterprise pour des usages plus avancés et entend donner accès à ses outils aux développeurs. En ce sens, il a présenté ArcGIS Platform, à la fin du mois de janvier. Ce PaaS est dédié à la conception et l’intégration de fonctionnalités de géolocalisation au sein d’applications.
« Bien qu’il s’agisse d’un nouveau produit proposé par Esri, il exploite en fait une grande partie des technologies que nous développons depuis plusieurs années pour soutenir d’autres secteurs d’activité. Nous avons des logiciels bureautiques, nous avons des serveurs et ces dernières années nous avons lancé l’offre SaaS ArcGIS Online. Tous ces produits sont alimentés par les mêmes services », rappelle Euan Cameron, CTO d’Esri.
« Avec cette nouvelle offre, nous en tirons le meilleur parti et nous les rendons disponibles, c’est-à-dire accessibles aux programmeurs avec un ensemble d’API faciles à utiliser, afin qu’ils puissent incorporer les mêmes fonctionnalités dans leurs applications. Et nous pensons que la communauté des développeurs est suffisamment mature pour appréhender les spécificités d’une offre PaaS », ajoute-t-il.
ArcGIS Platform, un PaaS dédié à la cartographie
ArcGIS Platform inclut des services de géolocalisation et des outils pour les développeurs. Selon la documentation d’Esri, les services comprennent la couche cartographique, la gestion du géocodage, des itinéraires, des outils d’analyse spatiale et démographique et d’édition de données. Les briques de conception s’appuient sur des API propriétaires et open source pour coupler ces différentes couches avec les applications des entreprises.
Par ailleurs, l’analyse spatiale peut reposer sur des visualisations en 2D ou 3D, dont le traitement peut être exécuté côté serveur ou côté client. Esri offre des API et de SDK pour différents frameworks et langages, à savoir Java, iOS, Android, QT, JavaScript et .NET.
« Les gens veulent des tuiles vectorielles, un contexte spatial. Une carte est un excellent moyen de leur fournir cela. De nombreux cas d’usage impliquent le géocodage et le calcul d’itinéraire, la création de matrices origine-destination pour la logistique, la planification, etc. Ce sont les choses les plus courantes que nous voyons dans toute l’industrie lorsqu’il s’agit de fonctionnalités de localisation. Mais nous commençons à observer des sociétés déployer des cas d’usage plus sophistiqués », assure le CTO d’Esri.
« Une entreprise américaine spécialisée dans la planification de trajets de drones a commencé à utiliser nos services, puis s’est rendu compte que nos capacités d’analyse spatiale et démographique pouvaient les aider à mieux identifier leurs clients et évaluer les risques pour les biens au sol que leurs UAV survolent. Grâce à l’étendue des services que nous avons déjà mis en place pour soutenir nos capacités SIG les plus avancées, les développeurs commencent maintenant à réaliser qu’ils peuvent en tirer parti et les intégrer dans leurs solutions. Mais il n’est pas nécessaire d’être un data scientist ou un expert en SIG pour cela », ajoute Euan Cameron.
Euan CameronCTO, Esri.
Si les témoignages des éditeurs tels Salesforce ou SAP accompagnent l’annonce d’ArcGIS Platform, les responsables Esri assurent qu’une large portion d’utilisateurs voit un intérêt dans le PaaS, soit pour compléter des dispositifs existants ou tester de nouveaux usages. En outre, l’éditeur prévoit d’intégrer ses algorithmes d’analyse cartographique au plus proche des capacités de calcul des hébergeurs cloud, en les exécutant depuis les instances Spark à la demande. Euan Cameron indique que cette fonctionnalité adressée aux data scientists sera disponible plus tard cette année.
En attendant, le PaaS repose sur les services de stockage, de traitement et de base de données des fournisseurs cloud, en l’occurrence AWS ou Microsoft Azure.
« Les entreprises peuvent choisir d’héberger leurs données dans des régions spécifiques. Nous savons que la localisation des données est importante pour certaines d’entre elles. Vous pouvez sélectionner un data center en Europe pour le faire », assure Euan Cameron.
Il est également possible de bâtir des applications de cartographie hors ligne à travers une API REST. Les données de géolocalisation et de cartographie résident sur l’appareil, mais certaines capacités (dont la recherche de destinations) ne sont alors accessibles qu’après une liaison à une instance cloud, ou il faudra les développer par ses propres moyens. Esri estime que cette capacité est utile en cas de perte de connexion ou lorsque l’application doit rester hors ligne. Pour les usages les plus critiques, les organisations peuvent toujours se tourner vers ArcGIS Enterprise, qui offre les mêmes fonctionnalités quand les données de cartographie doivent demeurer sur site, derrière le firewall de leur SI.
Abaisser la « barrière à l’entrée »
Pour différencier ArcGIS Platform du reste de son portfolio, Esri mise sur le modèle économique associé.
David CardellaGroup Product Manager, Esri
« Nous voulions rendre les choses aussi faciles que possible pour les développeurs. Ainsi, en moins de 30 secondes, ils peuvent simplement s’inscrire pour obtenir un compte de développeur. Et ils ont immédiatement accès aux services, nous leur offrons un tiers gratuit généreux pour qu’ils puissent commencer leur développement sans avoir à se soucier des coûts dès le départ. Mais en général, notre modèle commercial est transparent. Il est entièrement basé sur la consommation. Ainsi, les développeurs ne paieront que pour ce qu’ils utilisent, c’est facile à comprendre et cela abaisse la barrière à l’entrée », vante David Cardella, Group Product Manager chez Esri.
L’offre gratuite comporte deux millions d’appels de fonds de carte (tuiles), 5 Go de stockage (tuiles de carte, pièces jointes, paquets de couches de scènes et documents) et 100 Mo pour l’import et la création de cartes en propre. Elle donne accès à 20 000 géocodages par mois et permet d’en sauvegarder 1 000.
Il est également possible de réaliser 20 000 calculs d’itinéraire, 1 000 de destinations optimisées et 5 000 estimations de temps de conduite. Les autres fonctionnalités comme les itinéraires multivéhicules, l’affichage des établissements les plus proches ou encore des données géographiques sont payantes. Un simulateur sert à évaluer le coût d’une application de géolocalisation à travers l’ensemble de ces critères.
L’éditeur entend ainsi répondre à une remarque effectuée par certains de ses clients et les analystes. Dans son Forrester Wave du deuxième trimestre 2020 consacré aux « solutions de géolocalisation intelligentes », le cabinet nommait Esri leader de sa catégorie devant Syncsort, Microsoft, Oracle et Hexagon, mais estimait que « la multitude de produits et de modules différents » ne se combinaient pas « aussi bien que certains des produits de ses concurrents ».
Selon Euan Cameron, le PaaS a été conçu pour compléter et s’intégrer avec les offres existantes, notamment les suites bureautiques et ArcGIS Online. « Certaines divisions au sein d’une entreprise verront la plateforme comme le moyen privilégié d’intégrer des capacités de cartographie. Pour d’autres cas d’usage, l’offre SaaS ou logicielle s’avère plus pertinente, mais nous considérons qu’elles s’alignent et s’incorporent parfaitement. C’est véritablement fait pour cela », conclut le CTO.