alex_aldo - Fotolia
New Relic ajuste les tableaux de bord de sa plateforme d’observabilité
New Relic ajoute une nouvelle couche de visualisation à sa plateforme d’observabilité New Relic One. Explorer Lookout et Navigator doivent fournir une vision holistique d’un SI afin de « surfacer » les problèmes et les pannes. En parallèle, l’éditeur doit convaincre les utilisateurs et les investisseurs de son modèle économique basé sur la consommation.
Décidément, les éditeurs de solutions d’observabilité se sont donné rendez-vous cette semaine pour évoquer leurs mises à jour. Cette fois-ci, c’est au tour de New Relic de s’exprimer au sujet de son offre Full Stack Observability. Full Stack Observability se loge par-dessus New Relic One. Elle s’appuie sur les capacités de collecte de la plateforme de télémétrie et analyse les données en provenance de l’infrastructure, des applications (APM), de l’expérience utilisateur (RUM).
Cependant, les utilisateurs ne disposaient pas jusqu’alors de solution de dashboarding prête à l’emploi afin d’obtenir une vue complète d’un SI. C’est l’objectif de New Relic Explorer, un outil qui fournit des tableaux de bord précâblés pour établir cette vision « holistique » des composants et des microservices. « Cela permet aux équipes SRE et DevOps de visualiser en temps réel l’ensemble de leur parc. À partir de cette approche de haut niveau, ils peuvent approfondir leur analyse depuis Explorer », assure Greg Ouillon CTO EMEA, chez New Relic.
La solution d’automatisation du dashboarding dispose pour l’instant de deux modes de visualisation : Explorer Lookout et Navigator.
Lookout et Navigator : deux modes de visualisations pour voir les problèmes avant leurs notifications
« Lookout s’appuie sur des capacités d’analyse statistique, de corrélation de données à l’échelle pour fournir cette visualisation. Avec Lookout, il s’agit de croiser la volumétrie par entité d’un certain nombre de paramètres de type Golden Signal et de produire une vue du changement de leur état des cinq dernières minutes par rapport à l’heure précédente grâce à un code couleur » vante le CTO EMEA. « Dans New Relic One, une entité est un élément capable de collecter une télémétrie : un hôte, un container, un composant middleware d’un fournisseur cloud, une barre de recherche dans une application mobile, etc. », rappelle-t-il.
Plus particulièrement, Lookout exploite un type de visualisation nommé diagramme à bulles, un mode d’affichage que l’éditeur ne proposait pas jusqu’alors. Lookout inclut trois colonnes séparées pour représenter le débit, le temps de réponse et les services qui exhibent les taux d’erreur les plus importants. « La taille des bulles indique la volumétrie et la couleur le taux de changement », précise Greg Ouillon. Là où ils auraient pu employer un visuel Circle Packing, les responsables de l’UX de New Relic ont choisi de rendre les bulles interactives. Ainsi, en cliquant sur une entité, il est possible de « zoomer » sur le composant en question afin de surveiller son comportement. Cette action ouvre une autre fenêtre donnant accès à des graphiques en aires pour observer le nombre de transactions ou le temps de réponse d’une API, par exemple. « Cela affiche également les taux d’erreur détectée dans les minutes et les heures qui précèdent, une corrélation d’incidents, un profil d’erreur et les traces distribuées », liste le CTO EMEA.
Lookout peut être configuré pour visualiser les éléments d’applications, de sites web ou d’infrastructures cloud, entre autres.
Quant à Navigator, il propose une vue inspirée d’un rayon de ruche pour renseigner la santé du parc IT. Un code couleur (vert, orange ou rouge) indique le niveau d’alerte des hôtes, des containers, des middlewares et autres illustrés par des alvéoles. « Il est ensuite possible de trier par type d’entités ou par nom. Un groupe d’entités peut représenter un workload par exemple ». Cliquer sur un des hexagones donne une nouvelle fois accès à un tableau de bord affiné, comportant des entités connexes afin de comprendre les relations entre les composants d’un système et évaluer les impacts de l’arrêt ou de la panne d’un service sur les différents éléments du SI. « Cela permet d’appréhender rapidement la topologie d’un système même si elle n’est pas documentée », indique Greg Ouillon.
« Lookout peut aussi être personnalisé pour tout type de données événements ou métriques dans la plateforme, au travers de requêtes complexes en NRQL [le langage de requête de New Relic N.D.L.R.]. Cela permet de filtrer sur quels périmètres et quelles durées l’on souhaite évaluer les variations au sein d’un service. Il est donc possible de construire des vues Lookout sur des workloads ou des données métiers », ajoute-t-il.
La touche finale d’une plateforme d’observabilité unifiée
Certains habitués de New relic ont commencé à utiliser ces nouvelles fonctionnalités. Le directeur architecture de Viewpoint cité dans un communiqué de presse semble satisfait de cette approche. « Les clients qui ont testé Lookout aiment l’idée d’obtenir une information optique qui leur indique un potentiel problème avant même l’émission d’une alerte » vante Greg Ouillon.
« Ce type de tableau de bord peut être affiché sur un téléviseur. Il y a un débat dans l’industrie entre supervision visuelle et AiOps. Je rencontre des clients qui ont des cultures très différentes. Certaines équipes travaillent principalement en surveillant des dashboards. D’autres ouvrent la plateforme à la réception d’un avertissement. Nous souhaitons employer l’intelligence artificielle pour servir les deux visions et nous pensons que la visualisation au service de l’analyse de système complexe est fondamentale ».
En revanche, l’ajout de ces capacités s’inscrit dans un contexte particulier. L’éditeur prévoit la migration des fonctionnalités de l’ancien logiciel de visualisation, Insights, vers New Relic One, pour unifier les pratiques sur la plateforme et ne pas maintenir deux « produits » simultanément. Insights sera déclaré en fin de vie le 22 mars 2021, obligeant les utilisateurs à migrer vers de nouvelles URL et des facets qui ne sont pas forcément aux goûts de certains usagers si l’on croit les commentaires publiés très récemment. Les responsables du projet chez New Relic promettent d’améliorer l’interface.
Le modèle à la consommation de New Relic pose encore question
Plus important pour la compagnie, le conseil d’administration de l’éditeur a promu Bill Staples, ancien Chief Product Officer de New Relic passé par Adobe et Microsoft Azure. La société a également racheté en décembre dernier Pixie Labs, une startup spécialisée dans la supervision des environnements Kubernetes. Les clients et les investisseurs ont davantage surveillé la mutation de modèle économique opéré au troisième trimestre fiscal 2021.
Greg OuillonCTO EMEA, New Relic
« Nos clients sont très heureux d’adopter le nouveau modèle de licence. La tarification à l’usage leur permet de réduire les coûts et d’étendre les capacités de la plateforme à une plus large portion de leur stack », affirme Greg Ouillon. Dans l’immédiat, cela ne semble pas avoir convaincu tous les investisseurs, et ce malgré les attentions de l’éditeur. Après l’annonce des résultats le 4 février 2021, le cours de l’action NEWR a chuté de 81,09 dollars pour se stabiliser sous les 67,31 dollars à la clôture du NYSE le dix février.
Dans une lettre adressée aux investisseurs, les responsables de New Relic évoquent plusieurs raisons de passer à ce modèle à la consommation qu’ils présentent comme la dernière étape d’un processus SaaS. L’éditeur assure que cela permet d’ajouter davantage de fonctionnalités et de pousser « l’innovation ». L’autre argument majeur concerne la relation avec le client.
« Dans un modèle de souscription classique, les commerciaux sont payés pour que les clients réalisent le plus gros versement possible à la signature du contrat. Et la première motivation de ces représentants réside dans le fait d’augmenter le forfait à la fin de leur engagement. Toutefois, ce modèle laisse trop de place à une relation contre-productive et essentiellement transactionnelle entre le vendeur et le client, qui n’a pas toujours l’impression de bénéficier de la valeur pour laquelle il paie », peut-on lire dans le document.
En clair, New Relic veut à la fois attirer de nouveaux clients et miser davantage sur la proposition de capacités intéressantes pour les abonnés existants, amenés à consommer davantage. En parallèle, l’éditeur a baissé ses prix. L’ingestion de données dans la plateforme de télémétrie sous-jacente est facturée 25 cents de dollar par Go par mois, tandis que l’offre Full Stack Observability coûte entre 100 et 500 dollars par utilisateur par mois, suivant le nombre d’usagers.
Seulement, le revenu récurrent annuel de l’entreprise risque de décliner au quatrième trimestre de l’année, en partie à cause de ce changement de modèle. L’éditeur a réalisé un bon Q3 2021, en engrangeant 166,3 millions de dollars, soit une croissance de 9 % par rapport à la même période l’année dernière, mais il prévoit un chiffre d’affaires de 166 à 167 millions de dollars, soit une augmentation de 4 % en comparaison avec le quatrième trimestre fiscal précédent. Les analystes espéraient 10 % de croissance, là où un concurrent comme Dynatrace affiche environ 30 % de hausse de ses revenus par trimestre.