Dynatrace affine sa gestion des logs dans les environnements multicloud
Dynatrace prévoit de renforcer sa capacité à superviser les logs en provenance des environnements multicloud et Kubernetes, tandis que ses clients s’habituent à son nouveau modèle économique.
Tout comme le marché de l’analytique, les éditeurs spécialistes de l’observabilité cherchent à unifier les logs, les traces, les métriques et les synthétiques au sein d’une plateforme de collecte de données. C’est par-dessus ce qui peut souvent s’apparenter à un data lake, qu’ils proposent des outils ou des suites de monitoring.
New Relic, Splunk, Data Dog et Cisco empruntent un chemin similaire. Dynatrace s’inscrit dans cette tendance. L’éditeur d’origine autrichienne tient cette semaine sa conférence annuelle. Après avoir allégrement communiqué sur les capacités AIOps de sa plateforme, le spécialiste de l’APM s’intéresse de près aux infrastructures cloud, notamment celles qui hébergent des orchestrateurs Kubernetes.
Dynatrace supportait déjà la supervision des environnements containerisés, mais il ne le faisait pas aussi bien sous l’angle des logs. Désormais, la plateforme ingérera des journaux en provenance de Kubernetes, d’AWS, de GCP, de Microsoft Azure, de Red Hat OpenShift. Par ailleurs, dans sa logique d’ouverture et de support du projet OpenTelemetry, il ajoute les frameworks de collecte open source « les plus populaires », dont Fluentd et Logstash. Tout événement JSON ou texte depuis des API Rest HTTP peut être analysé par la suite.
Dynatrace s’intéresse plus en détail aux logs et à l’expérience mobile
Et comme il y a davantage de logs à gérer, l’éditeur entend proposer une nouvelle version de son Log Viewer, un outil de recherche, de segmentation et d’analyse des logs en temps réel. Smartscape, le système de cartographie (à base de topologie), ainsi que Davis, le « moteur » d’intelligence artificielle (qui est davantage une collection d’algorithmes de dépistage, de corrélations, de recommandations, etc.) sont également mis à jour pour prendre en charge ces capacités.
Les technologies sous-jacentes ont été revues, c’est-à-dire « le » OneAgent, un seul agent à déployer par hôte, et PurePath 4, l’IP de traçage des transactions distribuées. D’ailleurs, PurePath supporte désormais les FaaS AWS Lambda. Et à l’instar des autres traces et logs, il s’agit encore et toujours de fournir des alertes automatiques ainsi qu’une détection des causes profondes d’un problème IT.
« Avec Dynatrace qui collecte automatiquement les données de log des Kubernetes et des environnements multicloud, ainsi que les mesures des frameworks de logs open source, nous avons simplifié la gestion de notre SI complexe et multicloud », affirme Mervyn Lally, architecte d’entreprise global en chef chez Experian dans un communiqué, qui semble-t-il a bénéficié d’une préversion de ces fonctionnalités.
« La combinaison de ces données avec les traces, UX et autres données déjà capturées par Dynatrace, et l’application de ses puissantes capacités d’automatisation et d’AIOps, améliore la collaboration entre nos équipes chargées des applications et de l’infrastructure, et leur permet d’offrir une meilleure expérience aux utilisateurs ».
Il faudra toutefois attendre. « Toutes les améliorations de Dynatrace mentionnées dans cet article de blog [hormis le support des serverless Lambda N.D.L.R.] seront disponibles pour tous les clients de Dynatrace dans les 90 prochains jours », écrit Michael Dec, Senior Technical Product Manager responsable du monitoring des logs chez Dynatrace dans son post publié le 8 février.
Seulement, le OneAgent a beau simplifier la tâche des utilisateurs qui l’emploient (en tout cas si on les écoute lors des conférences), il faut tout de même le déployer. Dynatrace proposait jusqu’alors son Software Intelligent Hub, un catalogue pour retrouver les technologies compatibles avec le OneAgent. Il a depuis été mis à jour pour embarquer une fonctionnalité d’intégration déclarative vers les services disponibles. L’ajout des authentifiants ne passe plus nécessairement par un IDE d’une plateforme cloud, mais par une IHM qui doit simplifier la connexion avec ces éléments (applications, services, framework, extensions, API, SDK… au total, 547 « technologies » sont prises en charge).
L’entreprise d’origine autrichienne – désormais basée à Boston – ajoute le module Session Replay, un outil pour analyser les crashs des applications mobiles. Cette extension s’adresse plus particulièrement aux responsables de l’expérience UX et aux équipes marketing, afin d’accompagner les utilisateurs finaux dans la correction auxquels ils ont été confrontés.
Comme son nom l’indique, Session Replay permet de rejouer la séquence incriminée dans un bug ou un blocage applicatif. Dynatrace assure respecter le RGPD et le CCPA (California Consumer Privacy Act) en masquant les IP, les données locales et les URL. Il entend prendre en charge les frameworks tels Flutter en sus d’Android, de Cordova, de Ionic, iOS, React Native et Xamarin. En outre, les usagers réclamaient davantage de fonctionnalités pour l’analyse des performances sur mobile.
Un changement de modèle tarifaire après le Magic Quadrant 2020
En mars 2020 dans son Magic Quadrant, Gartner saluait l’approche de l’expert de l’APM en reconnaissant les qualités de l’architecture OneAgent, son modèle de données unique, ses algorithmes de machine learning et sa capacité à introduire davantage de nouvelles fonctionnalités que ses concurrents. Dynatrace semble fidèle à ces avis, puisqu’il s’est même lancé sur le marché de la cybersécurité en ajoutant des capacités dédiées au sein de sa plateforme cloud. Toutefois, les clients du cabinet notaient un modèle de tarification sujet à confusion, « qui pourrait être simplifié ».
Un SRE anonyme travaillant pour une ETI précise ce phénomène dans un commentaire posté le 8 février 2021 sur Gartner Peer Insight. « Si plusieurs équipes utilisent le produit, il n’y a pas de méthode pour configurer la part du pool de licences qui appartient à chaque équipe et fixer des limites strictes. C’est un domaine que beaucoup ont réclamé et qui doit être traité le plus tôt possible, mais je suis convaincu que Dynatrace améliorera ce point », écrit-il. Il évoque également une certaine incompatibilité de l’unité de mesure de la plateforme avec les domaines logiques (LDOM) des machines virtuelles Solaris (Oracle VM).
Stéphane DulorVP France et Afrique du Nord, Dynatrace
« Nous avons introduit notre nouvelle tarification après le processus conduit par Gartner, de sorte que le commentaire du Magic Quadrant 2020 ne reflète pas le modèle de tarification actuel. Il est également à noter que l’autre commentaire provient d’un client qui a fourni une évaluation cinq étoiles pour Dynatrace et qui a déclaré avoir passé “15 ans à monitorer et que Dynatrace est le meilleur fournisseur avec lequel ils ont travaillé” », indique Stéphane Dulor, vice-président France et Afrique du Nord de Dynatrace.
De fait, Dynatrace propose un modèle de facturation annualisée sur la base d’une tarification mensuelle. Contrairement à ses concurrents, il s’appuie sur la quantité de RAM d’un hôte pour calculer le coût de ses offres Full Stack monitoring (à partir de 69 dollars pour 8 Go par hôte par mois) et Infrastructure Monitoring (à partir de 21 dollars selon le même principe). L’éditeur propose une remise au volume. La solution type RUM Digital expérience monitoring (à partir de 11 dollars par mois) dépend d’une unité spécifique (DEM).
« La quantité d’unités DEM dont vous avez besoin dépend du nombre de moniteurs synthétiques que vous voulez faire fonctionner et du nombre de sessions utilisateur que vous devez surveiller », précise la FAQ de l’éditeur. « L’offre Self Managed offre une expérience de type SaaS, tout en permettant le traitement et le stockage des données dans votre centre de données privé ou dans le nuage de votre choix », peut-on y lire.
Ces remarques n’empêchent pas Dynatrace de gagner en traction. Peu avant sa conférence, il a dévoilé les résultats financiers du troisième trimestre fiscal 2021 qui a pris fin le 31 décembre 2020. Dynatrace a réalisé un chiffre d’affaires de 182,911 millions de dollars, soit une augmentation de 32 % par rapport à l’année dernière. Ses revenus récurrents annuels ont atteint 721, 995 millions de dollars, en progression de 35 % par comparaison au Q3 2020.
Concernant le quatrième trimestre 2021, Dynatrace espère engranger 190 millions de dollars de CA, et terminer cette année avec une croissance de 28 % de son chiffre d’affaires total. Cependant, il met en garde contre les possibles impacts de la crise sanitaire sur ce bilan, estimant que « beaucoup de ces clients et prospects opèrent dans des conditions très difficiles et peuvent réévaluer ou réduire leurs dépenses ».