DataCore s’ouvre les portes d’un marché de 20,5 mds $ en rachetant Caringo
L’éditeur spécialisé en virtualisation des baies de disques SAN et NAS comble son offre avec une fonction de stockage objet, qui lui permet enfin d’adresser les besoins modernes des entreprises.
DataCore, l’éditeur du système de stockage SANsymphony comble l’absence de protocole objet dans son offre en rachetant l’entreprise Caringo, spécialisée dans ce domaine. En plus de SANsymphony, qui permet de créer des baies de disques virtuelles à cheval entre plusieurs serveurs (SDS), et de vFilO, qui ajoute au mode bloc du premier la fonction de partage de fichiers (NAS), l’éditeur pourra donc à présent proposer le stockage objet Swarm.
DataCore entend ainsi être mieux placé pour répondre globalement aux différents besoins de stockage des entreprises : stockage primaire pour les bases de données en mode bloc, stockage secondaire en mode fichier pour les applications en réseau, puis enfin stockage tertiaire en mode objet pour l’archivage et les lacs de données. Une stratégie qui porte le nom de « DataCore One » et qui consiste, via une seule console pour tout piloter, à éliminer une contrainte dont souffriraient les entreprises : l’étanchéité qui s’est installée au fil du temps entre les différentes catégories de données.
Selon Dave Zabrowski, le PDG de DataCore, l’éditeur aurait passé plusieurs mois à se demander s’il devait développer lui-même son système de stockage objet, ou en racheter un, à condition de pouvoir déterminer lequel était le plus intéressant du marché. La seconde option a été retenue après que l’éditeur a passé six mois à collaborer avec Caringo.
L’enjeu de se développer au-delà de la virtualisation du stockage
Les conditions financières de ce rachat n’ont pas été dévoilées, car, au sens américain des structures commerciales, DataCore et Caringo (startup créée en 2005) sont deux sociétés privées. Cette acquisition est la première pour DataCore, depuis sa création en 1998 ; jusque-là, l’éditeur avait tout au plus consenti à prendre des parts, en 2019, dans une startup, MayaData, qui met au point un système de stockage persistant pour Kubernetes.
Randy KernsAnalyste, Evaluator Group
« Il est important pour DataCore qu’il se développe au-delà de son savoir-faire historique. Caringo est un bon choix pour s’émanciper de la seule virtualisation du stockage et aller sur le terrain de la gestion des données », commente l’analyste Randy Kerns, du bureau d’études Evaluator Group.
L’analyste Eric Burgener, d’IDC, fait pour sa part remarquer que le rachat de Caringo ouvre à DataCore les portes d’un nouveau segment de marché, le stockage objet, dont la taille devrait passer de 13,1 milliards de dollars de CA en 2020 à 20,5 milliards de dollars en 2024.
« Les revenus du stockage Software-Defined, à savoir le principe de baies de disques virtuelles qu’incarne SANsymphony, sont en définitive bien moindres que ceux des baies de stockage externes, en NAS ou en SAN. Et, ce, même si DataCore a parfaitement su imposer SANsymphony comme une alternative aux baies PowerStore de Dell EMC ou Nimble de HPE », dit l’analyste. « Avec Caringo, DataCore va être en mesure de proposer des solutions de stockage qui atteignent des capacités énormes, de plusieurs Exaoctets [Eo, soit plusieurs milliers de Po, ou des millions de To, N.D.R.]. »
« Caringo se distingue par ailleurs techniquement des autres systèmes de stockage objet, car plusieurs de ses couches fonctionnelles sont préchargées en RAM. Cette caractéristique lui permet d’atteindre des performances meilleures que celles de la concurrence », ajoute-t-il.
Selon lui, la demande pour ce type de stockage va exploser avec l’adoption de plus en plus soutenue de solutions décisionnelles basées sur des algorithmes de Machine Learning, lesquels ont besoin de beaucoup de données froides pour être efficaces.
Le mode objet, l’étoile toujours montante du stockage
Le rachat de startups spécialisées en stockage objet va bon train. L’année dernière, Nvidia avait acquis SwiftStack et Quantum reprenait ActiveScale à Western Digital. Les années précédentes, ce type de rachats avait découlé sur de beaux succès commerciaux chez le repreneur : citons Cleversafe chez IBM, Ceph chez Red Hat après qu’il l’ait récupéré d’Inktank, ou encore StorageGrid chez NetApp qui est issu de l’acquisition de Bycast.
Scott SinclairAnalyste, ESG
« L’intérêt pour le stockage objet ne se dément pas. À l’origine, les entreprises le considéraient comme une solution pour entreposer les archives, parce que son indexation des données répondait à des contraintes de conformité. Mais avec l’essor de S3 chez AWS, de plus en plus d’entreprises développent des applications qui accèdent à leurs données directement en mode objet », observe Scott Sinclair, analyste chez ESG.
Outre la vente de licences, Caringo commercialisait son logiciel préinstallé sur des machines Supermicro, pour simplifier les déploiements avec des appliances clés en main. Selon Gerardo Dada, le Directeur général de DataCore, il n’est pas certain que l’éditeur continue de vendre ces appliances : « DataCore vend ses solutions par l’intermédiaire d’intégrateurs qui ont tendance à avoir leurs propres préférences quant aux fournisseurs de matériel. Il est donc très probable que nos partenaires ne souhaitent nous acheter que le logiciel Swarm », prévient-il.
Parmi les clients de Caringo dont DataCore hérite, on trouve de nombreux éditeurs d’applications SaaS, des entreprises des médias, dont Disney et quelques administrations américaines.