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Linkerd : un comité de pilotage pour assurer l’avenir du service mesh
Le projet open source de service mesh hébergé par la CNCF se dote d’un comité de pilotage afin de maintenir une cohérence dans la feuille de route.
Quand il est question de service mesh, Istio a largement monopolisé l’attention. Cela n’a pas empêché Linkerd, composant sous licence Apache 2.0, de gagner en traction. Buoyant, le principal contributeur, liste 52 entreprises ayant adopté la technologie. L’on peut noter la mention dans ce document d’Expedia, d’HP et de Mercedes Benz. Parmi ces usagers, William Morgan, PDG de Buoyant cite également Microsoft.
Afin de renforcer cette croissance, le PDG a annoncé la semaine dernière l’ouverture d’un comité de pilotage (steering commitee). Il s’agit plus particulièrement de s’assurer que « Linkerd répond aux besoins présents et futurs de ses utilisateurs ».
Un nouveau moyen pour réunir la communauté Linkerd
William MorganPDG, Buoyant
« La communauté s’est développée, tout comme la tâche de recueillir, de rassembler et de hiérarchiser les feedbacks. En tant que représentants de la “voix de l’utilisateur”, le comité de pilotage jouera un rôle essentiel en aidant les mainteneurs à établir les priorités de la feuille de route de Linkerd, en constante évolution », affirme William Morgan dans un article de blog.
Si tous les utilisateurs sont invités à suivre les réunions du comité (à l’heure où nous écrivons ces lignes, 184 personnes sont enregistrées sur la mailing list de Linkerd), seuls les responsables de déploiement en production « non négligeables » peuvent avoir droit à un siège. Les organisateurs ont pour l’instant ouvert sept places. Quatre de ces sept sièges sont occupés par Chris Campbell, Cloud Platform Architect chez HP, Christian Hüning, directeur des technologies du cloud pour Finleap Connect, Justin Turner, directeur de l’ingénierie chez H-E-B (une chaîne texane de grande distribution) et William King, CTO et cofondateur de Subspace.
Ces personnes ont la responsabilité de participer régulièrement aux réunions du comité, pourront fournir des feedbacks sur les fonctionnalités, l’UX et le modèle opérationnel de Linkerd. Leur rôle consiste également à assister « les mainteneurs à prioriser les points futurs sur la feuille de route » tout en assurant une médiation neutre.
En outre, William Morgan explique que l’ouverture d’un comité de pilotage doit permettre d’attirer davantage d’utilisateurs autour du projet, ceux qui ne peuvent pas contribuer pour diverses raisons ou ceux pour qui le statut de mainteneurs est trop contraignant. Précisons que la version 2.x de Linkerd rassemble 166 contributeurs sur GitHub… contre 665 pour le concurrent Istio.
Le PDG de Buoyant spécifie également que son entreprise et les autres mainteneurs ont préféré jusqu’alors développer le service mesh entre eux, que le comité de pilotage, bien que de petite taille, doit les aider à forger l’avenir de la solution de routage de messages dans une architecture de microservices basée sur Kubernetes.
Un pied de nez à Google et IBM ? Pas vraiment
Le choix pris par IBM et Google de maintenir Istio par leurs propres moyens, en dehors de la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), pourrait être vu comme une motivation supplémentaire pour les responsables de Linkerd. Interrogé à ce sujet par Swapnil Bhartya, fondateur et rédacteur en chef de TFiR dans un entretien sponsorisé par la Linux Foundation avant l’annonce du comité de pilotage, William Morgan nuance cet aspect.
William MorganPDG, Buoyant
« C’est difficile de savoir quelle différence cette décision a pour Linkerd. Clairement, certaines personnes nous ont expliqué que c’était la raison pour laquelle ils adoptent Linkerd, projet soutenu par la CNCF », déclare-t-il. « Mais les gens qui choisissent Linkerd, notamment ceux qui utilisaient Istio, le font parce que [ce service mesh] est plus petit et plus performant », vante-t-il.
Une longue liste de fonctionnalités à prévoir
À y regarder de plus près, un sujet de taille incombait jusqu’alors aux mainteneurs : prévoir les prochaines releases de Linkerd. La version 2.9 du projet a été introduite en novembre dernier. Elle apporte notamment la prise en charge du mTLS pour toutes les connexions TCP en plus des standards HTTP et gRPC. Il est possible de déployer le service mesh sur des machines basées sur ARM, dont les infrastructures AWS reposant sur l’architecture Graviton ou même un Rapsberry Pi. Le proxy de Linkerd développé en Rust (le projet ne dépend pas d’Envoy comme Istio) doit désormais profiter de capacités multicœurs.
Linkerd 2.9 prend aussi en charge Service Topology, une fonctionnalité incluse dès Kubernetes 1.17. Elle permet de router le trafic vers des services spécifiques suivant l’emplacement de leur nœud, afin de restreindre le coût du trafic par rapport à l’ancienne méthode de routage.
William MorganPDG, Buoyant
« La version 2.10 se concentrera probablement sur la réduction de la taille du control plane pour le rendre plus modulaire et plus simple. Dans la 2.11 nous allons sûrement introduire les “policies” [les autorisations d’interconnexions N.D.L.R.], est-ce qu’un service A peut parler au service B, par exemple. Et dans la version 2.12, il y a une longue liste de fonctionnalités prévues pour étendre le maillage, etc. », déclare William Morgan auprès de Swapnil Bhartya.
En consultant la feuille de route, l’on découvre par ailleurs que beaucoup d’éléments visent à améliorer l’interopérabilité entre Linkerd et le standard gRPC, tandis que William Morgan veut évaluer à moyen terme si le compileur de Graal VM peut optimiser les performances du service mesh.
Enfin, un sondage diffusé ciblant la communauté met en évidence le fait que Buoyant et les contributeurs cherchent à savoir si les utilisateurs sont satisfaits avec la manière de collecter les métriques de Linkerd, un autre aspect mentionné dans l’onglet « court terme » de la feuille de route.