Kadmy - Fotolia
Cisco rachète enfin Acacia, champion des connexions optiques
Pressé de proposer de nouvelles offres aux hébergeurs qui le quittent, Cisco aura dû attendre 18 mois et concéder une rallonge de 2 mds $ pour finalement mettre la main sur cet autre équipementier.
Cisco veut à ce point mettre la main sur l’équipementier de réseaux optiques Acacia Communications qu’il vient d’accepter d’ajouter près de 2 milliards de dollars à son offre de rachat initiale, qui était déjà de 2,6 mds $. Cette décision conclut a priori les tractations qui durent depuis un an et demi entre les deux acteurs.
La semaine dernière encore, Acacia avait demandé à la justice d’interrompre définitivement le processus de rachat, au prétexte que la transaction de Cisco n’avait pas obtenu l’approbation du gouvernement chinois avant le 8 janvier. Mais Raj Shanmugaraj, le PDG d’Acacia, s’est subitement fait une raison dès qu’il a appris que Cisco élevait son offre à 4,5 mds $ : « Je suis ravi que Cisco et Acacia aient décidé de s’associer. Une fois la transaction finalisée d’ici au mois de mars, nous intégrerons la division Optique de Cisco », déclare-t-il dans un communiqué.
Raj ShanmugarajPDG Acacia
Acacia fabrique des équipements réseau qui relient par fibre optique les salles informatiques des entreprises aux datacenters des hébergeurs. La force de ses produits est qu’ils transforment les signaux des réseaux cuivre en signaux optiques sans consommer beaucoup d’énergie et que ses liens optiques s’étendent sur 2,5 km sans répétiteur. Cisco revend les produits d’Acacia depuis plusieurs années à ses clients, parmi lesquels des opérateurs et des fournisseurs de cloud. La décision d’en devenir propriétaire serait motivée par la perspective de mieux influencer les évolutions techniques.
« Il y a surtout pour Cisco l’enjeu de mettre la main sur une propriété intellectuelle qui le rendrait plus concurrentiel sur le secteur des réseaux optiques. Et pas seulement entre deux sites éloignés d’un kilomètre : dans toutes les infrastructures réseau, quelle que soit leur taille », estime l’analyste Tom Nolle, du cabinet de conseil CIMI Corp. « L’une des évolutions possibles est que Cisco interconnecte ses propres routeurs et switches plus efficacement que la concurrence grâce à des liens optiques de pointe. »
Une orientation que confirme Bill Gartner, en charge des systèmes optiques chez Cisco : « en matière de liens optiques, nos opportunités commerciales du moment sont clairement liées à la résolution de problèmes à l’intérieur du datacenter », indique-t-il. Il rappelle d’ailleurs que, il y a dix-huit mois, Cisco annonçait sa volonté d’acquérir Acacia tandis qu’il rachetait aussi Luxtera, un équipementier spécialisé dans la mise au point de réseaux locaux photoniques. Les deux technologies avaient alors été présentées comme complémentaires.
D’autres observateurs voient aussi dans ce rachat une énième tentative technologique de séduire les hyperscalers. Ceux-ci sont de plus en plus susceptibles de développer eux-mêmes leurs équipements réseau plutôt que de les acheter clés en main chez un fournisseur. Pour éviter de perdre cette clientèle, Cisco avait déjà consenti à vendre ses produits à la découpe : le système d’exploitation de ses machines et même la puce ASIC qui les accélère sont devenus installables sur d’autres configurations. Hélas, les commandes d’équipements de la part des hébergeurs de cloud baissaient encore de 5 % lors du dernier trimestre.
Autre point important : l’activité d’Acacia aurait été plutôt florissante depuis la période pandémique, car son offre répond exactement au besoin des entreprises de relier leurs datacenters à des clouds publics, de sorte à faciliter l’accès aux applications pour les télétravailleurs.